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LE 24 NOVEMBRE 2021 • INFODIMANCHE 18 ACTUALITÉ «J’avais 15 ans. À l’école, j’étais la fille un peu gênée. Si je disais une menterie à mes parents, je ne me sentais pas bien et il fallait que je leur en parle. Je voyais que toutes les filles de mon âge allaient en auto avec des gars. Je me demandais ‘’pourquoi moi je ne fais pas ça? Pourquoi per- sonne ne m’invite?’’» Un homme qui affirmait avoir 22 ans l’a invi- tée à bord de son véhicule pour une balade. Elle le connaissait puisqu’il baigne dans le monde de la musique rap, apparaissant dans des vidéo- clips sur le Web. «Il m’a agressée. Ç’a pris trois jours avant que je dénonce. Je suis allée toute seule au poste de police. Après ça, je l’ai annoncé à mes parents.» Ils ont fondu en larmes. Emma insiste: c’est grâce à l’enquêteur de la Sûreté du Québec que le dossier a pu avancer. Elle croyait que l’agression avait été causée par ses comportements, parce qu’elle avait choisi d’embarquer à bord de son véhicule. Questionnée par les enquêteurs, Emma a hésité avant de dire la vérité par peur de se faire répri- mander par ses parents. Quelques années après les faits, sa vision des choses a changé. «Ce n’est pas parce que je vais en auto avec toi que je t’autorise à m’agresser». À l’hôpital, elle a complété une trousse médico-légale, qui contenait des traces de l’agression. L’agresseur a plaidé coupable à une accusation de contacts sexuels sur une personne de moins de 16 ans, en 2018. «J’ai encore des pro- blèmes avec lui […] L’autre fois, il m’a coupée dans le chemin de façon dangereuse. Ça a pris deux ans avant que ça aboutisse, j’étais tannée. C’est de l’énergie.» L’ESPOIR APRÈS LA PEUR • ANDRÉANNE LEBEL | [email protected] À l’occasion de la campagne des 12 jours contre les violences faites aux femmes qui se déroule du 25 novembre au 6 décembre, Info Dimanche a rencontré trois femmes de la région du KRTB qui ont vécu des situations de violence conjugale et sexuelle. À travers leurs témoignages, elles illustrent la dynamique de contrôle et de prise de pouvoir qui s’exerce par la vio- lence, sous toutes ses formes. Leur identité est protégée afin d’assurer leur sécurité. À la suite du meurtre de la Louperivoise Andréanne Ouellet âgée de 32 ans, victime du 15e féminicide au Québec, deux femmes ont contacté Info Dimanche afin de lancer un message aux personnes qui se sentent prises au piège dans une rela- tion toxique. Elles veulent avant tout partager leur histoire dans l’espoir que l’une d’entre elles se reconnaisse et décide de s’en sortir avant qu’il ne soit trop tard. Les deux femmes qui ont témoigné ont maintenant quitté leur ex-conjoint violent. Emma* ou l’importance d’être crue PROCESSUS JUDICIAIRE Emma s’est retrouvée en terrain entièrement inconnu dans le système judiciaire. Elle a dû répéter son histoire à plusieurs reprises, sans savoir si sa plainte serait retenue. «Tu ne sais pas combien de temps ça va prendre, tu ne sais pas ce qu’ils vont dire. À recommencer, je ne le ferais pas.» Elle nuance toutefois sa position. «Je viendrais au CALACS et je demanderais de l’aide. Est-ce que ça vaut la peine ? Oui, parce que tu as la reconnaissance qu’il soit coupable. Pour le temps que ça prend, l’effort que ça prend, je ne pense pas.» Emma a fait face à beaucoup de jugement. Des questions lui ont été posées concernant son habillement au moment des faits. «Ce que je mets, comment je m’habille ou la couleur de la couverte, c’est la dernière chose à laquelle j’ai pensé quand je me suis fait agresser. Je n’ai jamais regardé ça, honnêtement. Je sais que ce sont des détails importants pour les avo- cats parce que c’est un des crimes les plus difficiles à prouver.» L’agression sexuelle a été ébrui- tée par ses amies à l’école qui avaient aussi des liens avec l’agres- seur. Emma croit qu’il aurait pu faire d’autres victimes qui ne l’ont pas dénoncé. Encore aujourd’hui, elle ne se sent pas à l’aise de marcher seule dehors. Afin de protéger l’identité de la victime, Info Dimanche a fait le choix de ne pas nommer l’agresseur dans cet article. IMPACTS SUR L’ENTOURAGE «Mon père, c’est le genre de gars toujours en joke. Je ne l’ai jamais vu pleurer, sauf deux fois : à la mort de mon grand-père et à mon agres- sion. C’est ça qui m’a fait le plus de peine. Au point où on ne pouvait plus se regarder parce que c’était trop dur pour lui. C’est à moi que c’est arrivé, mais c’est un choc pour mes parents aussi. Dans leur tête, ils n’avaient pas rempli leur rôle», raconte Emma. Elle veut continuer d’aller à l’école, de tra- vailler, de voir ses amis, sans laisser cette per- sonne gâcher sa vie. Emma s’accroche aux cho- ses positives. «Je veux prouver que c’est possible de bien s’en sortir. Quand ça t’arrive, tu es dévastée, tu as l’impres- sion que ta vie est terminée, mais ce n’est pas vrai. La seule raison pour- quoi je m’en suis sortie, c’est parce que je voulais lui prouver qu’il ne m’a pas atteinte autant que lui voulait.» L’agres- seur a écopé d’une probation de deux ans avec un suivi pendant 18 mois pour une accusation de contacts sexuels et de 240 heures de travaux communautaires à réaliser dans un délai de 18 mois. Il lui était interdit d’entrer en contact avec la victime et sa famille pendant cette période. «Je ne sais pas comment ça se serait passé si mes parents ne m’avaient pas crue. Peut-être que c’est grâce à mes parents, à Nathalie [l’intervenante du CALACS], à mes amis que j’ai réussi à passer au travers.» VIOLENCE CONJUGALE AL Annabelle* - se reconstruire pour se faire confiance SUITE À LA PAGE 19 Toute sa vie, Annabelle devra vivre avec des répercussions de sa relation toxique, même si elle est maintenant séparée de son ex-conjoint. Cette union a duré plus de 10 ans et elle a été ponctuée de plusieurs séparations. La relation a débuté en 2007. Un amour de jeunesse retrouvé. «Quand il est revenu dans le décor, je l’aimais encore. J’ai laissé le père de ma plus vieille et je suis partie avec lui en appartement. Dans la relation, tout de suite en partant, ça ne marchait pas. C’était déjà de la manipulation. À un moment, j’ai voulu partir et il avait dévissé mes roues de voiture […] J’avais une amie qui me disait que c’était une relation toxique. L’amour rend aveugle, j’ai resté, j’ai resté», raconte-t-elle. Pendant que son conjoint travaillait à l’exté- rieur, elle habitait dans un appartement à Rivière-du-Loup. Il l’a poussée à faire un choix, puisqu’il était selon lui illogique de payer pour deux logements. Elle a alors emménagé avec lui, loin de sa famille et de ses amis. Annabelle affirme que les crises étaient répétées, avec des épisodes de violence physique. Elle s’est déjà retrouvée embarrée à l’extérieur de sa rési- dence, les serrures de portes avaient été chan- gées et le code d’alarme, modifié. NDLR : aucun homme victime de violence conjugale n’a accepté de témoigner. 1154364721 Exclusif pour les membres actionnaires! 16, rue de l’Église, Témiscouata-sur-le-Lac 418 899-6774 Votre Intermarché Coop de Témiscouata-sur-le-Lac pour les Fêtes! VOUS GÂTE en cartes-cadeaux pour faire votre épicerie!!!! À GAGNER 450 $ Un tirage par semaine à tous les vendredis. Coupons de participation disponibles à votre Intermarché par tranche d’achat exigé. 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