Rue des Cèdres : une indemnité qui ne panse pas les plaies
Le résident de Saint-Arsène qui a vu une partie de son terrain être expropriée pour le prolongement de la rue des Cèdres, Gilbert Dion, se dit déçu du dédommagement de 107 000 $ que devra lui verser la Municipalité. Une somme en deçà des attentes qui ne reflète ni les couts encourus, ni les impacts que cette histoire a eus sur la vie de sa famille depuis 2008, estime-t-il.
Le 5 juillet, les juges Sébastien Caron et Josée Proulx du Tribunal administratif du Québec ont annoncé leur décision dans ce dossier après «analyse de la preuve, des arguments des parties et du droit applicable».
Concrètement, le Tribunal a accordé une indemnité totale de 75 109 $ à la partie expropriée, laquelle inclut les dommages subis par les locataires. Il a également ordonné à la Municipalité de payer les intérêts et de rembourser 17 300 $ pour les frais d’expert.
«Le montant d'environ 107 000 $ ne couvre pas toutes nos dépenses, soit les honoraires d’avocats, de biologistes et d’ingénieurs», a partagé le propriétaire des Entreprises Lavoie Dion inc, jeudi. «En termes de facturation, on arrive à l’ordre d’environ 150 000 $ de notre côté. Vous comprenez qu’on est en perte.»
Dans son jugement, le Tribunal administratif a tenu compte de plusieurs éléments, dont la valeur de la parcelle de terrain expropriée, la perte de convenance, la perte d’intimité et de quiétude, ainsi que l’installation de barrières et l’aménagement de haies de cèdres.
«Mais il ne prend pas en compte tout le temps que nous avons personnellement consacré à ce dossier au cours des 10 dernières années», a-t-il souligné, rappelant que toutes ces années de combat ont également eu de nombreux impacts physiques et psychologiques sur sa famille.
«HISTOIRE D’HORREUR»
Le dossier de la rue des Cèdres aura couté, au final, plus de 476 000 $ aux contribuables de Saint-Arsène. «Une histoire d’horreur», selon Gilbert Dion, qui rappelle qu’aucun développement n’a encore eu lieu du côté de la rue des Cèdres.
«C’est une aventure qui aura couté très cher pour une rue qui ne sert personne, puisqu’on n’y retrouve toujours aucune installation d’aqueduc et d’égouts. Et il ne pourra pas y en avoir non plus avant que la Municipalité demande un certificat d’autorisation [au gouvernement] en vertu de l’article 22 [de la Loi sur la qualité de l’environnement]. Le milieu humide est toujours là.»
«Pour moi, c’est un réel gaspillage de fonds publics. Non seulement la rue n’amène pas de développement domiciliaire pour compenser en taxes ce qu’elle a couté, mais elle a en plus créé un problème de sécurité, puisque des résidents du secteur ouest vous diront que des véhicules y circulent régulièrement à haute vitesse. Ça ne fait pas de sens», a complété l’homme d’affaires.
Selon Gilbert Dion, cette saga aura laissé des marques profondes dans la municipalité. «Le jugement qu’a rendu le Tribunal administratif, c’est un moindre mal pour nous, puisqu’il rembourse une partie de nos dépenses, mais ça ne remet pas le climat d’harmonie qu’on a déjà eu à Saint-Arsène.»
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Pu capable de l'entendre.