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Vapotage au secondaire : une habitude qui inquiète les spécialistes de la santé

durée 5 février 2021 | 06h54
  • Dominique Côté
    Par Dominique Côté

    Vidéojournaliste

    Dominique Claveau, directrice de la prévention du Conseil Québécois sur le Tabac et la Santé (CQTS), fréquente quotidiennement des adolescents aux prises avec une dépendance à la nicotine. Interrogée sur le sujet, elle n’a pas caché ses inquiétudes face à cette nouvelle habitude de vie présente chez plus de 30% des jeunes du secondaire.  

    Nutritionniste de profession, Mme Claveau œuvre depuis plus de 20 ans dans le domaine de la promotion de la santé et de la prévention des maladies. C’est depuis novembre 2019 que ses tâches, habituellement liées au tabac, ont été remplacées par la prévention du vapotage chez les jeunes du secondaire. «Ce qui nous inquiète, c’est la quantité de nicotine inhalée par les jeunes. À long terme, avec des jeunes qui ont des fortes dépendances comme ça, on ne peut pas savoir ce qui va se passer ou ce que ça peut leur faire. C’est tellement nouveau qu’on est un peu happés par cette dépendance et on n’a pas encore suffisamment de données pour savoir ce que ça peut causer.»

      >> AUSSI À LIRE : La cigarette électronique, la nouvelle dépendance des jeunes du secondaire

    Outre la sensibilisation face aux risques liés au vapotage, Dominique Claveau et son équipe travaillent également sur la psychologie et le comportement du jeune. Leur capacité à dire non, leur estime de soi et leur esprit critique sont quelques-unes des compétences qui sont touchées par cet organisme dans les écoles secondaires.

    La directrice de la prévention du CQTS explique que parfois, les adolescents sont eux-mêmes inconscients qu’ils ont une dépendance, et c’est ce qui pose un problème. «Il faut leur faire réaliser que s’ils ont de la difficulté à terminer leurs cours parce qu’ils pensent juste à aller dehors pour aller vapoter, ils sont dépendants. On les remet en question et on leur demande : te sens-tu anxieux parce que tu n’as pas ta vapoteuse ou parce que tu ne peux pas l’utiliser quand tu es dans l’école ?»

    Au Québec, il y a eu quelques cas de maladies pulmonaires associées au vapotage (MPAV), mais celles-ci sont seulement diagnostiquées chez les adultes pour l’instant. «C’est la même chose pour la cigarette. On ne développera pas de maladie pulmonaire à l’adolescence, ça sera après plusieurs années d’exposition à la cigarette. Voilà pourquoi on n’a pas encore les données pour la vapoteuse.»

    Réalisée en 2019, l’Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, les drogues et le jeu chez les élèves du secondaire a révélé qu’entre 2013 et 2019, l’utilisation de la vapoteuse a quintuplé chez les jeunes du secondaire. En secondaire 1, ils sont 6% à avoir vapoté dans les 30 derniers jours, et en secondaire 5, 35%.

    SENSIBILISER DAVANTAGE LES JEUNES

    Malgré que l’âge légal pour se procurer des produits de vapotage au Québec soit de 18 ans, les adolescents passent par plusieurs moyens pour en avoir en leur possession. « On a même entendu des cas où c’était la fête de quelqu’un et que son groupe d’amis s’était cotisé pour acheter une vapoteuse à leur ami. À notre grande surprise, il y a des parents qui donnent ça en cadeau à leur enfant », a-t-elle relaté.

    Le CQTS a organisé plusieurs groupes d’échange avec des parents pour comprendre l’origine de cet enjeu. La plupart ne sont pas conscients que leur jeune vapote, et pour ceux qui le sont, ils ne connaissent pas le réel danger derrière ces dispositifs. Certains croient même qu’une vapoteuse est seulement composée de vapeur d’eau.

    Pour la directrice de la prévention du CQTS, le vapotage fait maintenant partie des sujets comme la drogue ou l’alcool qui doivent être abordés par les parents avec leurs enfants. «Au départ, ça a été vendu comme un produit d’aide à la cessation de la cigarette. Les produits de vapotage sont attirants, l’emballage est beau, le design est beau, ils ont vraiment tout fait pour rejoindre les jeunes. Ils ne vendraient pas des liquides contenant de 50 à 60 mg/ml de nicotine, tandis que dans une cigarette il y a entre 16 et 20 mg/ml, si c’était réellement pour aider à cesser la cigarette.»

    UN ENJEU ÉVITABLE ?

    Dans certains pays comme l’Angleterre, les autorités gouvernementales ont encadré les produits de vapotage dès le début. Doses de nicotine faibles, saveurs limitées, vente dans des endroits encadrés par la Santé publique : les mesures appliquées par ces pays ont eu des effets significatifs sur l’utilisation de la vapoteuse chez les adolescents, si l’on compare la situation avec celle du Canada ou des États-Unis.

    Au cours de la dernière année, un comité d’experts mis au point par le gouvernement du Québec s’est réuni afin de formuler sept recommandations à appliquer dans le but réduire le taux d’utilisation de la vapoteuse chez les jeunes. Le ministre de la Santé Christian Dubé en a retenu deux pour l’instant, soit de réduire le taux de nicotine dans le liquide à vapoteuse, et de ne plus vendre de liquides à saveurs. La date d’entrée en vigueur de ces mesures n’a toutefois pas été annoncée jusqu’à présent.

     

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