Aucune hésitation à avoir envers la 3e dose contre le variant Omicron
Au moment où l’administration de la dose de rappel des vaccins contre la COVID-19 s’accélère en province et que tous les Québécois de 18 ans et plus pourront bientôt prendre rendez-vous pour y avoir accès, des questions persistent quant à l’efficacité de celle-ci et l’importance d’aller la chercher. À Rivière-du-Loup, le Dr Pierre Harvey est sans équivoque : la 3e dose du vaccin est «essentielle». Selon lui, il ne doit y avoir aucune hésitation.
D’abord réservée aux personnes de 70 ans et plus, la dose de rappel est maintenant disponible à une grande proportion de la population. D’ici le 17 janvier, tous les groupes adultes auront même accès à la prise de rendez-vous. Le gouvernement espère que les citoyens répondront en masse à l’invitation et qu’ils seront vaccinés d’ici le mois de mars prochain, au plus tard.
Ce nouvel effort de vaccination est lancé alors que les autorités de santé publique répertorient chaque jour une hausse du nombre de nouveaux cas, mais surtout une augmentation marquée des hospitalisations liées au virus.
Si plusieurs citoyens doutent de la nécessité d’une troisième dose, les experts tentent d’être le plus clairs possible. La dose de rappel n’empêche pas de faire la maladie, ni de propager le virus. Elle permet cependant d’offrir une bien meilleure immunité au variant Omicron qui, depuis sa découverte en novembre, présente une contagiosité «spectaculaire», ainsi qu’une certaine résistance aux premières doses de vaccin.
«Le vaccin permet de ne pas être gravement malade et il est maintenant très efficace avec trois doses, même s’il n’est pas adapté au variant. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la serrure de la porte a changé, alors la clé rentre mal, mais elle rentre tout de même encore. Nos anticorps sont moins efficaces, alors la stratégie que l’on adopte, c’est d’en produire beaucoup plus. Cette quantité énorme [d’anticorps] va faire le travail et c’est ce qu’on constate», explique le Dr Pierre Harvey, médecin microbiologiste et infectiologue au CHRGP de Rivière-du-Loup.
Selon différentes études préliminaires, réalisées notamment au Royaume-Uni, où le variant Omicron a frappé plus tôt, la protection offerte par deux doses de vaccin contre le variant serait d’environ 30 %. La dose de rappel permettrait toutefois de retrouver un taux de protection d’environ 85 % contre la maladie sévère, note le spécialiste louperivois.
«Recevoir le vaccin maintenant, après avoir eu deux doses l’été dernier, fera augmenter de façon spectaculaire la production d’anticorps. Le niveau de protection revient, à toute fin pratique et pour une certaine période, ce qu’il était avant Omicron. Une dose récente permet également une protection accrue contre l’infection», souligne-t-il.
Le Dr Pierre Harvey a d’ailleurs été aux premières loges pour constater l’efficacité du vaccin. Deux patients qu’il suit depuis longtemps, aux prises avec des problèmes importants au niveau pulmonaire, ont survécu au virus grâce à la 3e dose du vaccin qu’ils ont reçu en priorité.
«Ils sont extrêmement fragiles au niveau pulmonaire et ils sont passés au travers. Ils ont été hospitalisés quelques jours et ils en sont ressortis. Je n’ai aucun doute que ces deux personnes-là, qui ne sont pas en fin de vie, sont toujours avec nous parce qu’elles étaient adéquatement vaccinées», témoigne-t-il.
Un «bel exemple» qui ne veut toutefois pas dire que les gens plus jeunes et en bonne santé n’en ont pas besoin, ou encore que la troisième dose permet de laisser tomber les mesures de protection sanitaires au quotidien, au contraire.
«Ce qu’il faut retenir, c’est que le vaccin est non seulement utile, mais qu’il est essentiel que les gens aient une nouvelle dose maintenant. On le fait pour soi, mais aussi pour les autres. Il ne faut pas non plus conclure que ce qu’on a fait dans les derniers mois n’était pas bon et que nous nous sommes trompés. Les solutions changent parce que le virus change. Il est important que le plus de monde possible comprenne ça.»
UNE CAMPAGNE ENTAMÉE TROP TARD?
Le Dr Harvey ne le cache pas, il estime que l’effort de vaccination pour la dose de rappel s’est enclenché trop tard au Québec, alors que l’actualité internationale dressait un portrait assez évident de ce qui attendait la province.
«Mon point de vue, c’est que ça avait beaucoup de sens de vacciner les plus vulnérables. Mais en même temps, il aurait fallu aller plus vite. Déjà, un mois plus tôt, on démontrait aux États-Unis qu’il fallait une dose supplémentaire […] Maintenant, nous sommes en éclosion, nous sommes en retard et on fait du rattrapage», constate-t-il.
Le médecin soutient que la dose de rappel est toujours plus que pertinente et il faut accepter celle qui nous sera offerte, que ce soit un vaccin de Moderna ou de Pfizer-BioNTech. La troisième dose sera aussi tout indiquée pour les jeunes qui la recevront plus tard, notamment puisqu’on ignore la durée de cette nouvelle vague au Québec.
«Aujourd’hui, on est plus susceptibles d’attraper le [virus], et bien qu’il soit moins virulent, il rend encore beaucoup de gens très malades. La protection du vaccin permet d’éviter cela. C’est ça le message. Retenez que le vaccin va vous protéger, mais continuez quand même de faire attention», maintient le Dr Harvey qui se réjouit de constater que des dizaines de personnes vont chercher une première dose depuis quelques jours au Bas-Saint-Laurent.
«On le répète, mais c’est important : le vaccin est sécuritaire et il reste notre principale porte de sortie.»
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