… Et soudain on entendit un gémissement venant du bureau, puis le petit bruit d’une clé tournant lentement dans la serrure. La porte s’ouvrit à peine et Didier Lescope apparut, livide, la bave aux lèvres. Il tenait dans sa main droite une liasse de papiers. Il fit un pas, tomba sur les genoux puis glissa doucement sur le sol.
Vanessa étouffa un cri. Marion, sans même se lever de son fauteuil, demanda :
—Il est mort?
Robert restait immobile, comme tétanisé. Thomas et Albert se précipitèrent d’un même élan et se penchèrent sur Lescope. Thomas chercha le pouls, secoua la tête.
—Il est mort, confirma-t-il. Empoisonné, j’en ai peur.
Pendant ce temps, Albert avait arraché de la main du gisant la liasse de papiers et lisait fébrilement, tournant les pages à toute allure.
—Extraordinaire, murmura-t-il. On dirait une sorte de testament. Il y a une page pour chacun de nous…
Sortant de sa torpeur, Robert intervint alors :
—Ne croyez-vous pas qu’il faudrait le porter sur un lit, je ne sais pas, et appeler la police? Ça n’est pas normal, ce qui se passe ici.
Il y eut un lourd silence, soudain rompu par Marion :
—S’il est empoisonné, ça ne peut être que par le champagne. Personne d’entre vous ne se sent mal?
À ces mots Vanessa étouffa un autre cri en portant la main à sa gorge. Les trois hommes se regardèrent, puis Thomas courut se pencher sur un précieux vase chinois et vomit violemment. Mais Robert les rassura bien vite :
—Si notre champagne avait été empoisonné, nous serions tous déjà morts. Non, ou bien seule la coupe prise par Lescope était empoisonnée, ou bien c’est autre chose qui l’a tué. Nous devrions fouiller le bureau…
—Attendez, dit Albert. Je pense qu’avant de faire quoi que ce soit, il nous faudrait lire ensemble ces pages
—Portons au moins le corps sur le canapé qui est là, reprit Robert en désignant une élégante ottomane à demi dissimulée derrière un luxueux paravent japonais.
Joignant le geste à la parole, il glissa ses mains sous les épaules de Lescope tandis que Thomas le prenait par les pieds. Ils allèrent l’étendre sur le canapé et Robert, dépliant un plaid trouvé sur l’ottomane, en couvrit le corps.
—Ainsi, nous n’aurons pas l’impression qu’il nous espionne encore, murmura-t-il. Puis il vint rejoindre les autres.
Aussitôt Vanessa glissa son bras sous celui de son mari. Elle tremblait comme une feuille. Robert la serra contre lui et murmura :
—Il nous a fait assez de mal comme ça. Maintenant qu’il s’arrange avec l’enfer.
Pendant toute cette scène, Albert était resté planté au milieu du hall, les yeux rivés sur les papiers qu’il avait qualifiés de « testament ». Les quatre autres s’approchèrent et Marion tendit la main.
—On peut voir? demanda-t-elle.
—Je vais lire ce que je peux, répondit Albert d’une voix sourde. Mais…
Je m’arrête ici, avides lecteurs. Et je pose la question : qu’y a-t-il donc sur ces fameuses pages? Essayez de l’imaginer, et faites-nous part de vos hypothèses. À LA SEMAINE PROCHAINE POUR LA SUITE!