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13 ans, sacrament, c'est long !

durée 28 octobre 2022 | 11h51
François Drouin
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
François Drouin

En 2009 la chanson Poker Face de Lady Gaga prenait d'assaut les radios commerciales et nos oreilles.

En 2009, l’ADISQ couronnait Ginette Reno et Nicolas Ciccone comme interprètes de l'année.

En 2009, les Canadiens de Montréal et son capitaine Saku Koivu, s'apprêtaient à se faire balayer lessiver en première ronde des séries par les Bruins de Boston.

En 2009, Gabriel Dumont était repêché par ces mêmes Canadiens.

En 2009, feu Claude Béchard annonçait la création du parc national du Lac-Témiscouata.

En 2009, Bernard Généreux était élu pour la première fois dans Montmagny - L'Islet - Kamouraska - Rivière-du-Loup.

En 2009, c'était le début du Festival country de Saint-Antonin.

En 2009, mon fils avait un an et était encore à 18 mois de faire ses première nuits (insérez ici un long et profond soupir). Aujourd’hui, il est serré dans mes souliers et est parti à l’école en portant mes jeans.

Des fois, 13 ans, ça passe vite.

Mais des fois, comme le chantait Charlebois dans Engagement, 13 ans, sacrament, c’est long*. Parlez-en à Marie-Hélène Dubé !

En 2009, la Louperivoise lançait ce qui est aujourd’hui la plus importante pétition de l’histoire canadienne afin de prolonger de 15 semaines à 52 semaines les prestations d’assurance-emploi pour les gens atteints de maladies graves comme le cancer.

En 13 ans, elle a amassé 620 189 signatures. Les gens à ses côtés qui ont mené ce combat avec elle sont tous morts. Tous. Les uns après les autres. Treize ans, c'est long.

  >> Aussi à lire : 13 ans de lutte et aucun changement à la Loi sur l’assurance-emploi

En 2009, c’était ma première entrevue avec Marie-Hélène qui lançait «15 semaines pour guérir, ce n'est pas assez !». Marie-Hélène est une survivante de trois cancers, mais elle est aussi survivante d’une volonté politique aussi courageuse que Jeff Petry devant Zack Kassian (pour ceux qui ne suivent pas le hockey, disons que Petry n’est pas le plus courageux ni travaillant de la LNH).

Tous les chefs de partis se sont prononcés en faveur du prolongement des prestations d’assurance-maladie, de Stephen Harper à Justin Trudeau… Jusqu’à ce qu’ils prennent le pouvoir. On les a vus déchirer leur chemise, poser contrits aux côtés de Marie-Hélène Dubé. Ils n'ont rien fait de plus.

Pendant ce temps-là, des milliers de Canadiens retournent au travail trop tôt, malades, nuisant à leur chance de rémission. Trop en meurent.

Justin Trudeau veut prolonger les prestations de 15 à 26 semaines, mais ce n’est pas suffisant. En moyenne, rappelons-le, il faut 50 semaines pour vaincre la maladie. Mais à 26 semaines, ça permet au chef du PLC de dédouaner sa conscience et dire qu’il a fait quelque chose. Je me répète, mais pendant ce temps, des milliers de Canadiens retournent au travail trop tôt, malades, ce qui nuit à leur chance de rémission.

Avec la Prestation canadienne d’urgence, on l’a vu, il existe un «fast track», mais ça prend de la volonté.

Quinze ou vingt-six semaines de prestations constituent un bien maigre support pour une personne qui subit des traitements de chimiothérapie, de radiothérapie et/ou d'hormonothérapie. Vous avez une maison ? Imaginez-vous ne plus avoir les sous pour survivre et devoir vous résigner à la réhypothéquer à un taux de 5,3 %, ou pire, à la vendre ? Vous n’êtes pas un «Bougon», vous combattez un cancer ! Vous êtes diminué par des traitements de chimio, de radio, des traitements difficiles, qui vous rendent malades, mais après 15 ou 26 semaines, débrouillez-vous.

15 semaines ce n’est pas assez!

En marge de l’entrevue qu’elle a accordée à ma collègue Andréanne, nous avons discuté ensemble une partie de la soirée de mercredi. Comment vous dire… il y a chez Marie-Hélène ce feu qui brule, qui la consume aussi. Cette incapacité à accepter l’injustice. Si Justin Trudeau mettait autant d’énergie à prolonger les prestations de l’assurance-emploi qu’il en a mis à se sauver le derrière dans le dossier de We Charity, on parlerait du combat de Marie-Hélène Dubé au passé.

Seulement, j’ai l’horrible doute que l’on attend de parler de Marie-Hélène au passé pour conjuguer les 52 semaines au présent. Mais ça n’arrivera pas, tenez-vous-le pour dit Monsieur Trudeau, vous aussi Monsieur Poilièvre. Cette femme-là est une battante et elle est en mission. Mieux encore, elle n'est pas seule.

Pour signer la pétition : https://15semaines.ca/

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* Les paroles exactes sont «100 ans, sacrament, c'est long»

 

commentairesCommentaires

3

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  • GD
    Gilles Dubé
    temps Il y a 1 an et 7 mois
    Bravo! Malheureusement tellement véridique!
    Belle ironie mordante!
    Félicitations et merci!
  • RL
    Richard levesque
    temps Il y a 1 an et 7 mois
    Je suis toujours déçu que des textes comme celui-ci ne paraissent pas aussi dans l'édition-papier... Il y a encore bien des gens qui ignorent la version électronique et qui ne le liront jamais!
  • FD
    François Drouin
    temps Il y a 1 an et 7 mois
    @ Richard, je suis conscient qu'une part de nos lecteurs du journal hebdomadaire ne se rendent pas au pendant quotidien et électronique d'Info Dimanche (l'inverse est aussi vrai), mais je privilégie le contenu journalistique pour le «papier». Ajouter un si long billet me forcerait à couper du matériel souvent plus communautaire et je crois dans la mission communautaire du journal. Je développe donc deux plateformes qui ont leur propre identité. Textes exclusifs, sujets approfondis, dossiers, textes communautaires, place aux lecteurs : papier. Opinion et blogues, textes sur le «beat», collés sur l'actualité, photoreportage, sans parler des différentes sections : web. Mais rien ne t'empêche de partager ce billet (courriel, Facebook, bouche-à-oreille).

    @ Gilles Merci ! Il faut que ça change. Et chaque fois que Marie-Hélène aura besoin d’une plateforme pour mettre de l’avant son combat, elle trouvera une oreille attentive ici.
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