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La pollution étouffe la capitale mongole

durée 10 juin 2012 | 10h19
  • Oulan-Bator — Au cœur de la capitale, on a peine à croire que la Mongolie a véritablement pour surnom le «pays du ciel bleu». Souvent couverte d’un épais filtre grisâtre, surtout en hiver, Oulan-Bator est en effet, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la deuxième ville la plus polluée au monde, tout juste derrière la cité iranienne d’Ahvaz.

    Selon les données de l’organisme international, la concentration annuelle moyenne de particules fines dans l’air est de 279 microgrammes par mètres cubes alors que l’OMS recommande une concentration maximale de 20 µg/m3, un chiffre 14 fois moins élevé.
    En hiver, la quantité de particules fines en suspension dans l’air monte en flèche dans la capitale la plus froide au monde. La situation est telle qu’il devient parfois nécessaire, dans certains quartiers, d’allumer ses phares de voiture en pleine journée!

    Cette hausse de la pollution atmosphérique pendant la période hivernale résulte notamment du dégagement de dioxyde d’azote par la centrale thermique, située dans la partie ouest de la ville. La circulation routière, en plein essor en raison du boom économique que connaît la Mongolie depuis quelques années, en est également responsable.

    Or, cette augmentation fulgurante de la pollution de l’air à Oulan-Bator en hiver est surtout attribuable à la présence dans l’air du dioxyde de soufre, principalement produit par la combustion de la houille dans les «quartiers des yourtes», ces bidonvilles en pleine croissance qui ceinturent la capitale.

    Pour cuire leur nourriture et chauffer leur petite demeure, les habitants de ces quartiers dépourvus d’infrastructures sanitaires utilisent un petit poêle dont l’efficacité énergétique est extrêmement faible. Outre la houille —de mauvaise qualité et tiré des mines artisanales situées à quelques dizaines de kilomètres de la capitale—, les résidents alimentent leur poêle avec du bois ou avec tout déchet ou matériel combustible sur lesquels ils peuvent mettre la main.

    Le nuage de pollution qui enveloppe la ville ne serait pas si épais et si dense non plus si la population urbaine n’avait crû de 70% au cours des deux dernières décennies. Et ce sont surtout les «quartiers des yourtes» qui sont à l’origine de cette croissance. Les résidents de ces bidonvilles comptent pour environ la moitié des 1,2 millions d’habitants d’Oulan-Bator.
    De plus, la topographie de la ville n’aide pas à l’évacuation de l’air pollué. Oulan-Bator, sise à 1300 mètres d’altitude, est en effet lovée dans une étroite vallée bordée par des petites montagnes au nord et au sud. L’air tend donc à rester emprisonné dans cette cuvette.

    La pollution a un effet direct grave sur la santé des citadins, estime le docteur Oyuntogos Lkhasuren, spécialiste en santé environnementale au bureau de l’OMS en Mongolie. Dans une étude publiée à l’été 2011 avec des collègues mongols et canadiens, elle avance qu’au moins 29% des décès causés par des troubles cardiopulmonaires et 40% des décès qui se sont produits à la suite d’un cancer des poumons à Oulan-Bator sont attribuables à la pollution atmosphérique. Cela représenterait au moins 10% de la mortalité totale dans la capitale.

    Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse Nord-Sud, offerte par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec et l'Agence canadienne de développement international.

    Collaboration : Jean-Frédéric Légaré-Tremblay, Agence Science-Presse

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