—Je ne pense pas que les chiffres correspondent à des mots, murmura Thomas. Je pense plutôt qu’ils correspondent à des lettres avec lesquelles nous pourrons former des mots.
—Mais, demanda Vanessa, pourquoi certains chiffres sont-ils reliés par un trait d’union et d’autres pas?
—Attendez, attendez! Je pense que j’ai trouvé!
C’est Albert qui s’exclamait ainsi. Il tendit la main et décrocha le combiné du téléphone qui se trouvait sur le bureau, de façon à révéler le pavé numérique des touches d’appel.
—Regardez, dit-il. Au-dessus des chiffres de 2 à 9, il y a un groupe de trois lettres. Au-dessus du 5, il y a J, K et L. Éliminons le K, car il est rare qu’en français un mot commence par cette lettre. Au-dessus du 3, nous avons D, E et F. Un mot ne peut commencer par DJ, DF, LJ ou LF. Restent donc JE ou LE. Mais vous voyez que le 5 et le 3 sont reliés par un trait d’union : il faut donc prendre la troisième lettre au-dessus du 5, puis la deuxième au-dessus du 3, ça fait LE. Le chiffre suivant, 8, est tout seul : j’en déduis qu’il faut prendre sa première lettre, soit T. Continuons!
Il ne fallut que quelques minutes pour que la phrase apparaisse en clair :
« LE TIROIR DU BAS N’EST PAS LE TIROIR DU BAS ».
Robert se précipita pour enlever de nouveau les trois tiroirs du secrétaire. Il chercha si le dernier avait un double fond : il n’en avait pas. Se mettant à genoux, il passa alors sa main sur la planche inférieure sur laquelle avait glissé le tiroir du bas et très vite, il trouva un petit creux. Il appuya du doigt. Dans le profond silence, on entendit un « clic », et la large planche se souleva comme un couvercle.
Dans l’espace ainsi découvert, il y avait deux enveloppes. La première, large et épaisse, contenait quelques centaines de timbres-poste insérés dans leurs pochettes de protection. Avec des précautions infinies, Robert se mit à les étendre sur le bureau en récitant comme une litanie :
—Le « One Penny » de l’île Maurice de 1847, le « Two Pence » bleu, le « Benjamin Franklin » de 1868, le magenta de la Guyane, mon Dieu! Le « Tre Skilling » jaune suédois de 1855, et puis voici un « One Penny » noir… Il y en a pour des millions!
—Et ça, qu’est-ce que c’est? C’est pour moi, s’exclama Marion en prenant la seconde enveloppe. C’est écrit : « Pour Marion, sans faute ».
Albert, Thomas et Vanessa vinrent regarder par-dessus son épaule. Quant à Robert, insensible à tout ce qui l’entourait, il continuait à inventorier ses timbres en marmonnant des dates, des chiffres, des noms de pays parfois disparus.
Marion ouvrit l’enveloppe. Elle contenait une demi-feuille de papier avec cette courte inscription sur deux lignes :
2008
955-17M 1094-2D 1141-4D
—Encore du charabia, dit Thomas.
—Certainement pas, répondit sèchement Marion. C’est encore un code. Ce salaud de Lescope a tenu parole pour Robert, pourquoi en serait-il autrement pour nous? Au fait, Robert, range tes timbres et viens nous aider. Le temps passe, et quand les portes se rouvriront, je pense que nous aurons intérêt à repartir avec chacun notre butin avant l’arrivée de la police…
Sans doute Marion a-t-elle raison, amis lecteurs. Si vous pouviez lui donner des idées pour décoder le message d’ici la semaine prochaine…