…—Rien! Avouèrent-ils tour à tour quand ils se rassemblèrent dans le hall.
—Attendez un peu, dit alors Marion pensivement. L’enfer, est-ce que ça peut être autre chose que du feu?
—Bien sûr! s’exclama Robert. Comment n’y ai-je pas pensé avant? L’enfer, c’était un endroit réservé dans une bibliothèque, où l’on gardait les livres à l’index, les volumes « à ne pas mettre entre toutes les mains ».
—La bibliothèque… Je l’ai pourtant bien inspectée, dit Albert. Rien que des livres.
—As-tu regardé chaque livre, chaque titre? demanda Robert d’un ton ironique.
—Bien sûr que non, il y en a des milliers… Et puis je cherchais un foyer, un poêle, quelque chose qui ait rapport avec le feu.
—Assez perdu de temps, intervint Vanessa. Allons voir s’il y a un enfer dans cette bibliothèque.
Ils s’y rendirent tous les cinq et se répartirent les rayons. Il y avait là des livres de droit, des catalogues philatéliques et numismatiques, de précieux volumes richement reliés, mais aussi une impressionnante collection de romans policiers à couverture simplement cartonnée. Sur une tablette du bas s’alignaient des centaines d’albums de bande dessinée. Dans une autre, les gros volumes de plusieurs encyclopédies.
Les trois hommes et les deux femmes passèrent en revue les titres et les auteurs, tirant parfois un livre, le replaçant, fouillant derrière, au-dessous.
Ils furent pris d’un rire nerveux quand Marion leur montra une collection complète et visiblement usée des romans de la Comtesse de Ségur. Pour le reste, biographies, livres d’Histoire, classiques grecs, latins, français et anglais voisinaient avec les auteurs modernes : Daniel Pennac, Nicolas Dickner, Paul Auster, Barbara Pym, Margaret Atwood… Il y avait de tout. Mais rien qui aurait mérité l’enfer…
—Rien! Nous n’y arriverons jamais, finit par soupirer Albert.
—Inutile de s’obstiner, approuva Thomas d’un ton découragé. Savez-vous, nous devrions attendre que les portes s’ouvrent, puis foutre le feu à ce foutu manoir. Comme ça, « ce qui nous revient » brûlerait pour de bon en enfer! Qu’en dis-tu, Albert?
—Espèce de malotru! s’exclama Robert en prenant Thomas au collet, tu serais prêt à brûler la propriété, l’héritage de Vanessa et probablement le corps de Lescope avec! Vous mériteriez, tous les deux…
—Arrête, Robert! cria Vanessa. Ils n’en valent pas la peine. Et puis tout n’est pas perdu. Je pense que je viens de comprendre où se trouve l’enfer…
Et vous, sagaces lecteurs, avez-vous une idée? À quoi donc Vanessa vient-elle de penser? Vous en savez autant qu’elle… trouverez-vous avant la semaine prochaine?