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Les partenaires de la Table de concertation de la forêt privée du Bas-Saint-Laurent lancent un appel à l’action au gouvernement québécois pour contrer les effets dévastateurs de l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) qui sévit actuellement sur le territoire. Faute d’investissements supplémentaires, c’est toute la filière forestière bas-laurentienne qui risque d’être déstabilisée, entrainant la perte de dizaines de millions de dollars en retombées économiques dans les années à venir. Pour faire face à l’épidémie de la TBE et réali- ser l’ensemble de sa stratégie sylvicole qui garantit des approvisionnements constants, pré- visibles et de qualité, la région a besoin d’une aide d’urgence de 2 M$ pour réaliser des travaux d’aménagement dans l’année en cours et de 4,7 M$ supplémentaires par année, pour les qua- tre prochaines années. L’insecte ravageur est par- ticulièrement présent dans les MRC de l’est du Bas-Saint-Laurent (Rimouski-Neigette, La Mitis, La Matapédia et La Matanie). Dans la dernière année seulement, les zones touchées ont aug- menté de 23 %, passant de 1,31 million d’hectares à 1,62 million d’hectares. «Les peuplements affec- tés doivent être récoltés et reboisés en priorité, si nous voulons sauver le bois et assurer la péren- nité de la forêt qui agit comme un puits de car- bone. Pour ce faire, il faut concentrer l’ensemble de nos ressources dans les secteurs infestés. Cela crée un déséquilibre dans la répartition régionale des travaux qui affecte grandement la main- d’œuvre. À cela s’ajoute le fait que la région reçoit 2 M$ de moins en budget d’aménagement. Les conséquences sont graves, car il n’y a plus de budget pour réaliser les coupes partielles pré- vues à la stratégie sylvicole et il y a moins de tra- vail à offrir aux ouvriers forestiers et aux entre- preneurs dans l’ouest du territoire. La situation est critique pour plusieurs producteurs, tra- vailleurs et entrepreneurs», explique Maurice Veilleux, président du Syndicat des producteurs forestiers du Bas-Saint-Laurent. Les travaux d’aménagement en coupe par- tielle, telles que les éclaircies commerciales de plantation, permettent d’optimiser la croissance de la forêt. De plus, ils représentent une part importante des activités des travailleurs fores- tiers et des entrepre- neurs de la région. «Les effets de la réduction substantielle de ces tra- vaux se font déjà cruel- lement sentir chez les travailleurs, les tra- vailleuses et les entre- preneurs. Pour ces der- niers, on parle d’une baisse de 70 % des semaines-personnes entre 2020 et 2021. Cette incertitude pèse lourd sur les travailleurs et travailleuses de la forêt qui sont déjà de moins en moins nombreux. Si le gouvernement n’intervient pas maintenant, les impacts se répercuteront longtemps dans la région», souligne Pierre Sirois, président de la Fédération des groupements forestiers du Bas- Saint-Laurent. De nombreuses communautés rurales se sont structurées autour de la filière forestière. En 2016, on estimait à 4 840 le nombre d’emplois reliés à l’ensemble de cette filière. «Le Bas-Saint-Laurent a toujours été un acteur de premier plan dans l’aménagement forestier et la récolte de bois. La forêt privée de la région fournit une proportion importante de volumes de bois. En 2019-2020, les investissements gouvernementaux en forêt pri- vée permettait d’injecter 10,7 M$ en travaux sylvi- coles générant 59 M$ en retombées économi- ques. Sur la base des investissements gouvernementaux anticipés aux cours des pro- chaines années, l’apport économique généré par ces investissements connaîtrait une baisse cons- tante pour atteindre un maigre 23 M$ en 2025- 2026. Nous proposons au gouvernement d’aug- menter ses investissements dans la forêt privée du Bas-Saint-Laurent parce qu’il y trouvera son compte», analyse Bertin Denis, président du Collectif régional de développement. «Depuis des mois, nous avons multiplié les représentations auprès du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs pour exposer l’urgence de la situation, sans obtenir aucun résultat. Nous réitérons l’urgence pour le gouvernement du Québec d’investir immédiatement pour préserver la filière forestière bas-laurentienne. On ne peut pas se permettre d’abandonner toute la stratégie d’aménagement à un moment où la ressource est déjà mise à mal par la tordeuse des bourgeons de l’épinette, tandis que des milliers d’hectares de plantations sont prêts à être éclaircis. C’est con- traire à toute logique», conclut Michel Lagacé, président de la Table régionale des élu(e)s muni- cipaux du Bas-Saint-Laurent. Tordeuse des bourgeons de l’épinette : le Bas-Saint-Laurent interpelle Québec Bertin Denis, Michel Lagaceì, Pierre Sirois et Maurice Veilleux. COLLABORATION : FRANÇOIS DROUIN L’occupation des lits a été une des principales préoccupations dans les dernières semaines et l’arrivée de la cinquième vague a fait craindre le pire. Rappelons qu’en date du mercredi 12 janvier, l’occupation globale des lits dans les hôpitaux au Bas-Saint-Laurent était de 66 %, comparative- ment à la moyenne québécoise de 87 %. Le taux d’occupation des civières à l’urgence était de 37 %, alors qu’au Québec, ce taux grimpait à 98 %. En conférence de presse le 12 janvier, le prési- dent-directeur général adjoint du CISSS du Bas- Saint-Laurent, Dr Jean-Christophe Carvalho, a reconnu que la situation régionale était plus sta- ble et meilleure qu’ailleurs au Québec, tout rap- pelant que la situation de la 5e vague de COVID- 19 a quand même un effet sur les hôpitaux au Bas-Saint-Laurent. «(…) Il y a quand même un impact sur le délestage et sur les cliniques exter- nes», souligne-t-il. Au cours des dernières semai- nes, une salle d’opération a dû être fermée à Rivière-du-Loup en raison du délestage. Les grilles opératoires ont aussi été réduites, et quel- ques centaines d’opérations dites «électives» ont dû être reportées afin d’éviter des annulations. Dr Carvalho cite en exemple des chirurgies bariatri- ques, orthopédiques ou pour les cataractes, dont la prise en charge peut être retardée. HOSPITALISATIONS EN COURS On dénombre, en date du 18 janvier, 20 per- sonnes hospitalisées au Bas-Saint-Laurent, dont 1 aux soins intensifs. Il s’agit d’une diminution par rapport aux jours précédents. Toutefois, en con- férence de presse le mercredi 12 janvier dernier, le Dr Jean-Christophe Carvalho analysait ces don- nées avec prudence. «Ça ne veut pas nécessaire- ment dire que la situation COVID a changé depuis 24 heures. Ça veut dire qu’on a moins de person- nes hospitalisées pour de la COVID aujourd’hui. Pour l’apprécier comme il faut, il faut la regarder sur plusieurs jours, ou de semaine en semaine», ajoutait-il. Selon les dernières estimations données, envi- ron 30 à 40 % des personnes hospitalisées atteintes de la COVID-19 au Bas-Saint-Laurent étaient à l’hôpital pour une autre raison de santé. Une patiente qui est à l’hôpital pour accoucher, par exemple, et qui reçoit un résultat positif à un test de dépistage. D’autres paramètres peuvent entrer en ligne de compte. Une éclosion sur un étage en milieu hospitalier pourrait faire augmenter le nombre de personnes hospitali- sées en zone chaude rapide- ment. À la différence des précéden- tes vagues de la COVID-19, la vaste majorité des patients hos- pitalisés restent à l’hôpital moins de 10 jours, selon le Dr Carvalho. En date du 12 janvier, leur âge moyen était de 77 ans. Il y a eu 7 décès depuis. Il croit que la vaccination a joué un rôle pour prévenir l’hospitalisation des personnes les plus vulnérables, la sévérité de l’infection et ainsi diminuer le nombre de décès. CAPACITÉ HOSPITALIÈRE Le CISSS du Bas-Saint-Laurent se situe présen- tement au niveau 3 de délestage, c’est-à-dire que selon les paramètres du ministère de la Santé et des Services sociaux, il doit faire environ 50 % de délestage. Les chirurgies urgentes ou semi- urgentes sont donc effectuées en priorité et les chirurgies électives sont reportées dans le temps. La capacité hospitalière dans ces conditions est donc de 22 lits et de 4 aux soins intensifs, ce qui est suffisant pour les besoins actuels. Au niveau 4 de délestage, le CISSS du Bas-Saint-Laurent pourrait accroitre sa capacité à 40 lits sur les éta- ges et à 8 en soins intensifs. Dans ce scénario les hôpitaux de proximité, comme ceux d’Amqui, Matane, Témiscouata-sur-le-Lac et La Pocatière devraient ouvrir des lits pour accueillir des patients atteints de la COVID-19. D’après le Dr Carvalho, l’objectif pour le moment est d’éviter de passer au palier supérieur de délestage pour offrir le plus de services possible à la population. En fonction des besoins nationaux, le CISSS du Bas-Saint-Laurent est ouvert à accueillir des patients d’autres régions du Québec afin de leur venir en aide, à la demande d’autres CISSS voi- sins. Cela a été le cas au cours des dernières semaines. Le CISSS du Bas-Saint-Laurent a pris en charge deux ou trois patients en provenance de Chaudière-Appalaches. Les hôpitaux du Bas-Saint-Laurent un peu plus épargnés qu’ailleurs au Québec • ANDRÉANNE LEBEL andreanne@infodimanche.com Dans le bilan quotidien dressé par le CISSS du Bas-Saint-Laurent le mardi 18 janvier, on compte 73 décès, c’est 7 de plus dans les quatre derniers jours. Les autorités dénombrent aussi 20 personnes hospitalisées atteintes de la COVD-19, dont une se trouvant aux soins intensifs. Le nombre de nouveaux cas est aussi en baisse depuis la dernière semaine, avec 60 cas ce mardi. PHOTO : INFO DIMANCHE INFODIMANCHE • LE 19 JANVIER 2022 41 ACTUALITÉ

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