Cannabis : une légalisation réussie?
En septembre 2017, le psychiatre louperivois et chef du département de psychiatrie au CISSS du Bas-Saint-Laurent, Jean-François De la Sablonnière, avait manifesté de sérieuses craintes quant à la légalisation du cannabis. Près de trois mois plus tard, il n’hésite pas à féliciter le gouvernement libéral québécois pour le travail accompli.
«Je pense que j’ai assez de recul pour vous dire que la ministre Lucie Charlebois et le Parti libéral, alors au pouvoir, ont fait un travail suffisamment bon pour que ça ne change rien du tout à notre travail clinique», lance-t-il lors d’un entretien avec Info Dimanche, à la mi-décembre.
La légalisation, souligne-t-il, «n’est pas attirante et elle n’a pas augmenté l’attrait de la consommation». «Il ne semble pas y avoir de «buzz» vers la consommation à part chez ceux qui consommaient déjà. C’est un peu ce qu’on voulait. Il n’y a pas de promotion qui vise à faire augmenter le nombre de consommateurs. Je lève mon chapeau au gouvernant libéral et à la ministre, nous n’avons pas eu de problème.»
Selon le Dr De la Sablonnière, cette situation positive à Rivière-du-Loup et dans la région n’est pas non plus attribuable à l’absence, pour le moment, d’une succursale SQDC. «C’est certain que l’accessibilité n’est pas encore là, mais le buzz n’y est simplement pas non plus. Fumer le pot est légal, mais ce n’est pas plus attirant finalement […] C’est une belle nouvelle. Dès que le projet de loi a été annoncé, j‘étais réassuré. On aurait pu prendre une position axée sur le profit où il y a une promotion et une publicité détournée, mais on a réussi à éviter tout ça.»
Si le portrait préliminaire est rose, des craintes persistent, toutefois. Il y a quelques semaines, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a annoncé que les produits dérivés du cannabis, comme les boissons, les thés, les brownies et les jujubes seront permis tant qu’ils respectent certaines limites par rapport à la quantité de THC qu’ils contiennent.
«Il y a là une préoccupation de voir si cela va attirer de nouveaux consommateurs. S’il y a du sucre, il n’y a pas de doute que ce sera intéressant pour une nouvelle clientèle», croit le spécialiste.
Jean-François De la Sablonnière n’est personnellement pas non plus un partisan de cette idée de monter l’âge légal pour consommer du cannabis à 21 ans. «J’ai une petite crainte. Il y aurait là un effet contraire, c’est-à-dire d’augmenter l’attrait de quelque chose par l’interdit.»
Laisser cela à 18 ans, faire de l’enseignement sur les méfaits et ne faire aucune publicité des bénéfices est la situation idéale, croit le professionnel de la santé.
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