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La pire question du monde

durée 4 juillet 2019 | 05h25

Vous arrive-t-il parfois de vous demander :  « À quoi bon »?

Je pense bien que ça nous arrive à tous, à un moment ou l'autre.  Cette corvée qui nous attend, cette chose à réparer, ces plantes qu'il faut arroser, cette lettre à écrire, cette personne à rencontrer...  À quoi bon?  Quelle importance au fond, que ça se fasse ou pas?

C'est la pire question du monde, celle qu'on ne devrait jamais se poser.

Bien sûr, la plupart de nos actions quotidiennes n'ont pas toujours une réelle importance...  mais si malgré tout elles en avaient, ne serait-ce qu'un tout petit peu?  Si pour quelqu'un ça faisait la différence entre un moment de bonheur et un moment terne?

Si je produis ne serait-ce qu'un sourire, ce que je fais n'est-il pas important?

Peut-être est-ce moi qui vais sourire tout seul, tout content de ne pas m'être laissé aller à l'indifférence ou à la négligence.  Peut-être que ce sera un autre, ou plusieurs autres qui apprécieront ce que j'ai fait.  Et je ne le saurai pas toujours.

Quand, par exemple, je vois un verre vide jeté sur le trottoir, si je le ramasse pour le déposer dans le bac approprié, mon geste est bien simple et n'aura pas de conséquence planétaire!  Mais ceux qui passent après moi sur ce trottoir, consciemment ou non, seront contents de le trouver propre.  Je pourrais bien me dire :  « À quoi bon?  Dans quelques minutes, un autre passant va jeter encore un verre, ou un emballage de repas, ou je ne sais quoi. »  Pourtant, à bien y penser, la propreté engendre la propreté, la négligence engendre la négligence.  Si je laisse un détritus sur le trottoir, il y a plus de chances que d'autres détritus le rejoignent sous peu.

On pourrait multiplier les exemples, et on en trouverait d'autrement significatifs!  À quoi bon faire mon lit ce matin, puisque je devrai le rouvrir ce soir?  À quoi bon rédiger des lois puisqu'il se trouvera toujours des bandits pour les violer?   À quoi bon soigner ma maladie, puisque je vais finir par mourir de toute façon?  À quoi bon vivre, tant qu'à faire?

Vous voyez, amis lecteurs, cette question est la pire question du monde.  Elle ne sert qu'à justifier l'indifférence, l'apathie, le découragement, la dépression.  À moins de toujours lui trouver une réponse pleine de vie, d'enthousiasme, de sérénité, de sagesse.

À quoi bon?  À quelque chose, c'est certain.  Même si je ne sais pas précisément à quoi...  ou à qui.

commentairesCommentaires

4

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  • MT
    M. Thériault
    temps Il y a 4 ans
    J’aime beaucoup ce genre de texte qui amène la réflexion. Surtout la partie ou vous dites qu’un simple petit geste peut apporter beaucoup à quelqu’un sans qu’on en connaisse vraiment la portée. Parfois même, ça peut amener un effet domino. Inspirant comme texte.
  • G
    Gilles
    temps Il y a 4 ans
    POURQUOI PAS? TELLE DEVRAIT ÊTRE LA QUESTION, NON?

    Mon cher Richard,
    Après avoir lu ton texte une première fois (c'est donc dire que je l'ai relu... plusieurs fois!), je me suis posé la question: "À quoi bon répondre à ce commentaire?" - Et puis, à bien y penser, j'en suis venu à regarder les choses par l'autre bout de la lorgnette et ma réponse a été: "Pourquoi pas?"

    Il est vrai qu'à première vue la question "À quoi bon?" distille plutôt le défaitisme que l'espoir, surtout si l'on s'arrête à la formulation de l'écrivain et journaliste Alphonse Allais (1854-1905): "À quoi bon prendre la vie au sérieux, puisque de toute façon nous n'en sortirons pas vivants?" Mais un autre écrivain français, musicien, poète et chanteur, Boris Vian (1920-1959) arrive, lui, à voir les choses plus positivement avec la même expression: "À quoi bon soulever des montagnes quand il est si simple de passer par-dessus?"

    C'est donc dire que, selon l'angle sous lequel on considère le déroulement de la vie, la "pire question du monde" peut devenir la plus importante et, pourquoi pas, la plus belle puisqu'elle finit invariablement par toucher à l'essence même de la vie, à notre raison d'être.

    Tu as sans doute déjà entendu parler d'un autre écrivain du nom de Shakespeare (1564-1616), William de son prénom, qui met dans la bouche de son héros Hamlet la question suivante: "Être ou ne pas être: telle est la question. Y-a-t-il pour l'âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d'une injurieuse fortune, ou à s'armer contre elle pour mettre un frein à une marée de douleurs?" - En résumé: céder ou lutter? Et je reconnais que cela n'est pas toujours évident car, ainsi que le disait Blaise Pascal (1623-1662): "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas." Mais ce n'est pas une raison pour démissionner: "N'attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites; décide de vouloir ce qui arrive et tu seras heureux", comme le disait le philosophe grec Épictète (50-v125). Et c'est une pensée similaire que nous a laissée Nietzsche (1844-1900) dans Ainsi parlait Zarathoustra: "Deviens ce que tu es."

    Autrement dit, selon mon interprétation très personnelle, la question "À quoi bon?" ne peut pas, et ne doit surtout pas, être uniquement une expression de défaitisme et d'abandon, elle peut être aussi être une formidable occasion de créativité et de développement qui trouve sa place au cœur même de l'Homme, ainsi que le disaient René Descartes (1596-1650): "Je pense, donc je suis" et Socrate (v399 av. J.-C.): "Connais-toi toi-même".

    Il est évident qu'on pourrait discuter longtemps de toute cette thématique qui constitue le fondement même de la grandeur de l'existence humaine, et ce, malgré nos faiblesses légitimes car, comme le disait encore Pascal: "L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible des roseaux, mais c'est un roseau pensant."

    Et je m'arrête ici, sur le conseil du philosophe chinois Wang Fu (78-163): "À quoi bon ergoter, il vaut mieux écouter"!
  • R
    Richard
    temps Il y a 4 ans
    Ouf! Ami Gilles, il y a, comme disaient les Anciens, "du blé à moudre" dans ton commentaire! Et de quoi méditer un bout en compagnie de gens qui n'étaient pas précisément dépourvus d'esprit... Merci d'enrichir ainsi ce blogue.
    J'avoue que j'aime particulièrement la citation de Boris Vian...
  • R
    Richard
    temps Il y a 4 ans
    Peut-être certains se demandent-ils: "À quoi bon commenter"? Ça m'apprendra à poser ce genre de questions...
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