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L’achat local

durée 4 avril 2019 | 11h52
Alex Ann Villeneuve Simard
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Alex Ann Villeneuve Simard

Il est 8h et mon accalmie matinale est brisée par une discussion enflammée entre mon chum et moi.

On ne se chicane pas. On entame un débat sur la ligne qu’on doit tracer par rapport à l’achat local.

Lui, défend l’expansion de nos petits commerces qui pourraient aller se chercher une part de marché ailleurs. Qu’on peut rêver grand et avoir la « bosse » des affaires. Moi, je dis que le petit qui s’insulte que le gros s’installe près de lui, n’est pas mieux lorsque lui-même s’en va se grossir ailleurs.
Mais bon.

On ne sait pas où tracer la ligne.
Je prends ça à cœur.
Je vois au loin la difficulté du marché qui grandit.
Et se mélange à ça tellement de paramètres.

La division ne peut pas nécessairement être aussi claire que : les chaînes et les commerces locaux. Encore faudrait-il que l’on définisse ce que c’est un « commerce local. »

Ce n’est pas tout noir. Ni tout blanc.
C’est assez coloré.
De quoi nous rendre daltoniens.

Combien d’évènements dans nos petites localités sont commandités par des grosses chaînes? Tellement!

Venant de La Malbaie, j’ai entendu trop souvent des gens cracher sur le Casino de Charlevoix et profiter en même temps de plusieurs évènements pour lesquels ils étaient des commanditaires majeurs.

On repassera pour la cohérence.
Ça c’est comme les « pouceux » qui dénigrent les automobilistes.
« J’ai pas de char, je suis contre ça. »
Alors marche « body ».
Marche ou ferme-là.
L’humain est bourré de paradoxes.

Au fil de la discussion pour laquelle je m’emporte intensément pour quelqu’un qui vient de se lever, je désespère. Je n’arrive pas à trouver la bonne réponse.

Quand je me promène partout au Québec, je n’attends pas impatiemment d’y retrouver ce que je retrouve déjà chez nous. Pour moi, le plaisir des localités réside dans l’originalité des gens de la place. Le plaisir réside dans la découverte et la différence.
Mais, quand sur le bord de la 20, l’envie de « pipi-m’pong ». Je fais comme tout le monde et j’arrête dans un McDo pis j’me pogne un café. Ce que je fais de différent, c’est peut-être de culpabiliser pendant 2 heures de ne pas avoir cherché le petit café du coin pour me soulager la vessie tout en recommençant le débat interminable de l’achat local avec mon chum. Mais tsé.

On a du mal à trouver les réponses. À trouver les bonnes réponses.

Quand on prône l’achat local est-ce que cela voudrait dire qu’il faudrait refuser les clients qui proviennent de l’extérieur? Je ne crois pas.

Un commerçant ne peut pas s’insurger contre un citoyen qui magasine ailleurs alors que lui-même vend pour les gens de l’extérieur.
Le discours faut pas seulement l’avoir quand ça nous arrange.
Autrement, ça manque un peu de cohérence tout ça.

Il est grand comment le local?
Pour un, quand ça s’arrête au Bas-St-Laurent, ça marche.
Pour d’autres c’est quand on parle du Québec.
Pis y’en a pour qui le local c’est mondial.
Un tas de gens qui comme Elvis Gratton « think big. »
On est pas nés pour un petit pain, faut « thinker big » mon chum.

« Big » jusqu’à quand?
« Thinker big » à quel point Elvis?

On prône le libre-marché. Que le meilleur gagne.
Mais qui veut commencer une « game » de Monopoly avec quelqu’un qui a déjà son hôtel sur Promenade?
Que le meilleur gagne… Mais, à ressources égales s.v.p.

On parle d’expansion à plus finir.
On veut développer encore, mais résoudre le problème de main d’œuvre en même temps.
Ça prend pas la tête à Papineau pour comprendre que y’en a un des deux qui crée l’existence de l’autre.

Pis on vas-tu en parler un jour de nos entrepreneurs qui se brûlent par les deux bouts, qui hypothèquent leurs vies familiales, qui sont constamment à la recherche de nouveaux employés?

Au lieu d’en parler, on développe davantage.
En développant du nouveau plutôt qu’en reconfigurant le vieillot.

Prenez le projet du développement Ouest par exemple.
Sommes-nous vraiment à pleine capacité sur nos artères commerciales actuelles pour devoir ouvrir de nouveaux commerces dans un nouveau secteur?

Il me semble que diviser une tarte pour laquelle déjà plusieurs n’en mangent que les croûtes… c’est finir par faire manger plus de croûtes à plus de monde.

C’est sûr que si c’est vrai qu’on grandit à manger nos croûtes…
Mais j’ai toujours mangé mes croûtes.
Pis j’ai jamais grandi.
Fac…

Pour vrai, je rêve.
Je rêve qu’on développe davantage la Témiscouata en déshabillant le vinyle pour retrouver le cachet historique d’une rue malmenée.
Je rêve qu’on envisage l’élargissement des trottoirs de notre rue Lafontaine.
Qu’on  construise au centre-ville un fameux « parking » étagé signé Prelco.
Une œuvre d’art vitrée pour en donner plus à nos gens d’ici.
Pour investir là où plusieurs investissent depuis longtemps.
Je rêve qu’on décore avec audace l’entrée Est de la Ville, qu’on illumine ce bord de la 20 pour intriguer ceux qui roulent vers la Gaspésie.

Je suis une rêveuse.
On ne peut pas me le reprocher.

Rivière-du-Loup se hisse au 3e rang en terme de ville entrepreneuriale au Québec.
Un terreau fertile qui bénéficie de canaux de communications ouverts entre l’ensemble des institutions.
Tout ça, c’est bénéfique pour le milieu.

Faudrait juste pas qu’on l’échappe.
Le développement économique ce n’est pas juste une question d’expansion.

Je prends ça à cœur.
Je l’aime ma ville.
On a des questions à se poser.
Ça serait plaisant qu’on s’en parle.


P.S. : Je me suis toujours demandée… C’est qui Papineau, celui qu’on parle toujours de sa tête?
P.S.1. : Si le propriétaire de Prelco trouve que j’ai une bonne idée, je vous autorise à lui donner mes coordonnées.
P.S.2. : Mon chum est vraiment un être patient.
P.S.3. : Le dernier énoncé est un grand mensonge.

 

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