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Ennemis intérieurs et bull’s-eye

durée 24 juin 2017 | 06h04

C’est en toute modestie que j’écris ces quelques lignes puisque le sujet a été abordé 100, 1000 fois et, visiblement, auditivement pourrait-on dire, ça n’a pas donné grand-chose. Un poisson de plus qui rote dans l’eau.

La semaine dernière, à la Maison de la Culture, le Rainbow Submarine, en collaboration avec Sparages, présentait un spectacle mettant en vedette deux groupes d’ici dont Equse de Rimouski que je connaissais un brin. Des peintres et artistes en tout genre entouraient l’espace où se tenait le public pour écouter les groupes et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes quand mon ami Oli se pointe à côté de moi et me dit : c’est plate qu’y chantent pas en français.

Heille ! Woooooooh. C’est ben correct. Où est ton ouverture d’esprit cher ami ? L’anglais est une belle langue ! C’est normal qu’un groupe d’ici chante en anglais pour plusieurs raisons : carrière internationale potentielle… influence normale du groupe par la musique anglaise… langue plus musicale… carrière internationale… déjà dit ? Anyway je pourrais continuer mais je vais prendre une gorgée deux secondes…

Avez-vous déjà eu une blonde qui parle en anglais ? Moi aussi. Deux fois. Oh ça fonctionne. Reste qu’un quelque chose n’atteint pas toujours la cible. Le « bull’s-eye » de la communication idéale est comme inatteignable. Le vent qui sort de la bouche semble provenir de d’autres poumons. Mais bon l’amour tout le monde sait que… c’est l’amour voilà.

Revenons à la langue de Ducharme. De Tremblay. De Gaspé. Revenons.
Dans des textes précédents, je parlais un peu de mon séjour en Chine et, là-bas, quand vous dites que vous parlez français, c’est comme si vous avouiez être millionnaire. You speak french ?! Ohhhh… you’re so lucky.

Sûrement que ces gens pourraient vous expliquer votre chance ; je ne l’ai toujours pas comprise ou, disons qu’en la vivant, qu’en la parlant, je ne me suis pas souvent dit : Bon Dieu que c’est bon de parler français ! Apparemment, c’est très beau à entendre quand on ne la comprend pas (c’est un peu moins beau quand on se fait expliquer les verbes au subjonctif), mais c’est le cas de bien des langues, bien des choses. Comme tout est beau quand on ne comprend rien.

Je parle ce que je parle c’est tout. Comme chacun sur Terre. Serait-ce donc que notre langue a quelque chose de… musical? En écrivant, je me rappelle avoir eu ce même débat avec les musiciens de Speedwax 21 en secondaire 5.

Je reviens encore sur la Chine parce que j’ai un autre argument : Keith Kouna, chanteur de la jolie ville de Québec, est venu faire un spectacle à Canton tout en français et il faisait chanter les gens dans la salle remplie de chinois et de chinoises. C’est pas international ça ? Aurait-il eu la même opportunité s’il avait chanté en anglais ? Qui sait. Entre les chansons, il parlait en chinois, le mot qu’il connaissait, et tout le monde était enchanté de l’entendre, d’entendre son accent, ses textes, même s’ils n’y comprenaient rien. Ils étaient curieux de découvrir autre chose. La voilà la force. Être autre chose. Pour l’Autre, quand on est soi-même, on est autre chose et c’est ce qui les attire.

Conclusion : le français, le français québécois, il n’y a pas de plus belle maison. On peut la promener comme une roulotte partout et dès qu’on ouvre la bouche, juste à s’entendre parler, on se sent chez nous. En entendre un autre qui parle de la même manière, on retrouve un frère, une sœur, un cousin, une cousine. Quand un autre vous entend, nous entend, ça le fait se promener un peu aussi. 

Chanter en anglais, oh, ce n’est pas grave, je comprends les arguments, je les comprends, oh oui.
Mais quand ta grand-mère est pas capable de comprendre ce que tu chantes, je suppose qu’elle pourra toujours se rabattre sur la musicalité de la langue anglaise.   

Pensez à vos grand-mères !

Aussi, pourquoi ne pas profiter des fameuses lois du CRTC qui encouragent les radios à diffuser un quota de musique française ? C’est là et ça attend.

L’influence de la musique anglaise ? Écoute…
Écoute.

Les Belges ont d’excellents musiciens et chanteurs. Les Acadiens aussi. Montréal aussi. Ah pis le but c’est pas de faire la leçon à personne c’est juste de dire que c’est plate faire de la «world music» et pas se faire comprendre par son voisin.

Tout le monde est libre. Vive les Rolling Stones.

Si Richard Desjardins et Avec pas d’casque et Keith Kouna et mille autres s’étaient tournés vers l’anglais, comme ce monde serait vide. Notre monde. Nos oreilles.

Notre cœur.
Eh oui, des fois il faut se rendre jusque-là.
Au cœur.
Et je ne connais qu’une façon d’y arriver.
Drette dans les bull’s-eye.
C’est français ou anglais bull’s-eye ?  

 

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