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La plaignante se vide le cœur dans un courriel envoyé à Harold LeBel

durée 9 novembre 2022 | 14h04
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    La plaignante dans le dossier d’agression sexuelle d’Harold LeBel a poursuivi son témoignage ce matin au palais de justice de Rimouski, interrogée par la procureure de la Couronne, Me Manon Gaudreault. Quelques années après l’agression alléguée, en février 2020 elle a transmis un courriel à l’accusé, dans lequel elle voulait se libérer du poids des gestes qui auraient été posés par l’ex-député.

    La plaignante le considérait comme son ami, un mentor et une figure paternelle. Selon l’accusation, l'agression aurait été commise par Harold LeBel en octobre 2017 à Rimouski. Au micro des témoins, la plaignante a lu son courriel en entier. Certains extraits sont tronqués pour préserver son identité.

    «Je ne sais pas si tu te souviens de la date, moi je me rappelle de chaque minute. Dire que j’ai été surprise quand tu as commencé à m’embrasser est un euphémisme, moi qui avais toujours cru notre relation purement amicale et platonique. Je suis rapidement devenue mal à l’aise et j’ai voulu couper court à une soirée qui, de toute manière, était déjà trop avancée.»

    La plaignante a dit qu’elle se croyait en sécurité dans le condo, en compagnie de deux de ses meilleurs amis. «Toute la nuit jusqu’au petit matin, tu ne m’as pas lâchée. Je ne sais pas si tu me croyais endormie, mais je n’ai pas fermé l’œil une seconde, pas une seule. Comment aurais-je pu ? Tes mains baladeuses sur mes fesses, tes doigts à l’intérieur. J’étais complètement figée, comme si le temps s’était arrêté, comme si je ne pouvais pas bouger. La peur et l’incompréhension m’ont rendue immobile, stoïque», a-t-elle rapporté citant son propre courriel daté du 21 février 2020. Elle a également lu la réponse d’Harold LeBel, qui a été envoyée dès le lendemain.

    «Merci de m’écrire, moi aussi je vis avec plein de questionnements depuis ce temps. Lire ton mot me vire à l’envers, tu sais je n’ai aucun souvenir de tout ça, moi qui ai toujours eu un respect énorme pour toi. Je me souviens m’être réveillé à côté de toi en me demandant ce que je faisais là. Voilà une soirée d’alcool que je voudrais n’avoir jamais connue. Je veux juste te dire à quel point je t’ai toujours appréciée et je suis tellement désolé de tout ça. C’est pas moi ça. J’espère un jour redevenir ton ami […] Pardonne-moi cette soirée, s’il-te-plait, je m’en veux tellement, ceci est à mille lieues de la considération et du respect que j’ai pour toi […] Ta lettre me bouleverse, mais merci, comme je n’avais aucun souvenir, je comprends maintenant.»

    À noter que les courriels échangés entre la plaignante et l’accusé les 21 et 22 février 2020 font l’objet d’admissions négociées entre la Couronne et la défense.

    Des ordonnances de non-publication visent l’identité de la plaignante, des témoins civils et des jurés. Elles s’adressent tant aux médias traditionnels qu’aux personnes utilisant les médias sociaux.

    Le 9 novembre, la plaignante est revenue sur certains points de son témoignage, notamment la consommation de l’alcool à l’appartement de l’accusé. Tant elle que l’accusé auraient pris cinq verres au maximum. «Je sentais les effets, j’étais un peu pompette et j’imagine qu’il était dans le même état», a-t-elle affirmé. Leur discours était toutefois cohérent. Elle était accompagnée par un autre témoin. Cette personne est allée se coucher dans la chambre, laissant l’accusé seul avec la présumée victime. Le fil chronologique des évènements avait été rapporté hier lors du témoignage de la présumée victime.

    » À lire aussi : Début des témoignages au procès d’Harold LeBel

    La plaignante a refusé d’en parler à ses parents pour ne pas leur causer une peine inutile. Elle s’est toutefois confiée à quelques amis. Elle ne voulait pas vivre de tempête médiatique en lien avec ces évènements. L’ordonnance de non-publication l’a rassurée et elle s’est décidée à porter plainte et à dénoncer Harold LeBel à la Sûreté du Québec, en juillet 2020. «Je ne veux pas avoir ça sur la conscience, je ne sais pas si ces gestes-là vont se répéter. Je ne veux pas que ça arrive. Je ne me sentais vraiment pas bien de ne rien faire. Ça venait beaucoup hanter mon esprit», a-t-elle résumé. La plaignante a rappelé que l’agression sexuelle aurait été commise en octobre 2017, en plein mouvement de libération de la parole des femmes nommé #moiaussi sur les réseaux sociaux.

    Le contre-interrogatoire de la plaignante mené par l’avocat de la défense, Me Maxime Roy, aura lieu en après-midi ce 9 novembre au palais de justice de Rimouski.

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