Appelés à donner leur avis sur la démolition de l’immeuble à logements du 27-29, rue Saint- Louis, ainsi que sur le déménagement de la mai- son patrimoniale voisine du 31-33, deux nouvelles propriétés du Groupe Medway, une douzaine de citoyens de Rivière-du-Loup se sont présentés au micro. Comme cela avait été le cas pour la demande de démolition du bâtiment de Poitras Meubles et Design, sis au 35, rue Saint-Louis, c’est plutôt pour se faire entendre sur le projet à venir – et le dénoncer – qu’ils étaient présents. Au centre de leurs interventions : des argu- ments lancés maintenant à plusieurs reprises à l’endroit des élus et membres du comité de démolition, mais qu’ils répètent, estimant ne pas être réellement entendus. Il est question d’un manque de transparence et d’écoute, de la des- truction de la richesse du centre-ville louperivois, de l’importance accordée aux promoteurs et de l’absence d’études indépendantes au sujet des impacts potentiels de la construction, entre autres. «Où sont les études d'impacts, d'intérêts publics? Comme citoyen, je m'attends, quand une décision d'importance doit être prise, pour un projet de cette envergure-là, à être informé. Je ne suis pas contre le projet, je veux m'assurer d'une décision éclairée pour laquelle on a regardé l'ensemble des impacts pour les utilisateurs de toute la ville», a martelé le résident de la rue Saint-Louis, Michel Ouellet, qui a déposé une demande de moratoire, il y a quelques semaines. Parmi les autres arguments soulevés, le citoyen Pierre Landry, également propriétaire sur la rue Saint-Louis, a affirmé que le projet ne pou- vait pas suivre son cours, puisque plusieurs élé- ments liés à la démolition, au déménagement de la maison et à l’intégration du nouveau bâtiment contreviennent au Plan d’implantation et d’inté- gration architectural (PIIA) louperivois. Il estime ainsi que le projet est «non-receva- ble». «Le comité de démolition devrait d’ores et déjà statuer qu’il est non-recevable et fermer le dossier», a-t-il dit. Quelques jours plus tard, le citoyen est allé plus loin en déposant une mise en demeure à l’endroit de la Ville de Rivière-Loup. Dans le document, il exige que les membres du comité de démolition - et éventuellement du conseil muni- cipal - rejettent les demandes de démolition (voir autre texte en page 9). ÉMOTION AU RENDEZ-VOUS D’une durée de près de deux heures, la soirée a été marquée par des interventions structurées, mais aussi très émotives. Le crescendo d’une cer- taine tension, d’un inconfort, pouvait être res- senti pendant les interventions, notamment lors- que des citoyens ont interpellé personnellement des membres du comité de démolition, lorsqu’ils ont critiqué le non verbal de leurs interlocuteurs ou encore lorsqu’ils ont déploré ne pas se sentir écoutés, pris «devant un fait accompli». «On est informés, sensibles au bien commun. On pose des questions, mais on dirait qu’on assiste à une simple procédure administrative et qu’on vient perdre notre temps […] Quelle place peut-on prendre?», a lancé, découragé, un rési- dent de Rivière-du-Loup. Le ton est aussi monté à un certain moment, lorsque l’homme d’affaires, Hervé «Ti-Père» Hodgson s’est présenté au micro pour appuyer le projet, seul de son camp à avoir effectué une sor- tie en ce sens. Selon les règles de la soirée, les membres du comité de démolition ne devaient pas prendre la parole. Mario Bastille, présent en remplacement du conseiller Steeve Drapeau, a toutefois répondu à certaines interrogations ou commentaires avec son chapeau de maire durant la soirée. Ses interventions ont pour la plupart été mal accueillies par le groupe de citoyens présents. Il a notamment fait réagir lorsqu’il a été questionné à savoir s’il serait à l’aise d’habiter sur la rue Saint- Louis présentement. «Honnêtement, ça ne me dérangerait pas», a-t-il répondu, soulevant de fortes réactions - et des rires - dans la salle. Selon Pierre Landry, l’émotion entre mainte- nant en jeu, puisque les citoyens ont l’impression de parler à un mur. «La Ville ne les écoute pas et c’est là qu’est vraiment le drame […] Quand on entretient un climat comme ça, il y a des explosions et des choses qui se passent qui ne sont pas souhaitables dans une collectivité», a-t-il soutenu. M. Landry, très impliqué dans ce dossier depuis quelques mois maintenant, a confirmé qu’une structure légale, une corporation, est en voie d’être formée par les citoyens inquiets. «L'idée de l'organisme, c'est de se donner un statut légal eut égard à ce projet-là et eut égard aussi à la possibilité d'aller chercher des sous éventuellement», a-t-il expliqué. Le second objectif est de former un groupe de veille et d’aide aux citoyens concernant des pro- jets ou décisions de l’administration municipale. Une annonce devrait être réalisée dans quelques semaines. Projet Medway : une rencontre émotive à l’hôtel de ville • MARC-ANTOINE PAQUIN
[email protected] Le comité de démolition de la Ville de Rivière-du-Loup organisait une audition publique sur les nouveaux avis d’inten- tion de démolition déposés par le Complexe Santé Rivière-du-Loup, une organisation liée au Groupe Medway, ce mercredi 3 aout. Une soirée chargée d’émotion, parfois même tendue, à laquelle se sont présentés plusieurs dizaines de citoyens interpellés et inquiets par la réalisation de l’éventuel projet de 9 étages. PHOTO : MARC-ANTOINE PAQUIN Sans surprise, le processus visant la délivrance du permis de démolition pour le bâtiment sis au 35, rue Saint-Louis, s’étire. La Ville de Rivière-du-Loup confirme que 78 personnes ont porté en appel la déci- sion donnant le feu vert à la démolition demandée par le Groupe Medway pour son Complexe Santé Rivière-du-Loup. En conséquence, tous les contestataires seront convoqués à l’hôtel de ville pour une nouvelle audition publique prévue le mardi 16 aout, à 19 h. Ils auront alors l’occasion de pré- senter leurs arguments aux membres du conseil municipal, avant que ceux-ci rendent une déci- sion finale. Seules les personnes qui ont porté la décision en appel pourront être entendues. Celles-ci rece- vront d’ailleurs l’invitation par courrier recom- mandé. Les autres personnes, intéressées par le processus décisionnel, pourront assister aux interventions sans toutefois intervenir. Le comité de démolition, formé des con- seillers municipaux Nelson Lepage, André Beaulieu et du maire Mario Bastille, avait donné son appui à la demande du promoteur, après avoir écouté les inquiétudes de citoyens, le 4 juillet. Rappelons que cette même procédure avait été suivie pour la demande de démolition du bâti- ment du 325, rue Lafontaine. Une audition publi- que avait été organisée, puis le comité de démo- lition avait donné son feu vert. Cette décision avait ensuite été portée en appel par trois per- sonnes, avant d’être entérinée par les élus. Démolition du 35, Saint-Louis : 78 contestations MAP 1154243222 LE 10 AOÛT 2022 • INFODIMANCHE 8 ACTUALITÉ