Enquête publique sur l'incendie de la Résidence du Havre
Le témoignage de Bruno Bélanger truffé de contradictions
Rivière-du-Loup - Le témoignage du gardien de nuit, Bruno Bélanger, a été truffé de contradictions de toutes sortes. Il explique les nombreuses divergences entre ses versions tantôt par l'énervement, tantôt par les méthodes d'interrogatoire des policiers qu'il jugeait intimidantes.
De plus, la procureure Me Marie Cossette a tenté de lui faire avouer que le feu a pris naissance dans la cuisine, hypothèse qu'il rejette alors que ce sera celle que la Sûreté du Québec mettra en preuve jeudi.
« Je me suis senti attaqué dans la façon du policier de débuter son interrogatoire, dans son comportement. Ça venait d'arriver, c'était le lendemain, j'étais traumatisé», dit-il. Il dit aussi s'être senti intimidé lors de la seconde déclaration à la SQ, le 26 janvier, avant de repasser avec Me Cossette le fil des événements et affirmer que tout ce qu'il a dit aux policiers, c'était « plus ou moins vrai ».
Il sera d'ailleurs difficile de départager le vrai du faux tout au long de son témoignage, à travers des versions qui diffèrent dans le temps et qui curieusement, se précisent au fur et à mesure que le temps passe, ce qu'a soulevé Me Cossette.
«J'ai de la difficulté à comprendre que vos souvenirs sont plus précis aujourd'hui que deux jours après l'événement.»
«Vous vous demandez pourquoi on met en doute vos déclarations...», l'a repris le commissaire Cyrille Delage.
Le gardien de nuit de 57 ans a expliqué que le 23 janvier, comme à tous les soirs, il a armé les portes vers 22h45. À 23h, il était en cuisine et s'affairait à préparer des puddings, lorsque Paul-Étienne Michaud est descendu pour lui indiquer qu'il voulait fumer.
«Je lui ai dit que ça n'avait pas de sens, qu'il ventait et faisait froid et d'attendre au lendemain».
Quelques minutes plus tard, il se souvient être allé voir si M. Michaud dormait. «Il était couché dans son lit.» M. Bélanger redescend en cuisine pour préparer du Jell-O. À 23h30, il fait une ronde.
Selon lui, après avoir entendu l'alarme et répondu à l'appel de la centrale d'alarme, il est immédiatement monté au deuxième étage, sans sentir de fumée ni voir de feu.
«Je me suis dit qu'avec ce qui s'était passé en soirée (M. Michaud qui voulait fumer), ce devait probablement être lui.»
Effectivement, selon lui, un nuage de fumée sortait du bas de la porte de M. Michaud. Il s'est immédiatement rendu réveiller Mme Plante.
«Lorsque j'ai quitté son appartement, je suis retourné sur mes pas pour essayer de sauver des gens, mais je suis retourné sur mes pas parce qu'il y avait trop de fumée.»
SUIVRE LE PROTOCOLE
«Avant de partir, avez vous pensé déverrouiller le loquet de la porte 3?», a demandé l'avocate.
«Non, ce n'était pas inscrit au protocole. Dans mon esprit à moi, je montais réveiller la patronne et ensuite je redescendais, je débarrais le loquet de la porte 3 et je commençais l'évacuation horizontale», précise l'homme.
«Avez vous pensé cogner aux portes des résidants pour les réveiller pendant que vous passiez devant pour vous rendre à l'appartement de Mme Irène?»
«Non. Protocole», a-t-il sèchement dit, provoquant la désapprobation de la foule.
«L'alarme de feu sonne et vous prenez le temps de fermer la porte de la cuisine. Pour qui me prenez vous? Des parties de votre témoignage ne se tiennent pas. Ce ne serait pas parce que le feu était pris dans la cuisine?», a dit le commissaire Delage.
«Non monsieur», a rétorqué M. Bélanger, disant que c'était banal.
«On va mettre en preuve demain (jeudi) que le feu a pris origine dans cette section-là. C'est assez important. Pour vous, il n'y a jamais eu de feu dans la cuisine?».
«Non.»
«Vous aimeriez que l'on retienne de votre témoignage que vous avez fait tout ce que pouviez, que vous avez essayé de sauver du monde», dit Me Cossette .
«Oui».
«Pourquoi avez-vous refusé le polygraphe?»
«Parce que je n'ai pas menti.»
SORTIE SOUS ESCORTE
M. Bélanger a demandé et obtenu la protection des constables spéciaux du palais de justice, craignant pour sa sécurité lors de sa sortie. Dans la salle, des commentaires du public auraient pu laisser croire à de possibles représailles. Il a quitté le bâtiment par une porte de côté.
À la pause, une scène était lourde de sens. L'homme se tenait au beau milieu de la salle, assis dans le box des accusés, se tenant la tête et regardant par terre, seul, laissé à lui-même dans ce grand espace occupé par les juristes, alors que le reste de la salle était bondé.
ABANDONNÉ PAR SES AVOCATS
Roch Bernier n'est plus représenté par Me Dominique Bertrand du cabinet de son père Guy. Selon nos informations, la firme a évoqué le bris du lien de confiance après la diffusion de l'émission 24-60 ou M. Bernier a répondu aux questions d'Alain Gravel.
10 commentaires
''M. Bernier a expliqué que l'évacuation se faisait à l'horizontale: il fallait faire passer les résidants de la phase 1, non-giclée, à la phase 2, giclée et sécurisée.''
Et que dans ce présent article M.Bélanger parle d'un évacuation verticale?:
''«Non, ce n'était pas inscrit au protocole. Dans mon esprit à moi, je montais réveiller la patronne et ensuite je redescendais, je débarrais le loquet de la porte 3 et je commençais l'évacuation verticale», précise l'homme.''
Yavait-t-il vraiment un protocole défini et compris par tous...?
Mais il y a juste un defaut, il ne pouvait pas la reveiller car il était avec elle quand le feu a pris, sinon il aurait appeler le 911 et il aurait été reveiller Irene.
Il est désormais marqué au fer rouge en plein front!