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Faire plonger les gens dans son regard

durée 22 août 2022 | 06h56
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste de l'Initiative de journalisme local

    Jusqu’à la fin du mois d’août, l’exposition Les figurines en ruine de Mélissa C. Pettigrew est présentée à la Cour de circuit de L’Isle-Verte. La native de la municipalité se réjouit d’enfin présenter son travail en territoire bas-laurentien. Par ses photos, elle espère rendre les gens plus attentifs à leur environnement en observant la nature par ses yeux.

    Dans ce projet qui date de 2017-2019, mais qui l’interpelle encore énormément, l’artiste voulait «animer l’inanimé». En mettant une figurine des années 80 en relation dans un milieu naturel, elle désirait se rapprocher du vivant, avoir les deux pieds sur le terrain qu’elle habite. Faire état de la beauté de la nature, être témoin de ce qu’elle a à offrir fait toujours partie de sa démarche artistique. «C’est d’être face à la nature, face à ce qui existe. En fait, on ne fait rien, on fait juste profiter de ce qui existe dans l’environnement, et c’est un peu ça la trame de ce projet-là», confie Melissa C. Pettigrew qui est aussi travailleuse culturelle.

    L’idée du projet, qui lui est venue de son conjoint Guillaume Gagnon, la fait toujours rigoler aujourd’hui : «Pour me faire rire, il avait pris les figurines que je venais d’acheter dans un vieux pot de «pringles» vintage dans une vente de garage et les a mis dans le jardin à travers les radis». La jeune femme de 30 ans est instinctivement sortie avec son appareil pour capturer la mise en scène.

    Ensuite, pendant un an à deux ans, l’artiste, qui a étudié en arts visuels et littéraires, a amené ses petites figurines presque partout avec elle. Lorsqu’elle arrivait devant des trésors de la nature, un sentiment profond d’humilité la traversait et l’inspirait à créer une mise en scène. «J’arrive face à ça et je profite juste du décor qui a été fabriqué par la nature, par la forêt», souffle-t-elle. Le rapport à l’observation est vraiment important dans sa démarche, puisqu’un brin d’herbe qui nous parait minuscule peut sembler géant à côté de ses figurines.

    Sans retouche, ni collage, la nature a fait son œuvre, faisant se poser-là, parfois, des insectes qui venaient agrémenter les photos de l’artiste. Cela ajoutait une plus-value à la photo, puisque de prime abord, Mélissa C. Pettigrew cherchait à accentuer les émotions perceptibles sur les visages des figurines. «Ça m’amusait d’aller renforcer, pousser cette expression-là», raconte la travailleuse culturelle. Elle explique que ces vieux jouets ont été usés avec le temps ou ont initialement été mal faits. Ainsi, par la mise en scène, elle mettait en lumière le sentiment qui ressortait. Par exemple, dans l’exposition, deux images montrent des gorilles, les bras en l’air, qui ont peur. Dans une photo, ils sont près de l’eau, et dans l’autre à côté de champignons. Dans les images, un soldat braque une arme sur eux. On pourrait croire que ces mammifères ont peur de l’homme armé, alors que le titre de l’œuvre révèle autre chose : «Aquaphobie» ou encore, «Mycophobie».

    L’artiste qui est aussi une littéraire se laisse guider par sa poésie intérieure lorsqu’elle travaille sur un projet visuel. Souvent une trame narrative s’écrit en elle et lui permet de créer des images. Dans Les figurines en ruine, les titres parlent d’eux-mêmes et permettent une interprétation autre que celle imaginée au premier coup d’œil.

    Pour les personnes intéressées, il reste environ deux semaines pour aller voir l’exposition à Cour de circuit de L’Isle-Verte située au 199, rue St-Jean-Baptiste et, du même coup, en apprendre davantage sur ce lieu patrimonial d’interprétation historique.
     

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