Jean-Pierre Bastille: le battant
Il arrive un moment dans notre existence où l’on souhaite récolter ce que l’on a semé, prendre du temps pour soi et profiter de la vie. Mais il arrive parfois que le destin en décide autrement. À l’aube de la soixantaine, Jean-Pierre Bastille a mené un combat bien loin de sa réalité de président de Les Aciers J.M. Bastille, il a dû vaincre un cancer de type 4.
Le 17 janvier 2017, l’homme d’affaires apprend que les maux de gorge qui l'affligent depuis le temps des fêtes sont le résultat d'un cancer des amygdales de type 4A. Pire, le cancer s’est étendu à des ganglions, à la langue et à la gorge. Malgré le choc, l’homme d’affaires refuse de voir le diagnostic comme une condamnation à mort.
«À Québec on m’a expliqué que le cancer touchait aussi la base de ma langue, le fond de ma gorge, 24 ganglions du côté droit, 42 du côté gauche et un muscle du cou.» Malgré tout, les médecins se font rassurants, les pronostics de guérison sont optimistes.
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Un protocole mêlant radiothérapie et chimiothérapie s’enclenche. Un masque fait sur mesure est préparé. Mais les nombreux effets secondaires annoncés du traitement laissent Jean-Pierre Bastille perplexe. «On me donnait 20 % de chance de décès et 80 % de chance de survie, par contre, je me retrouvais avec des séquelles importantes, je risquais de perdre la moitié de mes dents, de perdre l’odorat et le gout et j’allais en sortir diminué de 70 %. Je ne pouvais pas me satisfaire de ça, il devait bien exister quelque chose d’autre, ailleurs dans le monde. J’ai envoyé mon dossier à New York, Washington, Boston…»
TROUVER UNE ALTERNATIVE
Loin de se résigner à suivre le chemin tracé, Jean-Pierre Bastille s’informe, il en fait son projet de vie, il en fait une «business». Il cherche, en Europe, en Amérique, une alternative viable et efficace. C’est à ce moment qu’une connaissance, une personne influente du monde des affaires basée à Montréal, fait naitre l’espoir. Une piste s’ouvre.
«Il m’a raconté qu’un médecin basé à Washington était à établir une nouvelle façon de faire et qu’il était spécialisé au niveau de la gorge. Dans mes recherches, on m’avait parlé d’un nouveau protocole très prometteur, mais qui n’était pas encore reconnu, c’était de ce gars-là dont on me parlait.»
«Ce gars-là» allait s’avérer être le Dr Nader Sadeghi, chef de service du département oto-rhino-laryngologie chirurgie cervico-faciale de l’Université McGill et professeur à l’université. La rencontre entre les deux hommes rassure Jean-Pierre Bastille. Il en sort convaincu d’aller dans la bonne direction.
Le médecin lui a expliqué que son cancer est particulièrement évolué. Le temps presse. «Avec ce que le Dr Sadeghi me proposait, j’avais plus de 90 % de chance de rémission avec une perte de sensibilité entre la gorge et le menton. Je conservais mes dents, mon énergie, mon odorat et le gout. Je conservais ma vie et ma qualité de vie.»
Son choix est fait. Le Louperivois allait donc prendre part à l’essai et être le 27e candidat à cette nouvelle technique, le 2e au Canada. De ce nombre, seulement deux n’ont pas survécu.
L’OPÉRATION
Aux séances traditionnelles de chimiothérapie, le Dr Sadeghi opte pour une dose plus intense dans le but de rapidement diminuer la taille de la masse cancéreuse. Le succès est au rendez-vous, la masse a diminué de 85 %. Il n’y a donc pas de radiothérapie et Jean-Pierre Bastille a pu être opéré à l’aide du robot chirurgical da Vinci.
«La seule chose que je lui ai demandé avant l’opération était qu’il se couche tôt», lance en riant l’homme d’affaires. L’opération a eu lieu le 11 mai 2017. La chirurgie a duré neuf heures et s’est avérée un véritable succès. De son opération, Jean-Pierre Bastille ne conserve que deux cicatrices le long du cou et une perte de sensibilité entre la gorge et son menton.
LEÇON
Pour ce dirigeant d’entreprise, s’il y a une leçon à tirer de son histoire, c’est celle de s’informer, de ne pas accepter sans poser de questions. De ne pas se résoudre, aussi.
«Tu veux t’acheter une maison, tu en visites et tu négocies, même chose si tu veux t’acheter une voiture, tu essaies et tu négocies, tu fais ta commande d’épicerie et tu regardes les spéciaux, mais ta santé... tu ne négocies rien. Tu suis le chemin qu’on te trace. Moi ce que j’ai fait, c’est regarder et trouver une alternative», raconte Jean-Pierre Bastille.
Aujourd’hui, l’homme d’affaires file le parfait bonheur, entouré des siens avec de la troisième relève de l’entreprise familiale, la tête toujours pleine d’idées, mais avec la volonté de transmettre au suivant.
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Amitié , Martin Pomerleau