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La résilience des producteurs laitiers au Bas-Saint-Laurent

durée 30 janvier 2016 | 07h30
  • Hugues Albert
    Par Hugues Albert

    Journaliste

    Rivière-du-Loup - L'année 2015 a été difficile pour les producteurs laitiers du Québec. En effet, le Québec a perdu de 30 à 35 fermes par mois durant l'automne 2015. 

    La baisse du prix du lait payé, le Partenariat transpacifique (PTP), l'abandon projeté de la gestion de l'offre et le manque de relève ont créé un grand climat d'incertitude chez plusieurs producteurs laitiers qui ont décidé qu'il était temps d'abandonner ou de prendre leur retraite, ce qui explique que les ventes de quotas laitiers ont connu des records à l’automne.

    Le Québec est passé de 14 000 fermes laitières en 1990 à moins de 6 000 en 2016. En un an, 4 % des fermes laitières québécoises sont disparues, surtout des fermes à dimension familiale.

    GABRIEL BELZILE

    Gabriel Belzile, président du Syndicat des producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent, représente auprès de la FPLQ 653 fermes laitières dans la région qui regroupe huit MRC. Il a vu s’effacer du tableau 16 entreprises entre 2014 et 2015, 14, 22 et 15 respectivement les trois années précédentes pour un total de 67 en quatre ans.

    « Nous en perdons entre 2 et 3 % à chaque année, mais nous nous en tirons mieux qu’ailleurs au Québec et au Canada. Nous avons beaucoup de relève qui a confiance en l’avenir, des jeunes qui font des investissements importants dans leurs installations. »

    Le quota laitier augmente dans la région, ce qui permet aux producteurs d’accroître leur troupeau, estime-t-il.

    TABLE DE NÉGOCIATION

    Une table de négociation réunissant producteurs laitiers et transformateurs canadiens travaille ardemment à Ottawa depuis novembre dernier à trouver le moyen de juguler l’entrée de protéine laitière sèche provenant des Etats-Unis afin de la ramener au même niveau qu’il y a deux ans. Ce dumping est occasionné par un excédent de cette protéine sur le marché américain et les producteurs fromagers canadiens l’utilisent abondamment alors qu’on voudrait qu’ils priorisent d’abord la protéine des producteurs laitiers du Canada afin de maintenir un certain équilibre.

    « Je ne peux prédire le résultat de cette table de négociation mais les transformateurs se rendent compte des erreurs qu’ils ont faites afin de favoriser leurs entreprises. Ils n’avaient certes pas l’intention d’anéantir l’industrie laitière canadienne. Nous espérons de bonnes nouvelles d’ici le week-end. Si c’est positif, ça va régler une importante partie du problème. »

    La baisse du prix du lait, de l’ordre de 10 à 15 %, est très préjudiciable aux producteurs, ajoute Gabriel Belzile. Pour une ferme de 60 vaches en production, ça équivaut à une diminution de revenu atteignant les 30 000 $ par année. « Dans bien des cas, cette diminution représente le salaire même du producteur ! »  

    Le lait de consommation diminue partout contrairement aux produits tels que le beurre et la crème qui redeviennent de plus en plus populaires, explique M. Belzile. La recrudescence de ces produits a pour effet de faire baisser le prix de la protéine laitière qui est moins en demande.

    LAIT BIOLOGIQUE

    Bryan Denis, vice-président du Syndicat des producteurs laitiers biologique du Québec, indique que les producteurs bio reçoivent plus pour le lait qu’ils produisent que les producteurs de lait conventionnel. Cette différence est de 23 cents le litre, ce qui leur assure 94 cents comparativement à 71 cents le litre conventionnel. Comme il manque de lait bio au Québec, les producteurs peuvent produire 36 jours supplémentaires durant l’année. On dénombre 109 fermes laitières biologiques au Québec dont 31 au Bas-Saint-Laurent.

    Mais il y a un prix à payer et des contraintes à respecter pour les producteurs bio… Ils doivent respecter une période de transition de trois ans, payer leur certification et la renouveler à chaque année. 

    Dans le bio, on s’efforce de faire le plus de lait fourrager possible sans ajouts alimentaires tels que maïs ou soya bio qui coûtent de deux à trois fois plus cher que s’ils étaient produits de façon conventionnelle. 

    Mais de façon générale, bio ou conventionnel, le producteur laitier a vu les coûts de production augmenter ces dernières années quand il a constaté à l’inverse un recul de 6 à 7 % dans le prix du lait.

    ÉTIENNE JEAN

    Étienne Jean, mi-trentaine, vient de réaliser des investissements majeurs à sa ferme laitière à Saint-Simon : une étable neuve à stabulation libre et un robot de traite. 

    Il estime que la baisse du prix du lait l’a affecté. « Il est difficile de rentabiliser une ferme laitière surtout avec une baisse de plus de 10 % dans le prix du lait, soit de 8 à 10 cents le litre en seulement un an, de 2014 à 2015. »

    Reconnaissant que l’année 2015 a été difficile, il n’est pas question pour lui de jeter l’éponge, pour employer son expression. « Je suis confiant en l’avenir. Si on regarde l’histoire de l’entreprise, on s’en est toujours bien sorti parce qu’on a su s’adapter aux soubresauts et faire face aux difficultés rencontrées. »

    Il justifie ses récents investissements par sa recherche d’autonomie. « C’était une question de main d’œuvre non disponible. La robotisation me donne une meilleure marge de manœuvre. »

     

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