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Transmettre sa passion, une maille à la fois

durée 23 septembre 2023 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Chandails, manteaux, robes, tuques, couvertures: aucun tricot, aussi complexe soit-il, n’est à l’épreuve des mains habiles de l’octogénaire Fleur-Ange Beaulieu. «Je n’aurai pas assez de temps pour faire tout ce que j’ai en tête, c’est certain», lance-t-elle, confortablement installée dans sa chaise berçante au Manoir Héritage de Trois-Pistoles.

    Depuis la vente de sa toute première pièce de tricot en 1971, Fleur-Ange Beaulieu a perfectionné son art, une maille à la fois. La laine n’a plus de secret pour elle. Élevée par ses grands-parents, elle a pu apprendre les arts textiles auprès de sa grand-mère qui lui en a montré les rudiments. «Le bon Dieu m’a accordé un don spécial […] On a ça dans le sang», indique Mme Beaulieu.

    Petit à petit, elle s’est bâti une clientèle dans la région. Fleur-Ange Beaulieu a participé pendant une dizaine d’années au Festival des Isles de Trois-Pistoles dans les années 1980. Elle a même déjà remporté le prix du plus beau kiosque. «J’ai travaillé beaucoup pour les gens, je m’en suis même fait un métier», souligne l’octogénaire. Elle devait rester chez elle afin de prendre soin de son fils handicapé Carol Vaillancourt, et ce travail à domicile lui convenait bien.

    Quand on lui parle de tricot, son visage s’illumine aussitôt. Fleur-Ange Beaulieu a tout plein d’anecdotes liées à cette passion qu’elle a le plaisir de partager et de transmettre à sa fille, Claire-France Vaillancourt. Toutes les deux se souviennent des sacs de laine empilés dans la maison contenant les commandes des clients.

    «On cherchait des tricots pour la coller, mais il n’y avait rien à son épreuve», renchérit Claire-France Vaillancourt. Pendant qu’elle était enceinte de sa fille, Fleur-Ange Beaulieu a confectionné une robe de baptême à partir des tissus de sa robe de mariée. Elle a brodé des fleurs sur le tulle en prenant bien soin de découper le tissu en relief. «C’était un long processus, mon conjoint [Marcel Vaillancourt] me disait que je ne pourrais pas le finir à temps, mais j’ai réussi», ajoute Mme Beaulieu. Sous ses mains, les ronds de dentelle deviennent une forme de méditation, à la manière de mandalas.

    «La récupération, j’ai fait ça toute ma vie, ce n’est pas nouveau pour les gens de ma génération. J’ai sûrement porté des robes faites avec les robes de mes vieilles tantes», plaisante l’octogénaire.

    Même si l’âge et la polyarthrite rhumatoïde laissent leurs marques sur son corps, Mme Beaulieu confectionne encore toute une variété de vêtements pour enfants et bébés. Elle ne se lance plus dans la fabrication de pièces d’envergure. Ses nouvelles créations sont toujours exposées sur le dossier du divan dans son appartement, tant pour les présenter aux visiteurs que pour que sa fille Claire-France les voie lors de ses visites quotidiennes. Certaines d'entre elle sont présentées à la Maison du notaire de Trois-Pistoles.

    «Ce n’est pas de la patience, c’est de la passion. Ça permet de me libérer l’esprit et c’est un moment de détente», ajoute l’octogénaire. Elle partage son temps entre le tricot, la lecture de romans policiers et le chant, une autre passion qui unit la mère et la fille.

    Fleur-Ange Beaulieu a fait découvrir à sa fille les immenses voix d'opéra d’Yma Súmac, Ivan Rebroff, un chanteur allemand et L’Albanie, première cantatrice québécoise et canadienne à devenir une célébrité internationale. Un partage qui a certainement eu une influence sur son parcours professionnel. Claire-France Vaillancourt a enseigné la musique et le chant avant de prendre sa retraite et de revenir dans sa région natale en 2020.

    Lors de la semaine de relâche, en mars 2020, Claire-France a décidé de visiter sa mère au Manoir Héritage pendant quelques jours. Lors de l’annonce du tout premier confinement par le gouvernement du Québec en raison de la COVID-19, elle se trouvait dans cette résidence de personnes âgées. «Tout était fermé et je suis restée ici avec elle. Les employées venaient nous porter les repas. Au moins, nous étions ensemble», explique Mme Vaillancourt.

    Cet épisode a duré six mois, lors desquels les deux femmes ont cohabité dans l’harmonie. Fleur-Ange Beaulieu a repris le tricot pour s’occuper. Elle avait ralenti le rythme en raison de sa maladie chronique qui la faisait souffrir et d’un gros stress ressenti à la suite d’un incendie qui s’est déclaré en décembre 2019 dans cette résidence de personnes âgées. Tous les résidents avaient dû être évacués.

    Dès sa sortie du Manoir l'Héritage après de nombreux mois de confinement, Claire-France Vaillancourt est partie à la recherche d’un appartement à Trois-Pistoles, près de sa mère.

    Ensemble, elles continuent partager leur passion pour les arts textiles et de chanter des pièces à deux voix, unies par les arts comme deux mailles d’un même tricot.

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