Décret de population des municipalités : des chiffres à prendre avec un «grain de sel»
La lecture du dernier décret de population des municipalités pourrait laisser croire que la MRC de Rivière-du-Loup a perdu 600 citoyens au cours des derniers mois, que la municipalité de Cacouna a perdu plus de 7 % de sa population, mais la réalité pourrait bien être tout autre. Explications.
L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a publié, en décembre, le décret annuel de population des municipalités pour le compte du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH). Celui-ci, qui présente une estimation établie en juillet de la population pour chaque ville et municipalité au Québec, a été repris par différents médias à travers la province.
Partout, le réflexe naturel est de comparer ces nouvelles données à ceux de l’année antérieure, histoire d’illustrer l’évolution de la population au cours de la période de 12 mois. Si on effectuait le calcul cette année, les conclusions seraient d’ailleurs surprenantes. Par exemple, la MRC de Rivière-du-Loup aurait apparemment perdu 614 habitants, la municipalité de Cacouna 147 personnes et celle de L’Isle-Verte plus de 90 résidents. Au KRTB, on noterait une baisse globale de 735 citoyens depuis un an.
Pourtant, cet exercice n’a pas sa place et il est erroné, tranche le démographe Dominique André de l’ISQ. «On ne peut pas utiliser les chiffres du plus récent décret pour les comparer à une année précédente et ainsi voir l’évolution de la population, puisque la méthodologie change d’une année à une autre», explique-t-il. «Si vous utilisez le décret de cette année, qui est réalisé sur la base du recensement de 2016, et que vous le comparez au décret de l’an passé, qui est sur la base du recensement de 2011, vous faites fausse route. Il n’y a pas de comparable. On change de base, alors on ne peut pas parler d’augmentation ou de diminution de la population.»
UN OUTIL
Le démographe est catégorique : le décret n’est pas un outil de comparaison, mais plutôt un outil administratif pour les municipalités. Il sert essentiellement à la préparation des budgets, pour l’application des lois, ainsi que pour la gestion des programmes gouvernementaux.
Les estimations des décrets reposent principalement sur les recensements de Statistiques Canada. Elles prennent aussi en compte, entre autres, le Fichier d’inscription des personnes assurées de la Régie de l’assurance maladie du Québec (bilan migratoire), ainsi que différents évènements démographiques comme les naissances et les décès.
Actuellement, note Dominique André, le plus récent décret offre les meilleurs données disponibles concernant la population d’une ville ou d’une municipalité. Il faut s’attendre, cependant, à ce que ces chiffres soient révisés et précisés le 28 mars prochain, alors que que de nouveaux éléments statistiques permettront d’ajuster le tir. «Au moment où on publie le décret de population, nous n’avons pas tous les éléments en main», confie M. André.
ESTIMATIONS PLUS JUSTES?
La semaine dernière, lorsque contacté par Info Dimanche, le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup, Michel Lagacé, avait mentionné prendre le plus récent décret «avec un grain de sel».
Également maire de Saint-Cyprien, il était étonné de constater que la population de sa municipalité avait, semble-t-il, baissé de 44 personnes, alors que l’année précédente avait été marquée par une hausse des habitants. Ces chiffres ne concordaient simplement pas à ses observations sur le terrain.
«J’avais de la misère à m’expliquer tout cela. L’an dernier, selon les données, nous avions connu une augmentation d’une soixantaine de citoyens, alors que cette année, c’est une quarantaine que nous aurions perdu. Autant l’année dernière, j’avais de la difficulté à m’expliquer où est-ce qu’on avait pris les 60, autant cette fois, j’ai de la difficulté à m’expliquer où on en a perdu 40. L’école primaire à la même fréquentation, aucune entreprise importante n’a fermé ses portes et il n’y a pas plus de maisons à vendre cette année [...] Quand je regarde Cacouna, qui aurait perdu près de 150 personnes, ce qui représente environ 7 % de sa population, je ne comprends pas», avait-il déclaré.
Pour avoir des chiffres plus justes, Dominique André mentionne qu’il faut se référer aux estimations démographiques que l’ISQ produit et diffuse sur son site Web, sous les onglets «Population et démographie», puis «Population et structure par âge et sexe». On y retrouve présentement une série chronologique entre 1996 et 2017. L’année 2018 sera quant à elle ajoutée en mars prochain.
Selon ce document, facilement accessible, la MRC de Rivière-du-Loup aurait pratiquement vu son nombre de citoyens augmenter sans arrêt depuis 2000, à l’exception de 2014. Cette année-là, comparativement à 2013, la population serait passée de 34 933 à 34 846, soit une perte de 87 citoyens. Le départ de plusieurs centaines de personnes, en un an, serait donc très surprenant.
Rappelons que les données démographiques réelles proviennent de Statistiques Canada qui effectue un recensement au cinq ans, le prochain étant en 2021. Les estimations démographiques réalisées sur la base des recensements sont plus justes et précises au début du cycle quinquennal.
ET RIVIÈRE-DU-LOUP?
Quant à Rivière-du-Loup, le plus récent décret place le nombre de citoyens à 19 974. Selon les estimations démographiques de l’ISQ, ce chiffre était à 20 061 en 2017.
Actuellement, l’administration municipale considère qu’elle «flirt» avec le cap des 20 000 habitants. Ce çap symbolique changerait certaines choses dans l’application de loi comme celle sur le traitement des élus municipaux ou celle sur le régime de retraite des élus municipaux avec le MAMH. Mais il n’a vraisemblablement aucune incidence les programmes de subvention, la prochaine catégorie étant à 25 000 habitants.
2 commentaires
Je veux bien espérer que st cyprien augmenté en population.... on doit parler de 1140. À 1142???? Peut être moins!
Y a rien qui fera augmenter les populations de ces petits villages
On a beau construire des usines mais les robots remplaceront la maind’ouevre Bientôt