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MAP > Après avoir atteint la finale de la LNAH deux ans de suite, les 3L de Rivière-du- Loup n’estiment plus être dans une période de transition ou de restructuration. Avec le groupe en place, dirigé par un noyau de joueurs jeunes et talentueux, l’organisation est prête à passer «à la prochaine étape». L’objectif? La vic- toire. Au lendemain d’une saison encourageante, voire «au-delà des espérances», les 3L ont dressé un bilan fort positif de la saison 2024-2025, ce jeudi 15 mai au Centre Premier Tech. Même si le résultat de la série finale contre les Éperviers de Sorel-Tracy n’a pas été celui qui était souhaité, le copropriétaire Christian Lévesque, le directeur général Fabien Dubé et le capitaine Tristan Pomerleau ont tous soutenu que l’avenir était prometteur à Rivière- du-Loup. «Nous avons connu une excellence saison et nous sommes bien contents, autant de la réponse des fans que des performances sur la glace», a déclaré Christian Lévesque, confirmant du même coup de la stabilité au niveau des actionnaires. «On était vraiment tout près, encore une fois.» «On est satisfaits d’avoir amené une deuxième finale en deux ans à Rivière-du-Loup. On sait que ce n’est jamais facile de faire du hockey en région plus éloignée dans cette ligue- là, alors c’est une fierté», a renchéri Fabien Dubé. «Ça démontre aussi les sacrifices que les joueurs sont prêts à faire pour porter ce groupe- là. C’est un héritage fort pour la suite.» SIGNATURES ET ÉCHANGES Le directeur général, qui a officiellement été reconduit dans ses fonctions pour la prochaine année, aura à nouveau fort à faire pendant la saison morte. L’équipe cherchera certainement à s’améliorer et à profiter des différentes chan- ces qui se présenteront, mais elle ne le fera pas à n’importe quel prix. Y a-t-il des opportunités du côté de la liste de protection? «Il y en a», a répondu Fabien à la question qu’il attendait de pied ferme. «On a quelques opportunités. Nous sommes en discus- sion avec nos joueurs de liste plusieurs fois par année et il y aura des nouveautés, mais il n’y en aura pas une tonne», a-t-il ajouté, prudent. L’organisation compte aussi le tout premier choix au prochain repêchage, lequel avait été obtenu dans l’échange de Maxime St-Cyr avec la National de Québec. À ce niveau, Fabien Dubé réfléchit à la stratégie qu’il voudra adopter avec son équipe. Il n’a pas non plus fermé la porte à un échange, si c’est gagnant pour l’orga- nisation. Notons aussi qu’aucun joueur actuel n’a signifié son désir de quitter l’équipe en vue de la prochaine saison. «C’est une bonne nouvelle! Nous pourrons compter sur notre noyau de joueurs pour une autre année, si ce n’est pas plus», a-t-il dit, heureux de pouvoir miser sur la stabilité et le développement pour la saison à venir. Quoi qu’il en soit, Fabien Dubé ne cache pas que les 3L ne compteront jamais sur l’aligne- ment le plus impressionnant «sur papier». Ce qui ne veut pas dire que l’équipe ne réussira pas à compétitionner et à s’offrir une chance de vic- toire. La force du groupe, a-t-il dit, réside dans le collectif, le respect que les joueurs ont les uns pour les autres, et les efforts qu’ils sont tous prêts à déployer sur la glace. Des mots acquiescés par Tristan Pomerleau et Christian Lévesque. De la moutarde, des compotes et une heure de temps de jeu Le Louperivois Tristan Pomerleau n’oubliera pas de sitôt le match de fou qui a opposé ses 3L de Rivière-du-Loup aux Éperviers de Sorel-Tracy dans la nuit du 10 mai. Un match de série intense, disputé devant les siens, mais qui a pris une tournure pour le moins spéciale quand la prolongation s’est étirée sur plus de 100 minutes de jeu. À plusieurs égards, cette rencontre en a été une de premières pour les joueurs et le personnel d’entraineurs. Malgré des carrières de quelques décennies dans le sport, aucun d’entre eux n’avait déjà joué un match de neuf périodes. Pas surprenant puisque la partie a été l’une des plus longues de l’histoire du sport en Amérique du Nord. Pomerleau, lui, n’avait jamais passé plus d’une heure sur la glace dans un match, mais c’est maintenant chose faite. 63 minutes de jeu. C’est le temps de glace estimé par l’organisation louperivoise pour le défenseur numéro 1 de l’équipe. Un sommet chez les 3L et du «jamais vu» pour l’athlète qui joue au hockey depuis un jeune âge et qui a toujours eu d’importantes res- ponsabilités. «Même pas proche! C’est de loin le match le plus long, de loin», a reconnu le Louperivois en riant, le 14 mai. Dans un match de 60 minutes, il estime son temps de jeu à 28 ou 30 minutes. «Cette fois, ce rythme-là était insoutenable. En prolongation, on ne pouvait pas se surtaxer. On aurait flanché. Le banc roulait, c’était des pré- sences courtes», a-t-il raconté. Un commentaire partagé par son partenaire et bon ami Félix Boivin. Ce dernier a lui aussi joué plus de 60 minutes. «C’est beaucoup de temps de jeu», a-t-il convenu. «Les présences sont courtes et les mises en échec sont moins percu- tantes. Tu gardes les choses hyper simples. Avec Tristan, on faisait notre sortie de zone, on effec- tuait notre passe et on retraitait au banc. On était complètement brulés.» Quelques jours après la dure défaite encais- sée lors du sixième affrontement de cette série finale dans la LNAH, les deux athlètes ne cachent pas que le match a été «difficile», autant physiquement que mentalement. C’est après les premières périodes de prolongation que le poids de la charge a commencé à se faire ressentir. «On essayait de se trouver de petits trucs entre les périodes. On s’hydratait, on mangeait des compotes. On était même rendus aux sachets de moutarde parce qu’on avait des crampes. C’était quelque chose…», a détaillé Tristan Pomerleau. «Les gars se couchaient par terre, s’allon- geaient les jambes au mur, se faisaient masser», a renchéri son coéquipier. «Quand tu joues une sixième, une septième ou même une huitième période, c’est vraiment un territoire inconnu. Le diner de la veille était très loin. Les bananes, le Gatorade, la moutarde ou le jus de pickles, ce n’était plus suffisant.» Au cœur de la nuit, les deux joueurs se sont même demandé si le but gagnant allait vraiment arriver, désillusionnés. «J’ai regardé Tristan sur le banc et on s’est dit qu’on allait jouer toute la jour- née, c’était complètement fou», s’est remémoré Félix. À titre comparatif, le défen- seur Seth Jones possède le record avec 65 minutes de temps de jeu dans un match des séries de la LNH. Une statistique impression- nante, mais qui doit être mise en perspective. Jones est un athlète professionnel qui compte sur des dizaines de spécialistes autour de lui. «Dans la LNH, les gars sont en hyper forme, ils s’entrainent tous les jours. C’est donc rare que ça s’éternise parce que le niveau de jeu demeure très élevé. Nous, les gars travaillent durant la semaine. On a commencé à manquer de gaz», a rappelé Tristan Pomerleau. «Nous nous sommes levés à 7 h le vendredi. On a travaillé dans l’avant-midi et on a pris la route pour Rivière-du-Loup. Ce sont des réalités com- plètement différentes», a ajouté Félix. Malgré la douleur et la fatigue, les joueurs ont pourtant réussi à garder le moral. «On se racon- tait des blagues. On essayait de détendre l’atmosphère», a dit Pomerleau qui ne cache pas que Félix est le coéquipier qui met de la vie dans le vestiaire. «J’ai toujours été un leader positif, j’aime détendre l’atmosphère, mais je dois avouer qu’à deux heures du matin, on ne savait plus quoi dire et c’était le silence dans la chambre […] À ce moment-là, chaque joueur créait sa propre moti- vation», a soutenu ce dernier. Une fois le marathon terminé, Tristan et Félix ont quitté l’aréna alors que le soleil se levait. Une première, ça aussi. À son arrivée à la maison, Pomerleau a mangé une bouchée, puis il s’est couché, chanceux de n’être qu’à quelques minu- tes de son lit. Ses fils, eux, s’apprêtaient à se lever pour déjeuner. L’invraisemblance. Félix a préféré faire la route vers Québec, même si une chambre était disponible pour lui à Rivière-du-Loup. «Quand tu roules sur l’auto- route et que le soleil te frappe dans le visage, moins de deux heures après la fin du match, tu réalises que tu as joué longtemps…», a blagué Boivin. Voilà un match qui restera dans les mémoires des joueurs, des membres de l’organisation et des partisans. Un jour, le résultat n’aura plus d’importance, il sera secondaire. Il ne restera que les souvenirs de joueurs aussi courageux que dévoués. PAR MARC-ANTOINE PAQUIN > «À un moment durant la nuit, j’avais les semelles tellement détrempées que j’avais l’impression d’avoir nagé avec mes patins. Mais je n’osais pas les enlever, de peur de ne pas pouvoir les remettre.» PHOTO : MARC-ANTOINE PAQUIN «La fenêtre est ouverte» | I NFOD IMANCHE Le 21 mai 2025 • SPORT 52 >
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