Les professionnels de l’éducation dénoncent l’immobilisme des négociations
Insatisfaits des offres patronales et de l’immobilisme aux tables de négociation, les 115 membres du Syndicat des professionnelles et professionnels des commissions scolaires du Grand-Portage (SPGP) – CSQ affilié à la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPQ) sont entrés en grève ce 29 avril.
Sans contrat de travail depuis un an, ils ont manifesté devant le bureau du député de Rivière-du-Loup-Témiscouata Denis Tardif pour témoigner de leur ras-le-bol collectif. Les membres du syndicat ont fait le tour du bâtiment avec une corde représentant les liens qui les unissent pour offrir des services aux élèves. Cette action n’a pas perturbé le quotidien dans les écoles.
«Dans nos deux centres de services scolaires, on représente 21 corps d’emploi qui sont divisés en trois catégories : des professionnels au niveau administratif, comme des analystes, des agents de gestion financière, des architectes, des ingénieurs, des services directs à l’élève, où on retrouve des psychologues, des orthophonistes, des orthopédagogues, des animateurs de vie spirituelle, des conseillers d’orientation, et des services éducatifs comme les conseillers pédagogiques et des bibliothécaires», explique la présidente du SPGP-CSQ, Johanne Gingras. Elle dénonce notamment le manque de ressources professionnelles, la difficulté de recrutement dans le réseau de l’éducation, le peu de reconnaissance de leur travail et la lourdeur de la tâche.
«On demande entre autres le remboursement de la cotisation à l’ordre professionnel et plus d’investissement pour le perfectionnement. Plusieurs d’entre nous doivent payer de leur poche chaque année pour satisfaire aux exigences de leur ordre. On veut aussi que les frais de déplacement soient reconnus», ajoute Mme Gingras. La présidente du SPGP, qui est aussi animatrice de vie spirituelle et d’engagement communautaire, revendique la reconnaissance des maitrises et des doctorats chez les professionnels dans l’échelle salariale.
Selon le président de la FPPQ-CSQ, Jacques Landry, l’offre patronale représente 1 M$ pour 10 000 membres, soit 100 $ par personne. Il la qualifie de «méprisante» et il estime qu’elle met en péril l’accessibilité aux services professionnels en éducation.
Le conseiller pédagogique en français au Centre de services scolaire de Kamouraska-Rivière-du-Loup, Joseph Chouinard-Pelletier, explique que son rôle est d’accompagner, de soutenir, de former et de conseiller les enseignants sur le terrain. «Actuellement, on a un besoin de ressources très grand. Il y a de plus en plus d’enseignants non légalement qualifiés (…) Ça a l’air bien beau sur le terrain, ça met quelqu’un dans la classe. La réalité, c’est qu’une personne qui n’a pas la formation ne connait pas les programmes, la progression des apprentissages, la pédagogie, toutes les stratégies d’enseignement, la gestion de classe, ça demande deux fois plus d’accompagnement qu’avant et ils sont de plus en plus nombreux. On se retrouve, moi et mes collègues, en manque de ressources», témoigne-t-il. D’autres manifestantes rencontrées sur places évoquent aussi un important temps d’attente avant que les élèves puissent avoir accès aux services et la difficulté d’attirer des professionnels en raison des conditions de travail actuelles.
Selon une enquête menée par la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec et le Syndicat des professionnelles et professionnels des commissions scolaires du Grand-Portage auprès de leurs membres, environ le quart des professionnelles et professionnels œuvrant dans les écoles de la région songeraient à quitter leur emploi. De plus, 100 % des personnes sondées soutiennent que seuls les élèves qui présentent des problèmes urgents ont accès aux services, alors que 73 % disent ne pas avoir le temps de faire d’interventions préventives, ni le nombre de suivis qu’ils jugent requis auprès des élèves concernés.