Bisbille à la bibliothèque
Par Sarah Beauregard et Johannie Dufour
Il était une fois une charmante bibliothèque où les habitants de Mont-Noël aimaient passer des heures de quiétude. À l’approche des Fêtes, les enfants s’y rassemblaient pour un avant-midi d’activités spéciales qui se terminait par l’heure du conte. Sean, un comédien de la région, animait celui-ci avec enthousiasme en faisant des voix différentes pour chaque personnage.
Ce jour-là, il raconta l’histoire d’une bonne femme en pain d’épices nommée Muscade qui en avait assez d’entretenir le village des Sucreries et qui rêvait de devenir sentinelle comme les fières réglisses. Lorsqu’il acheva son récit, il demanda aux enfants quelles étaient leurs gâteries de Noël préférées. S’ensuivit une discussion passionnée où chacun donna son opinion : chocolat, caramel, biscuit en pain d’épices, tarte au sucre, bûche et autres délices alimentèrent le débat quelques minutes. Puis, on en vint aux cannes de bonbon :
— J’adore les cannes à la menthe, lança Magalie du haut de ses 5 ans.
— Non, non, non, s’exclamèrent à l’unisson plusieurs enfants, les cannes à la cerise sont bien meilleures!
— C’est vrai, ça, appuya le reste du groupe.
— Mais les cannes à la menthe sont bonnes quand même, riposta la fillette en haussant la voix.
— Bof, répliqua un garçon.
— Moi, je n’aime pas ça, dit un autre.
— Croquer une canne à la menthe, c’est comme man¬ger du dentifrice, ajouta sa voisine en grimaçant de dégoût.
Pour tenter de mettre un frein à cette bisbille, Sean ramena habilement la conversation sur le chocolat. Un instant plus tard, les enfants se dispersèrent dans la bibliothèque en attendant leurs parents. Sean vit alors Magalie s’enfuir en pleurant. Inquiet, il se dirigea aussi vite que son fauteuil roulant le lui permettait dans la direction où elle avait disparu et la retrouva cachée entre deux rayons.
L’animateur eut beau lui prodiguer des paroles de réconfort pour tenter de la consoler, la petite refusa de lui dire ce qui n’allait pas. À bout de ressources, il décida d’aller voir si ses parents étaient arrivés. À peine s’était-il éloigné qu’un oiseau rouge se posa sur le sol près de Magalie. C’était Octave, le gentil cardinal magique qui veillait sur Mont-Noël.
— Octave, gémit Magalie en reniflant, avec Maman, on a acheté des cannes à la menthe comme collation pour le père Noël, parce que moi, j’adore ça. Mais je me suis trompée, tout le monde dit que les cannes à la cerise sont meilleures.
— Allons, ma chouette, répliqua l’oiseau, sèche tes larmes. Les goûts ne se discutent pas; ce n’est pas parce que tes amis préfèrent les cannes à la cerise que tu as forcément fait une erreur. Si personne n’aimait les cannes à la menthe, on n’en vendrait jamais au magasin général!
— Ah, c’est vrai…, reconnut l’enfant en cessant de pleurer. Tu crois que le père Noël est comme moi?, l’interrogea-t-elle.
— Peut-être bien, oui. Et puis, tout le monde sait qu’il est gourmand : à mon avis, il sera très heureux que tu aies pensé à lui laisser une collation, peu importe ce que c’est.
— Hum… tu as raison. Merci, Octave!
Quand Sean revint avec la mère de Magalie, la fillette avait retrouvé sa bonne humeur. En souriant, elle le remercia pour la belle histoire qu’il leur avait racontée et entraîna sa mère vers la sortie. Sean les regarda s’éloigner en secouant la tête : les enfants étaient si mystérieux!
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