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L'objet venu d'ailleurs (3)

durée 6 août 2015 | 06h00

Après le repas Anna m’a quitté pendant une petite heure, le temps d’aller chercher quelques affaires dans son appartement de la rue St-Louis.  J’en ai profité pour descendre à la cave.  J’ai pris le cylindre dans le tiroir, et je l’ai monté dans ma chambre.  Je l’ai posé sur ma table de nuit, entre la lampe et le vieux réveil Westclock.  J’ai tiré soigneusement les rideaux et le store, et j’ai même tendu un épais molleton devant la fenêtre.  J’avais l’impression de me retrouver dans ces vieux films où les héros font de la “défense passive”...

Quand Anna est revenue,  nous sommes allés tout de suite dans la chambre.  J’ai dévissé le couvercle du cylindre, et nous avons passé toute la nuit dans la clarté rouge.  Une nuit plus pleine que toute la vie de bien des gens...  Je pense que le pouvoir de l’objet s’est manifesté chez Anna vers trois heures du matin.  Et je dois avouer que je bénéficie toujours de ses initiatives réparatrices...

Nous avons fini par nous endormir, non de fatigue, mais de satiété.  Nous nous sommes endormis parfaitement assouvis.

Nous nous sommes réveillés ensemble:  j’ai ouvert les yeux, et tout de suite j’ai vu ses paupières frémir, puis ses yeux gris m’ont regardé.  Dans la chambre, la clarté était rose.  J’ai revissé le couvercle du cylindre, puis je me suis levé et je suis allé à tâtons retirer le molleton, lever le store, ouvrir les rideaux.  Dehors il faisait grand soleil.  Soudain Anna a sauté sur ses pieds en s’exclamant:

—Giovanni!  Nous avons oublié Giovanni!  Nous allons être en retard...

Bien sûr, nous avions oublié Giovanni.  Nous avions même oublié le reste du monde!  Mais décidément je ne me sentais pas d’humeur à laver de la vaisselle en ce beau mardi, et je n’avais pas envie que mon Anna aille s’abîmer encore les doigts en pelant des légumes...

—Je vais appeler Giovanni, dis-je.  Nous prenons une journée de congé.  Il me semble que nous aurions autre chose à faire...

—Oh! oui, Gaston, j’ai pensé à quelque chose juste en m’endormant...  Appelle Giovanni pendant que je nous fais couler un bain.

Il n’était pas trop heureux, Giovanni!  Mais c’est une bonne pâte d’homme, au fond, et il finit par accepter de ne pas nous congédier avant le lendemain.

Pendant que nous prenions le petit déjeuner, Anna m’expliqua son idée.

—Tu vois, nous avons tous les deux des pouvoirs, maintenant.  L’objet nous a...  enfin, nous savons ce que nous pouvons.  Alors que dirais-tu si nous allions nous promener dans les hôpitaux, au centre d’accueil pour handicapés, dans les foyers de personnes âgées...  Tu vois où je veux en venir?

Je la pris dans mes bras et la serrai très fort.

—Anna, tu vois comme tu es belle?...  Ce n’est pas ton nez, tes yeux, ou ta jolie silhouette...  Tu es belle en-dedans.  Tu l’as toujours été, et tu le seras toujours.

—Hier nous nous demandions ce que nous allions faire de cet objet...  Tu connais ma réponse:  nous allons nous en servir pour embellir le monde.

—Mais nous devons rester discrets:  imagine que des militaires apprennent l’existence de cet objet...  Que penses-tu qu’il arriverait?

Anna eut un petit rire.

—J’ai pensé à tout ça.  Nous devons être discrets, mais nous ne devons pas perdre de temps...  Viens, le monde est grand!

 

* * *

 

Je ne décrirai pas en détail cette journée:  ce fut à la fois une journée magique et une journée d’enfer.

Nous avons commencé par un foyer pour personnes âgées.  Anna y connaissait une dame d’à peine soixante ans, mais qui était atteinte de la maladie d’Alzheimer.  Comme cette dame n’avait qu’une fille résidant à l’étranger, on avait du se résoudre à la “placer” dans ce foyer.  Quand nous sommes entrés dans sa chambre, elle était assise au bord de son lit, immobile, et regardait par la fenêtre.  Quand nous nous sommes approchés elle a nous a jeté un rapide coup d’oeil, puis est retournée à la contemplation de son coin de ciel.

Anna a posé doucement sa main sur la nuque de la malade et s’est concentrée quelques instants.  Je savais qu’elle remontait la chaîne de l’ADN, corrigeant au passage les déviations nucléiques.  Quand elle a ôté sa main, la dame s’est tournée vers nous, l’oeil vif.

—Bonjour Anna!  Il y a longtemps que je ne t’avais vue...  Qui est ce beau jeune homme?  Vous allez prendre une tasse de thé avec moi, bien sûr?

—Il s’appelle Gaston.  Je ne peux pas rester, madame Rose; nous avons une très grosse journée.  Mais je pense que vous allez vous sentir mieux, maintenant...

Nous sommes repartis aussitôt.  En passant devant une chambre dont la porte était ouverte, j’ai vu une jeune femme qui pleurait au chevet d’un homme visiblement mourant.  J’ai pris une lampe-stylo que j’avais par hasard dans ma poche et je suis entré en coup de vent, en disant:

—Bonjour.  Docteur Lapierre.  Vous êtes sa fille?  Voyons ça...

J’ai relevé la paupière du moribond et j’ai fait semblant d’examiner sa pupille, puis j’ai posé la main sur sa poitrine.  Le coeur se préparait à lâcher:  les poumons n’apportaient plus d’oxigène, les reins étaient fatigués...  Il me fallut près de deux minutes pour redresser tout ça, et je finis en prononçant quelques sons azwaves afin que l’homme ne se réveille pas tout de suite.  En sortant, je n’ai pu m’empêcher de faire un clin d’oeil à la jeune femme, trop surprise pour réagir.  Elle aura mis sans doute quelques minutes pour réaliser que son père respirait désormais librement...  Il devrait vivre encore une bonne trentaine d’années.

Nous avons continué comme ça toute la matinée, évitant de notre mieux les médecins et les infirmières, et aussi les visiteurs... et parfois nous cachant presque des malades eux-mêmes!  Nous voulions soulager le plus de gens possible, mais nous ne voulions surtout pas que notre action soit connue.

Je me souviens (c’était un peu plus tard, à l’hôpital) d’une dame se dirigeant en retenant ses sanglots vers la salle de mammographie.  J’ai trébuché, et je suis carrément tombé sur elle, l’écrasant de tout mon poids.  Le temps que je me relève, j’avais eu le temps de régulariser le mouvement cellulaire.  Je pense qu’elle devait avoir meilleur visage en sortant de la salle d’examen...

Anna avait un faible pour les enfants.  Pendant que j’accaparais les infirmières et les préposés sous un prétexte quelconque, elle a fait rapidement le tour de la pédiatrie.  À la sortie, elle m’a dit en riant qu’elle n’avait pas touché au garçon du 13b, lequel semblait par ailleurs en bonne voie de guérison.

—Qu’est-ce qu’il a?  demandai-je.

—Il vient d’être circoncis...

Vers midi, notre pouvoir a commencé à diminuer.  Nous nous dirigions vers un centre d’accueil pour handicapés, quand un petit garçon nous dépassa à bicyclette, fit une embardée et tomba sur le trottoir, s’écorchant cruellement les mains et un genou.  Il nous fallut conjuguer nos efforts pour cicatriser tout ça, et quand j’ai voulu prononcer les sons azwaves pour le faire oublier, je me suis rendu compte que je ne savais plus.  L’enfant nous regardait avec un mélange de curiosité et de frayeur.

Anna heureusement a réussi à balbutier suffisamment d’azwaves pour effacer le souvenir de la douleur.  Puis elle a grondé doucement le garçonnet:

—Fais un peu plus attention, jeune homme!  Tu aurais pu te faire mal...

—Pas de danger, éh!  Regardez ça!

Et il partit en flèche, pédalant comme un dératé.  Heureusement que le vélo n’avait pas souffert de l’accident...

Anna et moi sommes littéralement tombés sur le banc le plus proche, épuisés, mais heureux.  Toute la matinée nous avions corrigé des anomalies physiques ou mentales.  Selon l’expression d’Anna, nous avions travaillé à “embellir le monde”.  Le monde n’en saurait rien, mais nous nous savions, et cela nous procurait une joie immense.

Je repense souvent à ces quelques instants que nous avons passés sur le banc du parc, et je me dis que nous étions alors transfigurés.  Nous étions épuisés, mais nous avions le sentiment d’être... réalisés.  Les très grands artistes et les très grands sportifs doivent se sentir ainsi au moment où ils viennent d’atteindre le sommet de leur art ou de leur discipline.  Et aussi certains savants, dans les minutes suivant une découverte qui va changer le cours de l’évolution humaine.

C’est Anna qui rompit le silence:

—Nous voici redevenus de simples humains...  Et nous avons fait si peu de choses...

—Mais ce que nous avons fait va rester.  Madame Rose va vivre normalement, l’enfant leucémique n’a plus trace de leucémie, la jeune femme brune va jouir de l’usage de son bras gauche, le bébé mongol va se révéler pas mal intelligent, l’homme au grand nez est débarrassé de son diabète, et tous les autres...  Et toi tu vas rester belle, mon Anna...  pour toujours...

—Mais c’est si peu de choses!  Viens, Gaston, allons chez toi...  chez nous.  Nous allons nous reposer un peu, puis nous ouvrirons le cylindre encore cette nuit...

Nous sommes rentrés lentement, en nous tenant par la main comme des adolescents.  Nous avons pris un bain, changé de vêtements, mangé un morceau.  Puis nous avons dormi pendant quelques heures.  Ensuite nous avons pris un repas plus consistant, et nous avons parlé beaucoup.  Nous avons parlé de nous, et chaque récit ou confidence nous soudait encore plus l’un à l’autre. 

Nous avons aussi parlé de l’objet venu d’ailleurs, et de ce que nous ferions le lendemain, et les jours suivants, pour “embellir le monde”.  Anna a commencé une liste d’endroits à visiter.  J’ai imaginé des plans de déguisements, des astuces pour que nos actions restent inconnues.  A un moment donné nous avons envisagé d’acheter une ferme...  enfin une fermette.  Avec les pouvoirs de l’objet, il serait peut-être possible d’améliorer certaines cultures, certains élevages.  Ainsi nous pourrions devenir “indépendants de fortune” et consacrer plus de temps aux “embellissements”...

Que de beaux rêves nous avons faits!  Comme le monde aujourd’hui serait moins laid, si nous avions gardé nos pouvoirs, même temporairement, même par intermittence!...

Vers minuit nous sommes allés dans la chambre; j’ai remis en place le molleton, j’ai baissé le store et fermé les rideaux.  Quand j’ai dévissé le cylindre après avoir fermé la lumière, la clarté qui a envahi la pièce n’était pas rouge, mais rose.

Je me suis rappelé qu’à notre réveil, ce matin-là, nous étions déjà baignés dans une clarté rose.  Sur le coup cela ne m’avait pas frappé.  Je pensais tout naturellement que l’affadissement de la couleur provenait de son mélange avec la lumière du jour...  pourtant la chambre était hermétiquement close!

Anna me regardait d’un air affolé.  J’ai secoué le cylindre, je l’ai fermé et rouvert, je l’ai placé en différentes positions...  La clarté qui en émanait n’était toujours que rose.  D’un rose assez pâle, en fait.

Nous nous sommes allongés sur le lit sans parler.  J’ai déposé entre nous le cylindre ouvert, et nous avons regardé mourir la clarté venue d’ailleurs.

Au début c’était presque imperceptible:  il fallait beaucoup d’attention pour remarquer que les ombres projetées s’estompaient juste un peu.  Puis, vers deux heures du matin, je m’aperçus que je pouvais à peine distinguer les objets sur la commode.  A mesure qu’elle s’affaiblissait, la clarté blanchissait,  devenait semblable à la lumière naturelle:  celle du soleil, de l’ampoule électrique, de la bougie...

En fait elle ne ressemblait plus qu’à la pauvre clarté d’une bougie dont la flamme papillote comme un oeil fatigué.

La dernière chose que j’ai vue à la lumière de l’objet venu d’ailleurs, c’est le reflet d’une larme sur la joue d’Anna.  Puis ce fut l’obscurité.  Une obscurité de “défense passive”...  Anna s’est serrée contre moi.  Au bout d’un long moment j’ai tendu le bras pour déposer le cylindre par terre à côté du lit.  Anna tremblait.  J’ai ramené les couvertures sur nous.  Nous avons fini par nous endormir.

 

* * *

 

C’est le téléphone qui m’a réveillé.  Giovanni.

—Ma qué!  Tou es encore au lit, maldito!  Qui c’est qui va laver toutta la vaisselle, éh!  Tou crois qué Giovanni il va tout faire tout seul, peut-être?  Et Anna, tou sais où elle est, toi?  Son téléphone il né répond pas.  Qui c’est qui va préparer les légoumes?  Ma qué cé qué j’ai fait au bon Dieu, Madonna mia!

De simples humains...  Anna avait bien raison, la veille, sur le banc du parc.  Sans les effets de la lumière rouge, nous étions de simples humains.  Et comme la plupart des simples humains, il nous faudrait bien continuer à travailler pour gagner notre vie.  J’ai dit à Giovanni que je savais où trouver Anna, et que nous serions tous les deux au poste dans quelques minutes.

J’ai raccroché.  Anna était debout dans la porte de la chambre.  Elle m’a fait un bien pâle sourire:

—Bonjour ô plongeur de restaurant, mon amour.  L’humble fille de cuisine se prépare en vitesse.  Nous parlerons en travaillant.

Elle s’est fagotée comme l’as de pique, a tordu un chiffon sur ses cheveux.  et s’est caché les yeux derrière une grosse paire de lunettes fumées.  Ainsi, elle a presque réussi à redevenir quelconque.  Nous avons couru jusqu’au restaurant, où tout le monde était trop pressé pour nous regarder de près.  D’ailleurs qui nous a déjà vraiment regardé?

Le travail nous a fait du bien.  Même la plus ordinaire des tâches fait du bien quand on ressent un pareil vide.  Nous étions comme en deuil.  C’est comme si nous avions perdu...  je ne sais pas comment dire ce que nous avions perdu.  Il n’y a pas de comparaison possible:  ce que nous avions perdu, aucun être humain avant nous ne l’avait possédé, sauf peut-être un certain Jésus.

J’ai lavé ma montagne d’assiettes sales, Anna a pelé et coupé des montagnes de patates et de carottes et d’autres légumes.  Giovanni et les petites serveuses ont dansé autour de nous leur ballet habituel.  Le mercredi est toujours une grosse journée, je ne sais trop pourquoi.  Finalement nous avons très peu parlé, Anna et moi.  A quoi bon?

D’ailleurs nous n’avons pas beaucoup parlé, depuis ce jour-là, du cylindre venu d’ailleurs.

 

* * *

 

Je l’ai gardé précieusement, bien sûr.  De temps en temps, sans véritable espoir, je fais l’obscurité et je dévisse le couvercle.  Il ne se passe jamais rien.  L’obscurité.  Ce n’est plus qu’un morceau de métal.  Et sans sa clarté rouge, c’est un morceau de métal parfaitement inutile.

Nous ne travaillons plus au restaurant de Giovanni.  En fait nous n’y avons travaillé que quelques semaines après...  après cette aventure.  J’ai trouvé un poste de préposé à l’entretien dans une usine de pâte et papier;  en même temps, Anna a commencé à peindre.  Ses tableaux étranges, toujours baignés d’une lumière rouge, ont tout de suite impressionné les critiques.

Aujourd’hui je suis contremaître.  Anna vend régulièrement ses toiles.  Nous avons acquis une honnête aisance, aux yeux du monde.

A nos yeux à nous, nous savons d’un côté que nous sommes extrèmement pauvres en regard de ce que nous avons eu, ou de ce que nous avons été pendant une nuit et une matinée.  De l’autre côté, nous savons bien que nous sommes extrèmement riches de toute la santé, de toute la beauté aussi, que nous a données l’objet venu d’ailleurs.  Quant à l’amour, nous ne le devons qu’à nous-mêmes...

Anna est enceinte pour la deuxième fois.  Notre fils aîné a deux ans.  Il n’a souffert d’aucune maladie infantile.

Hier matin, alors qu’il jouait sur la pelouse, un oiseau s’est frappé contre une fenêtre et est tombé à ses pieds.  Avant qu’Anna ait le temps de réagir, le petit a pris l’oiseau dans ses mains.  Puis il a fait une grosse risette, ouvert les mains...  et l’oiseau s’est envolé.

C’était sans doute une coïncidence.

 

commentairesCommentaires

9

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  • A
    Annie
    temps Il y a 8 ans
    Youpidou, ça finit bien!
  • Y
    Yoann
    temps Il y a 8 ans
    À l'instar de ce qu'on dit de l'argent, le tube en soi n'a pas fait le bonheur mais y a contribué... Puisqu'il leur a permis de se rencontrer, d'évoluer dans la société, et de vivre plus confortablement.
    Il y a quelques belles leçons à tirer de ce joli conte en tout cas.
    Bravo!
  • MD
    Madeleine D.
    temps Il y a 8 ans
    Bravo Richard...J'ai presque versé une larme quand l'oiseau s'est envolé...
  • MT
    M. Thériault
    temps Il y a 8 ans
    Super, comme vous nous avez habitués. Et avec toujours cette belle sensibilité…
    La finale m’a surprise et vraiment conquise. Je l’ai beaucoup aimé votre histoire...
    Je le savais donc, moi, que je ne serais pas déçue!! J’ai déjà hâte à la prochaine! ;o) Un gros bravo à vous.
  • A
    Annie
    temps Il y a 8 ans
    M. Levesque: Encore une fois, je vole et fais mien le commentaire de Mme Thériault. Très belle histoire, et une fin heureuse... Comme je suis de la vieille école, j'ai imprimé les 3 volets et les ai lus d'une traite. Encore mieux!
  • R
    Richard
    temps Il y a 8 ans
    @tous, merci! Quel dommage que je ne trouve pas un objet de ce genre... J'en profiterais pour arranger mes pauvres genoux.

    @Annie: bonne idée de lire tout d'une traite. J'aurais fait la même chose...
  • VTD
    Valérie T-D
    temps Il y a 8 ans
    La fin est remarquable! Je ne l'ai pas vue venir du tout! Finalement, Anna et Gaston n'étaient pas si ordinaires que ça!
  • R
    Richard
    temps Il y a 8 ans
    Demain ce sera la Rentrée, les copains. Vous vous sentez d'attaque? Vos cellules grises sont bien reposées?
  • Y
    Yoann
    temps Il y a 8 ans
    Mes cellules grises ? Reposées ? euh... Je crois qu'il ne m'en reste plus guère.
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