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L’athlète paralympique Cindy Ouellet ne participera pas aux prochains Jeux paralympiques d’hiver prévus à Beijing en mars 2022. Elle a fait son choix au cours des derniè- res semaines, quelques mois à peine après avoir été des Jeux de Tokyo, préférant prioriser sa santé mentale et les projets à venir. La Louperivoise a confié avoir pris cette «grosse décision» personnelle à la suite des essais paralympiques tenus récemment à Calgary pour la discipline du ski nordique. Elle y a fait ses temps – et nul doute qu’elle aurait fait partie de l’équipe nationale –, mais elle a tout de même décidé de ne pas être du voyage au printemps prochain. «Personnellement, je voulais réussir à faire mes temps et ensuite prendre ma décision. Je vou- lais que ça vienne de moi et non pas me faire cou- per ou mettre de côté», a-t-elle partagé en marge d’une conférence qu’elle a offerte à un groupe d’élèves de l’École secondaire de Rivière-du- Loup, le 16 décembre. Il y a à peine quelques mois, Cindy Ouellet était la capitaine de l’équipe canadienne de basketball en fauteuil roulant qui a terminé en 5e position aux Jeux paralympiques de Tokyo. Elle ne cache pas que le peu de temps entre les deux événe- ments – pour l’entrainement, notamment – a été au cœur de sa réflexion. «C’était trop rapide. En passant du basketball au ski, je n’avais que deux mois d’entrainement», a-t-elle expliqué. «Mentalement, je n’étais pas encore là non plus. J’ai de beaux projets avec l’organisme Sport’Aide, les Jeux du Québec et différentes con- férences qui arrivent. Je trouvais que c’était plus important pour moi de faire ces projets-là que de me concentrer sur les Jeux et de me mettre la bat- terie à terre en m’entrainant pendant 60 jours sans arrêt.» L’athlète de 33 ans, qui a parlé ouvertement de la dépression qu’elle a vécue en 2020, a sim- plement décidé de «choisir [sa] tête au lieu de [ses] bras», de mettre à l’avant son bien-être personnel. Elle souligne être sereine avec cette décision. À Tokyo, Cindy Ouellet en était à ses quatriè- mes Jeux paralympiques d’été, elle qui a égale- ment compétitionné en ski nordique aux Jeux paralympiques d’hiver en 2018. La Louperivoise est d’ailleurs la première athlète québécoise à avoir participé aux Jeux paralympiques d’hiver et d’été. Elle vise aussi toujours une présence à Paris en 2024. Cindy Ouellet ne sera pas des prochains Jeux paralympiques d’hiver Devant une salle pleine d’élèves de secon- daire 1 et 2 de l’École secondaire de Rivière-du- Loup, c’est essentiellement le message qu’elle a souhaité envoyer lors d’une conférence organi- sée en collaboration avec la Finale des Jeux du Québec 2022. Un autre? «On peut tirer des leçons de chaque expérience, qu’elle soit positive ou négative.» «On va tous vivre des choses qui ne sont pas le fun dans notre vie. C’est une montagne russe pour tout le monde, que tu sois un athlète de haut niveau ou pas. Mais il ne faut pas laisser ce qui nous arrive de mauvais influencer notre vie. Nous sommes toujours capables de tourner les choses d’une façon positive et de ne pas abandonner», partage celle qui a accepté le rôle d’ambassa- drice dans le cadre de la prochaine finale des Jeux du Québec. Pendant près d’une heure, le 16 décembre, Cindy Ouellet a parlé de son histoire. D’une jeu- nesse passée dans le sport, d’un accident et d’une maladie qui l’ont ultimement privée de l’usage de l’une de ses jambes, de sa participa- tion à cinq Jeux paralympiques comme athlète accomplie, et de tout ce qui vient au travers. Elle a partagé les hauts comme son amour pour plusieurs sports et le dépassement de soi, les langues, la musique et la recherche (les étu- des), mais aussi les bas comme l’intimidation, les tentatives de suicide et la dépression. Elle a été un livre ouvert sur ses forces et ses faiblesses, répétant que «rien n’arrive pour rien» et qu’elle ne s’identifie pas par ce qui lui est arrivé. «Être un modèle, ce n’est pas seulement mon- trer des choses qui sont belles. Si on vit des cho- ses plus difficiles et qu’on en parle, je pense que les gens peuvent se reconnaître à travers ça. Ils peuvent réaliser que devenir athlètes profession- nels, c’est atteignable pour eux aussi. Que les athlètes qu’ils voient si bons et si forts vont aussi moins bien parfois.» «Quand on parle de grands défis, je pense que c’est souvent nous qui nous mettons des bâtons dans les roues […] Il y a déjà beaucoup de person- nes qui tentent de nous bloquer la route dans la vie, il ne faut pas en être une de plus soi-même», ajoute-t-elle. Elle rappelle aussi qu’il ne faut pas hésiter à demander de l’aide quand on en a besoin. Ce qui a déjà été tabou ne l’est plus et elle se réjouit de constater que plusieurs athlètes professionnels influents ont décidé de s’ouvrir à ce sujet. Elle- même s’est ouverte publiquement sur une année pandémique difficile en 2020. «Aller chercher de l’aide, on n’a pas à avoir honte de ça. On en res- sort encore plus fort et outillé. C’est important de passer ce message-là aux jeunes. Parfois, ça ne nous tente pas de partager que ça ne va pas, mais c’est correct de le faire», souligne celle qui a été élue «Personnalité sportive féminine de la décen- nie» au Québec. Cindy Ouellet espère que le partage de son parcours saura aider quelqu’un à son tour, un peu comme les accomplissements des para-athlètes Dean Bergeron et Chantal Petitclerc l’ont fait pour elle lorsqu’elle était adolescente. «Si je n’avais pas eu ces deux figures-là comme exem- ples, je n’aurais pas su que c’était possible d’atteindre le niveau professionnel […] Ce sont de beaux modèles, des mentors de vie exception- nels», soutient-elle. «Je veux redonner à mon tour pour voir la pas- sion dans le visage des jeunes, aider d’autres per- sonnes qui ont vécu des choses difficiles. J’ai eu la chance d’être aidée. J’ai eu de belles opportunités de pouvoir avancer, de rencontrer beaucoup de personnes extraordinaires, de voyager. J’ai quand même une vie assez incroyable malgré tout ce qui m’est arrivé.» Engagée tant sur le terrain qu’à l’extérieur, Cindy Ouellet est reconnue pour les actions sociales et communautaires qu’elle multiplie afin de soutenir les causes et les organismes qui lui tiennent à cœur, telles que le Défi sportif AlterGo, Sport’Aide, la campagne Ensemble contre l’inti- midation du gouvernement du Québec, Bell Cause pour la Cause, le Comité paralympique canadien, Parasports Québec, et plus encore. Cindy Ouellet et l’importance de tirer le maximum de chaque occasion • MARC-ANTOINE PAQUIN [email protected] L’athlète paralympique Cindy Ouellet a un parcours unique, une histoire parse- mée d’embuches et d’obstacles qui ne l’ont toutefois jamais arrêtée. Résiliente, persévérante et passionnée, la Louperivoise souhaite profiter de chaque journée et surtout tirer le maximum de chaque occasion qui s’offre à elle. PHOTO : MARC-ANTOINE PAQUIN MAP 1150045121 72, Fraser, Rivière-du-Loup, G5R 1C6 418.862.1911 www.infodimanche.com Édition du 29 décembre HEURE DE TOMBÉE • Petites annonces Lundi 27 décembre, 15h • Publicités journal Lundi 27 décembre, 16h Prendre note que nos bureaux seront fermés les 24 et 31 décembre. INFODIMANCHE • LE 22 DÉCEMBRE 2021 39 SPORT

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