La vie est une drôle de chose. On y tient avant tout, pourtant on chiâle contre les plus petites contrariétés sans penser que la vie n'est qu'une succession ininterrompue de petites contrariétés et de petits bonheurs...
À nous entendre, parfois, on pourrait croire que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue plus longtemps. Mais on va se battre pour conserver la vie le plus longtemps possible!
Saviez-vous que les périodes de l'Histoire où les taux de suicides étaient les plus bas ont été les périodes les plus noires? En France sous l'Occupation, voire dans les camps de concentration nazis, il n'y avait pratiquement pas de suicides. Selon les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé pour 2008, le pays où le taux de suicide était le plus bas était Haïti. Pourtant ni les Haïtiens de 2008, ni les Français de 1943 ni les Juifs de 1944 ne manquaient de « petites contrariétés »! C'est comme ça : on dirait que plus la vie est difficile, menacée, invivable presque, plus les humains tiennent à la vie. Et inversement, on dirait que plus la vie est facile, plus on se plaint.
La vie est une drôle de chose. Ou alors ce sont les humains qui sont de drôles de moineaux?
Pourquoi trouvons-nous constamment matière à nous plaindre et si rarement matière à nous réjouir?
Unetelle a une santé de fer, mais chiâle parce qu'elle a un bouton sur le nez. Pendant ce temps sa voisine combat un cancer. Untel est assez riche pour se payer deux voitures, un bateau et un avion, mais pousse les hauts cris s'il égratigne la peinture de son vélo. Pendant ce temps son voisin perd son emploi. Vous voyez le genre? Je pourrais continuer la liste d'exemples, mais vous le pouvez aussi bien que moi, j'en suis persuadé. Et puis, ne jouons pas à l'autruche : nous sommes souvent Unetelle et Untel, n'est-ce pas?
Vous comme moi, combien de fois dans une journée ne disons-nous pas : « Maudit que ça va mal aujourd'hui! J'ai échappé une goutte de soupe sur ma blouse! La rue est encore bloquée! Maudite télévision, c'est rien que des annonces! Regarde-moi la tête, j'ai une couette qui retrousse tout le temps! Ça coûte donc bien cher, cette affaire-là? Pourquoi est-ce que je ne suis jamais capable de me trouver un stationnement proche du magasin? Comment ça se fait qu'il mouille tout le temps? La pelouse est jaune, quand est-ce qu'il va mouiller, donc?»
La litanie est infinie.
Mais combien de fois dans une journée disons-nous : « Quelle belle journée, pas trop chaude, juste un bon petit vent... Tiens, le prix a baissé pour cette affaire-là... Oups! Par chance, la tache de soupe a disparu avec un peu d'eau et de savon. Quelle bonne émission, ce soir. Ouf! Quand je regarde tous ces chauves, j'apprécie d'avoir encore des cheveux... La rue va être pas mal plus belle après les travaux. Tiens, une bonne pluie, ça va faire du bien... »
Pour la plupart d'entre nous, cette litanie devrait être beaucoup plus « infinie » que l'autre.
La vie est une drôle de chose : on dirait que l'on est myope pour voir tout ce qui est bon, mais on a des yeux d'aigle pour voir tout ce qui n'est pas parfait!