Rivière-du-Loup – L’entérovirus D68 (ou EV-D68), un virus rare qui sévit depuis plusieurs mois aux États-Unis et maintenant au Canada et qui peut causer de sévères complications aux enfants de 6 mois à 16 ans atteints de troubles respiratoires, a atteint le Québec. En début de semaine, le ministère de la Santé du Québec (MSSS) faisait état de 7 cas confirmés dans la province, notamment en Outaouais et à Montréal.

Le MSSS dit suivre la situation de près mais qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Chez l'adulte, les infections sont la plupart du temps légères et sans complication. « Il y a 200 à 300 types de virus qui causent le rhume, comme le D68. Et pour les enfants qui ont des problèmes respiratoires tels l’asthme, le D68, à l’instar des autres virus, peut entrainer des complications », explique Stéphanie Ménard, des relations médias au MSSS. 

AU NORD DE LA FRONTIÈRE

L’entérovirus D68  a défrayé les manchettes ces derniers mois après que près de 600 enfants dans 43 États américains aient été hospitalisés aux États-Unis en raison de complications liées au D68. Cinq enfants infectés par l’entérovirus sont décédés mais les autorités ne peuvent pas confirmer que le D68 est la cause première des décès.

Les autorités sanitaires canadiennes étaient sur un pied d’alerte depuis quelques semaines afin de surveiller s’il traverserait la frontière. C’est maintenant chose faite, après que des cas aient été répertoriés en Colombie-Britannique, en Alberta puis ailleurs au pays, dont au Québec. Antérieurement, il faut savoir qu’au Canada, 82 cas seulement avaient été signalés en 15 ans.

POURQUOI LES ENFANTS?

Le D68, tout comme d’autres virus qui causent le rhume, peut sembler cibler davantage les enfant. « Les enfants sont plus vulnérables parce qu'ils n'ont pas encore rencontrés ce virus et surtout parce que, comme avec tous les autres virus, ils transmettent mieux les virus que les adultes.

Les enfants ont plus de difficulté à contrôler leurs sécrétions et ont tendance à se porter les mains au visage plus fréquemment que les adultes. Donc davantage de risque de s'infecter », explique la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

DÉTECTION

Les tests pour détecter l’entérovirus D68 sont complexes. Les tests plus rapides permettent uniquement de détecter la famille de virus dans laquelle peut se retrouver un virus en particulier comme le D68. « Pour savoir s'il s'agit d'un EV D-68, ça prend plusieurs étapes complexes, puisque nous devons faire pousser le virus en culture puis l'envoyer à Winnipeg (Laboratoire national de microbiologie) pour avoir une identification précise », indique la Dre Quach. Cette absence de tests peut expliquer, selon la Dre Quach, que le virus se soit diffusé sans que les autorités sanitaires soient au courant.

« Ceci n'est pas un nouveau virus. Il y a eu plusieurs éclosions rapportées au cours des dernières années. Il est fort possible que ce virus se soit transmis dans le passé sans que nous le sachions. Ceci pourrait expliquer, par exemple, pourquoi les adultes ne sont pas vraiment malades avec ce virus. Ils peuvent avoir développé une protection dans le passé. Les Américains ayant donné l'alerte, tout le monde s'est mis à chercher le EV-68... et quand on cherche, on a plus de chance de trouver », conclut-elle.

PAS D’INQUIÉTUDE

Le ministère de la Santé et la Dre Quach insistent pour dire que la situation se doit d’être surveiller mais qu’encore une fois, il n’y a rien d’alarmant ou d’inquiétant, malgré les reportages médias plus fréquents au cours des dernières semaines à ce sujet.

 « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. La proportion de consultations aux urgences de la province et le nombre d’appels à Info Santé n’ont pas augmenté. Le D68 est rare, mais il n’est pas plus grave qu’un autre virus », corrobore Stéphanie Ménard. Comme pour les autres virus qui causent le rhume, des précautions de base sont de mises afin de se protéger : se laver les mains souvent avec de l'eau et du savon ou un désinfectant à base d'alcool pendant au moins 30 secondes; éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche avec vos mains; rester à la maison si vous êtes malade et nettoyer les surfaces fréquemment touchées, cette famille de virus survivant très bien sur les surfaces.