Un premier Festival du bon plant au-delà des attentes
Pour sa toute première présentation, avant même la légalisation du cannabis qui entrera en vigueur le 17 octobre prochain, le Festival du bon plant à Trois-Pistoles est une réussite, selon son fondateur Mikaël Rioux.
«C’est la première fois qu’il y a un festival au cannabis au Québec, on a décidé de le faire avant la légalisation. Il y avait beaucoup d’incertitudes et d’incontrôlables (…) Les commentaires sont super bons. La salle hier était pleine au premier conférencier, François-Olivier Hébert, qui est un docteur en biologie moléculaire», explique le fondateur du Festival du bon plant, Mikaël Rioux.
Ce dernier s’est montré plutôt satisfait de l’achalandage sur le site du festival, qui se déployait entre la Forge à Bérubé et le Caveau des Trois-Pistoles. La participation d’une majorité de festivaliers de 50 ans et plus a surpris l’organisateur. En raison de ce résultat, il estime que la mission de l’évènement, qui est de réduire la stigmatisation du cannabis, est remplie. La collaboration de divers organismes de Trois-Pistoles, tels que les Compagnons de la mise en valeur du patrimoine vivant, le Caveau des Trois-Pistoles et la Maison de l’écrivain a permis au festival d’acquérir plus de crédibilité, même s’il reste encore des préjugés à vaincre, selon M. Rioux.
«Tous les conférenciers qui sont passés hier, ça revient toujours dans leur discours, (le cannabis) n’est pas juste miraculeux, il y a des effets négatifs également. On en entend beaucoup parler au niveau médiatique, 90% des articles qui sortent sur le cannabis, c’est tout le temps pour montrer le négatif. Nous on avait l’idée inverse. On sait qu’il y a des problématiques, on en parle, on ne veut pas les glisser sous le tapis. Par contre, il faut aussi parler de ce qui est intéressant de cette plante», ajoute Mikaël Rioux.
Des automobilistes rencontrés sur les lieux ont toutefois manifesté verbalement leur mécontentement qu'un tel évènement soit tenu à Trois-Pistoles. Cet enjeu polarise toujours autant l'opinion publique, même si la légalisation est prévue pour le mois prochain. La consommation n'était pas permise sur le site, en respect des lois en vigueur. Le lieu du festival a d'ailleurs fait l'objet d'une surveillance accrue de la part de la Sûreté du Québec.
CONFÉRENCES
L’expert en dépendance et en toxicomanie et professeur au département de psychoéducation de l’Université de Montréal, Jean-Sébastien Fallu, a donné une conférence en après-midi le 2 septembre à la Forge à Bérubé.
Ce dernier a souligné qu’il faut éviter les pièges de la banalisation et de la dramatisation de l’usage du cannabis à des fins récréatives ou médicinales. «La consommation de drogues peut ruiner des vies et en sauver aussi, mais je dirais que la plupart des gens se trouvent entre ces deux extrêmes (…) Il y a neuf fois plus de chances de développer une dépendance au cannabis que de souffrir d’une psychose liée la consommation», a-t-il souligné. M. Fallu a aussi déploré les discours politiques et médiatiques ambiants, qu’il qualifie d’alarmistes et de sensationnalistes.
Il souligne toutefois l’importance d’agir avec prudence, en favorisant l’économie locale pour la vente de cannabis. «C’est particulièrement dur de se rentrer ça dans la tête, que l’alcool est plus dangereux pour notre société, et il est légal. Il y a en moyenne plus de dommages causés à autrui et à soi, des actes de violence et de la conduite avec capacités affaiblies liés à la consommation d’alcool que du cannabis», ajoute-t-il. Les risques de psychoses et de déclenchement de schizophrénie sont bien réels, chez les personnes prédestinées à en souffrir. L'expert en dépendance et en toxicomanie rappelle que la dose létale pour mourir d'une «overdose de cannabis» serait de 1 500 livres en 15 minutes, ce qui est littéralement impossible.
L’ex-journaliste et écrivaine Lucie Pagé était également invitée en tant que conférencière au Festival du bon plant pour partager son expérience avec l’huile de cannabis, qui lui a permis de complètement éliminer les symptômes de ménopause qui lui ruinaient la vie.
«Le débat est terriblement incomplet au Canada. On parle de cannabis récréatif et on oublie l’aspect le plus important de la plante, qui est son aspect médicinal qui sauve des vies, dont la mienne», explique Mme Pagé. Elle persiste et signe, le cannabis lui a permis d’améliorer sa qualité de vie. Atteinte d’une ménopause sévère, l’empêchant de dormir et de manger, seulement l’huile de cannabis réduit ses symptômes de 100%. D'autres conférences ont aussi porté sur l'utilisation du chanvre comme matériau de construction, et des valeurs nutritives de la graine de chanvre. Les spectacles de Jean-Marc Massie, Bass Ma Boom, Christian Vanasse et Overbass ont aussi attiré leur lot de spectateurs.
Le fondateur Mikaël Rioux a confirmé la tenue d’un deuxième Festival du bon plant, cette fois du 28 au 30 juin 2019.
6 commentaires
Ça marchait dans les années 40, pas de raison pour que ça marche pas encore, vu que les choses ne changent jamais.