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LE 25 AOÛT 2021 • INFODIMANCHE 12 OPINION DU LECTEUR Moyennant environ 8 000 $ par année, les parents des élèves du préscolaire, de la mater- nelle et du premier cycle du primaire de Rivière- du-Loup pourront désormais contourner cette damnée loi 101 qui les force à envoyer leurs enfants à l’école française, malédiction à laquelle échappent les bienheureux anglophones. C’est que l’école « trilingue » privée Vision ouvre dès cet automne ses portes au centre-ville de Rivière-du-Loup, coin Iberville et Lafontaine. Ne recevant aucune subvention de l’État québé- cois, l’institution peut enseigner les matières de base la moitié du temps en anglais, donc d’égal à égal avec le français. Quant à l’espagnol, sa pré- sence, discrète comme un hochet décoratif, lui permet de se qualifier d’école trilingue. La vidéo promo confirme que tout tourne autour de l’anglais, et que le français y est relégué au rang de langue périphérique. Stéphanie Poitras, instigatrice du projet, prési- dente du conseil d’administration de l’école et propriétaire de l’immeuble rénové à cette fin, affirme vouloir « offrir un cadeau dans la vie des enfants : ils vont être bilingues en sortant du pri- maire. Ça peut être riche pour un enfant de ne pas avoir à faire d’immersion plus tard ». Cette touchante confession m’a fait sursauter : mes parents, eux, m’auraient-ils privé d’un pré- cieux cadeau ? Serais-je un être carencé parce que je n’ai pas pu étudier dans une école Vision et que j’ai dompté l’anglais, pauvre moi, seulement vers la fin de mon adolescence ? Mes géniteurs en ont-ils manqué, de vision ? Le Québec en entier en manque-t-il, de vision, en ne bilingui- sant pas mur à mur tout son réseau d’éducation ? Je crois qu’apprendre l’anglais comme langue seconde au cœur du réseau francophone suffit amplement pour en atteindre une maitrise avan- cée. Que l’urgence d’accoucher dès la fin du pri- maire d’enfants intégralement bilingues est exa- gérée, puisque cette maitrise devient de toute façon effective vers la fin du secondaire. Un réseau qui, du primaire au collégial, n’a d’ailleurs cessé depuis 40 ans de s’adapter à cette demande toujours croissante des parents (et non des enfants, précisons-le) pour l’anglais « enrichi », « intensif » ou « immersif ». Offrir une solide for- mation en anglais oral et écrit s’avère même une ambition clairement énoncée, voire survalorisée au sein du réseau scolaire francophone. L’évidence crève les yeux : nos jeunes sont de plus en plus à l’aise en anglais, devant la multipli- cation des applications, sites, jeux, réseaux sociaux du vaste internet… Dans le contexte nord-américain, il faut craindre qu’une immersion précoce en anglais fasse de nos jeunes des con- sommateurs massifs de culture en anglais…. Tant et si bien que, devenus adultes, ils participeront à La Voix ou à Star Académie en chantant en anglais. Il faudra les comprendre : ils seront désormais plus à l’aise dans cette langue… DES ÉCOLES QUI GRUGENT NOTRE SOCLE LINGUISTIQUE Disons-le franchement : à travers le Québec, les 23 écoles Vision sont autant de petits castors qui rongent le socle linguistique sur lequel le Québec a choisi de se refonder depuis la loi 22 de 1974, en faisant du français la langue officielle du Québec. Leur seule présence a un effet de sape qui érode le système public sur la base de l’argent et draine des ressources importantes vers lui. Ainsi, il est faux de prétendre que cette école « créera » ex nihilo 30 emplois, puisque ce ne sont pas de nouveaux employés ni de nouveaux enfants qui y étudieront : chaque nouvel employé et chaque nouvel élève de Vision en soustrait un au réseau francophone. Chacune des inscriptions à Vision affaiblira un peu plus le projet de faire du français la langue commune du Québec. Et enrichira un peu plus Stéphanie Poitras inc. Bref, le réseau Vision est une entreprise privée à but lucratif qui capitalise sur l’obsession mala- dive de plus en plus de Québécois non pas tant de parler anglais… mais de le parler aussi bien que les anglophones. Comme le chantait Gilles Vigneault, quand nous partirons pour la Louisiane, il sera trop tard. Et nous ne serons peut-être pas encore morts, mon frère, aurait ajouté Raymond Lévesque. On dira ce qu’on voudra, mais chaque nouvelle percée des écoles Vision représente un gain net pour l’anglais… et une perte nette pour le français. Non, vraiment, l’école québécoise m’a fait le plus beau cadeau du monde : me donner d’abord le tronc d’une solide formation dans ma langue maternelle, sur lequel par la suite se sont gref- fées les branches d’autres langues, et qui font de moi un polyglotte. Si on me donnait 8 000 $ pour inscrire mon enfant à Vision, j’encaisserais l’argent et je l’ins- crirais plutôt dans le réseau régulier. Puis, je ferais le don de cette rondelette somme au Mouvement Québec français. Jean-François Vallée Rivière-du-Loup LE CONTENU DE CE JOURNAL NE PEUT ÊTRE REPRODUIT SANS L’AUTORISATION EXPRESSE DE LA DIRECTION. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada 1992 Bibliothèque nationale du Québec 1992 ISSN 1192-1579 Société canadienne des postes Envois de publications canadiennes Contrat de vente no 0139858 Abonnement annuel : 115$ au Canada (tx incluses) 320$ aux États-Unis (tx incluses) T I R A G E C E R T I F I É H E B D O S Q U É B E C I N C . 31 420 copies Journal hebdomadaire publié le mercredi par : Les Éditions Info Dimanche Inc. 72, rue Fraser, Rivière-du-Loup, G5R 1C6 Tél. : 418 862-1911 • Téléc. : 418 862-6165 Site : www.infodimanche.com COURRIEL JOURNALISTES : [email protected] COURRIEL ADMINISTRATION : [email protected] ÉDITEUR : Hugo Levasseur DIRECTEUR DE PUBLICATION ET DES VENTES : Martin Morissette ADJOINTE À LA DIRECTION : Lyne Bérubé DIRECTEUR DE L’INFORMATION : François Drouin JOURNALISTES : Mario Pelletier, rédacteur en chef Andréanne LeBel • Marc-Antoine Paquin Hugues Albert • Lydia Barnabé-Roy CORRECTEUR : Hugo Levasseur COORDONNATEUR DES PROJETS SPÉCIAUX : Patrice Picard CONSEILLERS EN SOLUTIONS MÉDIAS : Robert Desjardins : [email protected] Micheline Côté : [email protected] Patrice Picard : [email protected] Étienne Morissette : [email protected] Michel Courbron : [email protected] CHRONIQUEUSE WEB, VIDÉOJOURNALISTE : Dominique Côté PUBLICITÉ NATIONALE (TC MÉDIA) : Marie Eve Dubé RÉPARTITRICE DE PRODUCTION : Marie Eve Dubé GRAPHISTES : Mélanie Emond, directrice de l’atelier Véronique Sénéchal, responsable infodimanche.com Denise Beaulieu Julie Migneault IMPRESSION : Imprimerie Mirabel / Québécor DISTRIBUTION : Distributions F. Levasseur Yoann Palacio, illustrateur SATIRE DE PARTOUT Étudier en anglais à tout prix à l’école Vision Je n’ai rien contre Cacouna. Mais, pour Rivière-du- Loup j’éprouve beaucoup d’attention. Pourquoi enlever à cette ville des acquis qui fonctionnent depuis 100 ans? C’est drôle, le port Gros-Cacouna ne correspondait pas pour le projet méthanier. Les bélugas sont disparus quoi? À l’est de Rivière-du-Loup, les besoins de démunir cette ville sont bien fréquents et ici je pense à Rimouski où on n’y va pas de main morte depuis longtemps et ne se garde même pas une petite gêne. Cette ville est grassement avantagée par les gouvernements et les sociétés d’État. Le monde ordinaire louperivois démontre encore une indifférence par son silence et encore une fois, le public ne réagit pas. Très dommage! Ce changement va demander quoi comme transformation et adaptation à Gros-Cacouna? Je ne me souviens pas d’avoir vu des chiffres démontrant cette réalisation. Si jamais la Société des Traversiers du Québec parvenait à faire ce changement que je considère comme un désastre surtout pour le secteur de la Pointe en général. Que deviendront les installa- tions et les commerces que nous y trouvons depuis longtemps? Marcel Landry Rue des Jonquilles Rivière-du-Loup encore déshabillée? N.D.L.R. La direction se réserve le droit d’abréger certaines lettres. L’opinion des lecteurs exprimée dans cette page n’engage que leur auteur et ne reflète d’aucune façon la position du journal.

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