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Dossier logement au KRTB

Locataires cherchent aiguille dans une botte de foin

durée 1 octobre 2021 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    De nombreuses voix s’élèvent dans la région concernant le manque de logements disponibles au KRTB. Les nouveaux arrivants ne sont pas les seuls confrontés à cette pénurie. Le taux d’inoccupation frôle la barre des 1 % au Bas-Saint-Laurent, rapporte le Comité logement de Rimouski-Neigette. Si des enfants, des limitations fonctionnelles ou encore des animaux de compagnie s’ajoutent à l’équation, la mission de se trouver un logement abordable au 1er juillet devient presque insurmontable.

    À Rimouski, 15 ménages ont dû être replacés chez des amis ou de la parenté puisqu’ils n’avaient pas trouvé de logement au 1er juillet. «C’était aussi difficile de trouver des places pour entreposer des biens. Depuis janvier, on avait lancé des avertissements […] C’est une situation qui se vit à la grandeur du Québec», souligne Guy Labonté du Comité logement Rimouski-Neigette. Il ajoute qu’une situation de pénurie est aussi observée à Rivière-du-Loup et Trois-Pistoles. Le seuil d’équilibre du taux d’inoccupation est situé à 3 % selon le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec. Sous ce seuil, il y a une situation de pénurie.

    «C’est décourageant de voir que les maires ne bougent pas plus. On ne peut pas se monter une tente à l’année», ajoute M. Labonté. Devant cette rareté de logements, les prix augmentent également. Au cours de la dernière année, ils ont connu une hausse de 3% à Rimouski. «Ça ne sera pas beau le 1er juillet prochain».

    À Rivière-du-Loup, le taux d’inoccupation est passé sous la barre du 1 %. Les affiches À louer se font de plus en plus rares en ville et les recherches de logements se multiplient sur les réseaux sociaux. «Il faut que le gouvernement mette plus d’argent dans le logement social, on est encore loin du compte. On veut que les investissements soient faits là d’abord et avant tout. Si les loyers augmentent, les gens ne mangeront pas à leur faim puisque ce qui est facile à couper comme dépenses, c’est dans le frigidaire. Ç’a des répercussions sur la santé mentale et physique, qui se détériorent et ils auront besoin de soins de santé. Au final, ça coute pas mal plus cher que d’investir directement dans le logement social», conclut Guy Labonté.

    À Rivière-du-Loup pour un grand quatre pièces et demi avec deux chambres à coucher, le taux d’inoccupation est de 0,6 % sur le territoire, selon les données de l’Enquête sur les logements locatifs publiée le 28 janvier 2021 par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Si on y ajoute une chambre, le taux grimpe à 1,1 %, ce qui est un peu mieux, mais encore insuffisant. En réaction à cette rareté, à Rivière-du-Loup, le loyer moyen a augmenté de 3,8 % pour atteindre 608 $ par mois en 2020, tous types de logement confondus.

    PRÉOCCUPATIONS ET MOBILISATION

    Déjà, les citoyens de la MRC des Basques sont préoccupés par le manque de logements. Une assemblée citoyenne a même été organisée à la fin du mois de juillet à ce sujet. L’objectif de ces évènements, explique Alyssa Symons-Bélanger qui est en charge de l’organisation, est de parler des enjeux afin de définir quelles actions peuvent être prises par la population. «Les jeunes qui arrivent de Montréal voient les mêmes signes précurseurs de la crise qu’ils ont déjà connus. C’est important de se mobiliser maintenant. La plupart des locataires ne connaissent pas leurs droits. Ils ont le droit de refuser des augmentations de loyer», souligne Alyssa Symons-Bélanger.

    L’Alliance pour la solidarité et l’inclusion sociale du Bas-Saint-Laurent a été mandatée pour réaliser une étude-diagnostic concernant la situation du logement dans la région, confirme l’agente Elsa Lambert. Ces données devraient être disponibles au cours des prochains mois. Ce portrait servira aussi à déterminer le type de logement à préconiser selon les besoins qui seront établis. Peu de statistiques et de données concrètes actualisées sont disponibles au KRTB. Des changements de démographie sont survenus au cours des 18 derniers mois, en raison notamment de la migration accélérée par la pandémie.

    Le préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis, confirme le manque de logements disponibles dans la région. «Les loyers augmentent en raison de la forte demande, mais la MRC ne peut pas réglementer l’habitation. Les entrepreneurs ne construisent pas de logements neufs parce que les locataires ne pourront pas payer le prix. La MRC n’a pas eu de demande de la part de municipalités pour intervenir». 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis. 

    M. Denis ajoute que des personnes âgées voudraient quitter leur maison pour un logement plus petit, à proximité des services, mais aucun n’est disponible. Leurs noms s’ajoutent à des listes d’attente qui continuent de s’allonger.

    D’après les données de l’Enquête sur les logements locatifs de la SCHL, le taux d’inoccupation est passé de 2,6 à 0,9 % à Rimouski entre 2019 et 2020. Les logements familiaux de trois chambres et plus sont encore plus difficiles à trouver, avec un taux d’inoccupation à 0,2%. Le député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Maxime Blanchette-Joncas, estimait lors de la campagne électorale fédérale qu’entre 300 et 500 logements sociaux doivent être construits seulement pour la ville de Rimouski.

    Les témoignages des agentes de développement pour le Centre local de développement de Rivière-du-Loup et pour la MRC des Basques, Darlène Caron et Marie-Eve Rioux, se rejoignent en plusieurs points. Elles ont toutes les deux accompagné des personnes qui ont dû retarder leur début d’emploi ou qui ont décidé d’opter pour une autre ville, faute de logement. Seule la présence d’enfants dans le ménage ou encore d’un animal de compagnie complexifient considérablement les recherches.

    «On fait la promotion du territoire, mais il faut parfois mettre ce volet sur pause parce qu’on sait qu’on sera confronté au manque de logements et de places en services de garde. C’est une situation ambiguë, il faut presque se limiter», ajoute Marie-Eve Rioux. Dans une MRC vieillissante comme Les Basques, la migration est l’une des solutions envisagées pour éviter la dévitalisation de ce milieu.

    Les deux organisations prennent en charge l’accueil de nouveaux arrivants dans les secteurs de Rivière-du-Loup et des Basques. «C’est tout un défi de trouver des 4 ½ ou des 5 ½. Avec l’arrivée de la pandémie, on a vu une augmentation du nombre de personnes intéressées à venir s’établir dans la région du Bas-Saint-Laurent. On accompagne les personnes de 36 ans et plus en cherchant de l’information. Elles cherchent des logements de qualité, de la bonne grandeur et au bon prix en respectant leur capacité de payer», explique Darlène Caron.

    Elle souligne qu’au début des années 2000 (2004-2005), le taux d’inoccupation avait chuté sous 1 %, comme la situation actuelle. C’est à ce moment qu’on a vu poindre les projets domiciliaires situés à l’arrière du Walmart à Rivière-du-Loup. «Comment peut-on travailler sur l’attractivité et la rétention de main-d’œuvre quand des enjeux comme le logement et les places en services de garde ne sont pas réglés? Ce sont des services de base pour toute personne qui veut s’établir dans la région […] Je pense que ça prendra une multitude d’options et de solutions qui se mettent en branle pour rééquilibrer la situation.» À noter que les secteurs de Rivière-du-Loup et des Basques ne comptent pas d’organisme de revendication concernant les enjeux de logements à l’image du Comité de logement de Rimouski-Neigette.

    REVENDICATIONS

    Pour résorber la crise du logement au Québec, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) réclame un accroissement significatif du pourcentage de logements hors du marché privé (coopératives, d’organismes sans but lucratif d’habitation ou de logements à loyer modique). Il demande le lancement d’un chantier de 50 000 logements sociaux en cinq ans qui inclurait un programme d’acquisition permettant de protéger de la spéculation les logements locatifs encore abordables.

    Selon le FRAPRU, 3 100 logements sociaux ont été finalisés depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec, dont 620 en 2020. Environ 500 nouveaux logements sociaux se sont ajoutés dans le dernier budget. La CAQ s’était engagée à livrer les 15 000 logements sociaux qui étaient déjà planifiés à son arrivée au pouvoir.

    PROJETS EN COURS DANS LA RÉGION

    Lors d’une annonce gouvernementale réalisée en mai 2021, Québec a confirmé la construction de trois projets d’habitation sociale et abordable, à Rivière-du-Loup et à Trois-Pistoles, pour un total de 48 nouveaux logements. Selon le député de Rivière-du-Loup-Témiscouata, Denis Tardif, 25 unités de logement ont été réservées pour le projet du Monastère des Sœurs Clarisse. Un autre projet retenu est celui de la troisième phase du Domaine des Trois-Pistoles qui comptera 15 logements supplémentaires pour des gens en légère perte d’autonomie. Les huit logements restants font partie du projet de la Maison l’autnid, qui offrira de l’hébergement à des personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme.

    Le monastère Sainte-Claire de Rivière-du-Loup. Photo : archives, Andréanne Lebel

    L’attaché politique du député Denis Tardif, Nicolas Dupont-Lessard précise que de nombreux projets privés ont été lancés par des entrepreneurs au cours des dernières semaines afin de répondre à la demande. À noter que le 13 aout dernier, les gouvernements du Québec et du Canada ont annoncé une seconde entente concernant l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL) entre la SCHL et la Société d’habitation du Québec. Un investissement fédéral de 338 M$ appuiera la réalisation rapide de plus de 1 300 logements abordables et permanentes au Québec d’ici la prochaine année. Un appel à projets est ouvert jusqu’au 6 octobre. Les logements devront être disponibles dans un délai de 12 mois suivant la date d’approbation du projet.

    commentairesCommentaires

    2

    • GPSF
      Gaétan Plourde, Saite-Françoise.
      temps Il y a 2 ans
      Je fais partie de ceux là, qui depuis des mois je cherche un logement pour au moins un an. Le temps que mes travaux de rénovation de ma résidence principale sois terminé. J'ai eu beau chercher et je ne trouve pas. La seule option que j'ai eu, ça été une chambre avec salle de bain au Château Granville. C'est une vraie crise sociale que l'ont vit actuellement au Québec. Ont ce croirait dans un pays du tiers monde. Actuellement, c'est seulement des toures de condo qui ce construit. Ça prendrait un vrai débat avec nos élus pour trouver une solution à ce grave problème de société.
    • RD
      Robert Dubé
      temps Il y a 2 ans
      Il y a magouille dans le logement, lesprix sont rendus tellement exagérés que si tu trouves un logement tu n as plus assez d argent pour manger, et si tu décides de manger, tu couches dans une tente.
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