On parle souvent aujourd’hui des « bulles » spéculatives, de ces compagnies qui surgissent comme des champignons, du jour au lendemain, dont la valeur augmente à un rythme effréné, puis qui crèvent comme des baudruches en appauvrissant au passage nombre d’investisseurs trop crédules et surtout trop avides.
On se demande alors comment des gens intelligents peuvent être entraînés dans les spirales de la Bourse. On se demande comment des millions peuvent être investis sur du vent, sur du virtuel…
Pourtant cela n’est pas nouveau. Il y a quatre siècles, en Hollande, des fortunes colossales se sont construites sur la simple promesse de bulbes floraux! Entre 1634 et 1637, l’engouement pour les tulipes a provoqué une véritable folie : des gens intelligents vendaient leurs biens et s’endettaient pour acheter quelques bulbes… Bien entendu, la bulle des bulbes a fini par éclater, et alors des ruines colossales ont suivi. Après tout, les tulipes, si belles soient-elles, on ne peut les manger, on ne peut les utiliser pour construire des maisons ou des ponts, on ne peut s’en vêtir. Pas plus qu’on ne peut manger un jeu pour iPhone, ou se bâtir une maison avec les briques virtuelles de telle « application mobile ».
Je suis un optimiste : je pense que l’informatique, l’Internet et tous les iClouds du monde vont durer. Mais qu’arriverait-il si tout ça sautait en raison de je ne sais quoi, un virus, une panne de satellite, une guerre nouveau genre?
Vous imaginez les magasins, les bureaux, les banques, les hôpitaux, les écoles, tous les ministères, toutes les administrations… sans ordinateurs, sans mémoires vives, sans fichiers, sans Facebook, sans rien de ce qui est apparu après 1980?
Je ne me donne même pas la peine d’élaborer. D’ailleurs je suis optimiste : tout cela va tenir. Après tout, l’électricité, les aqueducs et le tout-à-l’égoût tiennent, depuis qu’on a sorti les poêles à bois, les lampes à l’huile, les puits et les puisards.
Mais quand même, je ne peux m’empêcher de trembler un peu, en admirant les tulipes qui se balancent doucement dans ma plate-bande…
Les curieux peuvent taper TULIPOMANIE dans leur moteur de recherche…