Quelques minutes après l’annonce, effectuée dans le cadre du dépôt du budget provincial, le militant – bien connu pour les combats environ- nementaux qu’il a menés dans la région et ailleurs au Québec – était d’ailleurs de retour dans l’action afin de recruter des personnes inté- ressées à se mobiliser contre le projet. «On veut mettre en place un premier comité qui aura le mandat de recruter d’autres person- nes», a-t-il expliqué, mercredi, au sujet d’une ren- contre de réseautage à venir. «Beaucoup de gens de la région veulent s’impliquer pour cette cause- là, et ça fait changement d’il y a 20 ans où on ne comptait que sur une poignée de personnes. On veut aussi aller voir les gens tout le long du tracé. On sait qu’il y a l’opposition à Saint-Fabien et le Bic, par exemple. On veut donc rallier tout le monde et déjà se mettre en marche chacun dans nos territoires.» Le comité citoyen «Le Pont de la 20, ça ne tient pas de bout» existe depuis près d’une décennie dans la région, mais il avait attiré l’attention publique lors d’une sortie en règle pour dénoncer ce grand projet routier soutenu par les quatre principaux partis politiques en 2018. Depuis, le groupe a continué d’archiver et de commenter l’actualité sur sa page Facebook, mais était peu présent sur la place publique…jusqu’à main- tenant. La décision du gouver- nement, attendue par de nom- breux élus et acteurs socio-économiques du Bas- Saint-Laurent, a remis le débat à l’avant-plan dans l’Est-du- Québec. «C'est inquiétant, mais la panique n'est pas prise non plus, puisque ce n’est pas demain matin que les bulldozers vont débarquer […] On sait que ce sera une lutte longue et éprou- vante, mais on veut participer à la réflexion qu’on doit avoir.» UN PROJET INCENSÉ Le temps qui passe n’a cependant pas changé d’une miette le discours des opposants au pro- longement de l’autoroute 20. Quelque part, la crise climatique et la réflexion sur la dépendance collective au pétrole ont peut-être même solidifié leur argumentaire, estiment-ils. «On trouve qu’à l’heure de l’urgence climati- que, c’est ridicule et insensé de mettre autant d’argent dans l’asphalte. C’est une vision des années 70, alors qu’il faut se projeter dans l’ave- nir», souligne Mikaël Rioux. «Ce projet va prendre plus d’une décennie à être réalisé. Où serons- nous au niveau climatique, de l'urgence environ- nementale, des coûts? Est-ce que ce sera vrai- ment ça le plus urgent?» Mikaël Rioux se questionne aussi sur les étu- des qui seront menées avec les sommes prévues au budget, puisque la volonté de Québec n’a pas encore offert de précisions à ce sujet. «Il faudra plus de transparence et vite. Est-ce qu’on recom- mence à zéro? Est-ce qu’on compte aussi réactua- liser l’étude sur le pont et le prolongement jusqu’à la route 293, ce qui avait déjà été fait? On n’a pas ces informations-là en ce moment.» PRIORISER LA ROUTE 132 Le comité citoyen est d’avis que les nouvelles études et analyses devront impérativement inclure une comparaison exhaustive entre le pro- longement de l’autoroute 20 et l’amélioration de la route 132 . «Ces études doivent définir les besoins nécessaires et les actions à prendre pour assurer la pérennité, l'amélioration et la valorisa- tion de cette route», croit Mikaël Rioux. «Les infrastructures routières de l'Est-du- Québec sont directement menacées par les chan- gements climatiques. Sachant que le gouverne- ment s'apprête à étudier la situation, nous pensons que la priorité doit être mise à s'assurer d'avoir les ressources financières nécessaires à la protection et à l'entretien des infrastructures déjà existantes, et ce avant tout projet de nouvelles routes», a-t-il ajouté. Philippe Guilbert, maire de Trois-Pistoles, voit aussi les choses de cette façon. Il croit que l’ins- cription du projet de prolongement de l’auto- route 20 au PQI est nécessaire pour mettre à jour les études et obtenir de nouvelles expertises en ce sens. «C’est un peu ce qu’on voulait, parce que ça va nous permettre d’avoir des données à jour de la situation et on pourra avoir une réflexion plus actuelle. Depuis les dernières études, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et beaucoup de cho- ses ont changé dans nos mentalités quant aux changements climatiques et au développement du territoire. Je crois aussi que les données vont nous permettre de montrer qu’il y a d’autres alternatives, que l’autoroute 20 n’est pas la meilleure solution», a-t-il partagé. Depuis son élection, il a tou- jours maintenu que le prolon- gement de l’autoroute 20 aurait un impact négatif sur la vitalité économique de la ville de Trois- Pistoles qu’il souhaite protéger. L’exemple local de L’Isle-Verte est une indication de ce qui pourrait attendre Trois-Pistoles, craint-il. «On savait qu’il y avait des risques avant de réaliser le dernier tronçon […] et la réalité a prouvé que ces inquiétudes étaient fondées.» Philippe Guilbert ne cache pas appuyer le comité «Le Pont de la 20, ça ne tient pas de bout». Il se réjouit d’ailleurs de constater que son objectif n’est pas seulement de monter le poing en l’air et de manifester. «Je pense que la démar- che est bonne. Elle va au-delà de la seule prise de position. Il y a une volonté de comprendre les enjeux, d’amener des solutions, de faire des pro- positions et j’embarque là-dedans. Le débat est nécessaire.» PRÊT À SE METTRE EN ACTION Quoi qu’il en soit, le mouvement citoyen est prêt à se mettre en marche rapidement, même s’il estime avoir un peu de temps devant lui pour bien préparer ses arguments et poursuivre sa mobilisation. «On estime que ça prendra quelques années pour que ça avance. Mais si tout déboule rapide- ment, on sera là», assure Mikaël Rioux, qui pré- cise ne pas avoir l’ambition d’être la tête d’affiche de ce nouveau combat «David contre Goliath». Le citoyen, fidèle à lui-même, ne rejette toute- fois pas l’idée de faire un coup d’éclat ou deux, si nécessaire. «Avec un ami, on a déjà des idées de tyroliennes géantes, si jamais les bulldozers res- sortent», laisse-t-il tomber, faisant un clin d’œil à une action passée pour la sauvegarde de la rivière Trois-Pistoles. La mobilisation s’organise déjà contre le prolongement de l’autoroute 20 • MARC-ANTOINE PAQUIN
[email protected] La volonté du gouvernement du Québec de remettre à l’étude le projet de prolon- gement de l’autoroute 20 au Plan québé- cois des infrastructures (PQI) n’a surpris personne à quelques mois des élections, encore moins Mikaël Rioux, un des mem- bres du comité citoyen «Le Pont de la 20, ça tient pas debout». Le citoyen de Trois-Pistoles y voit avant tout de l’opportunisme politique et craint que cette décision traduise un manque de vision à long terme. 1153061322 Certaines personnes aînées peuvent être à risque de subir de la maltraitance. Vous croyez être en situation de maltraitance ou craignez qu’une personne aînée près de vous le soit ? Téléphonez à la ligne d’écoute et de référence AIDE ABUS AÎNÉS : 1 888 489-ABUS (2287) Service confidentiel et gratuit, accessible tous les jours de 8 h à 20 h. aideabusaines.ca LE 30 MARS 2022 • INFODIMANCHE 8 ACTUALITÉ