Le député Jean D'Amour et les producteurs laitiers dénoncent
Saint-Épiphane – Lundi, le député Jean D'Amour et des représentants des producteurs laitiers de la région étaient rassemblés à la Ferme Har-Lait de Saint-Épiphane. Ils dénonçaient l'ajout prévu de 17 700 tonnes de fromage européen sur le marché québécois faisant partie de l'Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne.
Cette quantité s'ajouterait aux 13 000 tonnes déjà consenties depuis des années et représente environ 200 millions de litres de lait pour les producteurs laitiers du Québec qui fonctionnent sans subvention aucune. De plus, ces tonnes supplémentaires admises affecteraient les quotas déjà achetés par les entreprises laitières québécoises qui représente 39 % des quotas canadiens. « Ce qui revient à dire que le gouvernement fédéral donnerait quelque chose qui ne lui appartient pas », illustre M. D'Amour.
UNE BRÈCHE INQUIÉTANTE
Le député poursuit en affirmant que cette brèche dans la gestion de l'offre est très inquiétante : « Ne vient-on pas d'ébranler les colonnes du temple? Nous devons dénoncer maintenant cette situation plus que décevante. Après le fromage, ça va être quoi? Les conséquences économiques et sociales pourraient bien être désastreuses pour nos régions. L'industrie laitière se porte assez bien, pourquoi vouloir la fragiliser? Je ne crois pas que l'entente de libre-échange serait compromise sans cette clause concernant l'importation de fromage, alors pourquoi ne pas la retirer tout simplement? », demande-t-il.
PRODUCTEURS LAITIERS
Les propriétaires de la Ferme Har-Lait, Julien Harton et Marie-Claude Filion, se sont également exprimés. « Nous avons investi beaucoup dans la modernisation de nos équipements nous permettant d'offrir aux consommateurs des produits de grandes qualité et ce, sans subvention, souligne M. Harton. Là, il va y avoir des produits européens de moindre qualité qui vont entrer ici grâce à des subventions canadiennes. Et ça ne fera pas baisser les prix à l'épicerie, indique ce dernier. De plus, la compensation promise sera absorbée encore une fois par les consommateurs. Nous, nous n'avons pas les moyens de faire en sorte que nos produits se retrouvent sur leurs étalages. Ce n'est pas difficile pour M. Harper de promettre quelque chose qui ne lui appartient pas et pour lequel il n'a pas payé », conclut M. Harton.
Plusieurs acteurs du milieu agricole sont concernés par cette entente. En ce sens, le député souhaite sensibiliser l'ensemble de la population.
Gilbert Rioux, président du Syndicat des producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis, président de l'Union des producteurs agricoles du Bas-Saint-Laurent, Jean-François Rioux, premier vice-président de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, et Johanne Laplante, directrice régionale pour la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent ont également pris la parole lors de la dénonciation.
LA FÉDÉRATION
Dans un communiqué de presse, le président de la Fédération des producteurs de lait du Québec (FPLQ), Bruno Letendre, se faisait virulent : « Le gouvernement canadien a rompu avec les engagements qu'il avait pris et répétés, même quelques jours avant la conclusion de l'AECG, de ne pas accorder de concessions à l'Europe dans le secteur des fromages. Nous nous estimons trahis. » Dans un second communiqué, il ajoutait : « Les dommages directs sont bien plus grands qu'on veut le faire croire. Ça veut dire qu'on va donner à la production européenne subventionnée le fruit de nombreuses années d'efforts de développement de marché. Au lieu de croître, on va reculer. C'est une perte nette, concrète et directe. »
La FPLQ avance que l'impact de cet accord pourrait se traduire par des pertes de 150 M$ de ventes de lait pour les producteurs et plus de 300 M$ de ventes de fromages.
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Une partie des installations de la Ferme Har-Lait.
Photo : Cathy Gagnon
INSERTION : Le Bas-Saint-Laurent touché par l'entente avec l'Union européenne
7 commentaires
José Soucy
Devant ce fait et comme vous l'avez promis, je détournerais le lait qui sert actuellement au fromage vers votre future usine de "crème à glace", promise pour bientôt.