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49 INFODIMANCHE • LE 18 AOÛT 2021 SPORT «Si on m’avait posé la question “Est-ce que Leïla va faire de la boxe professionnelle?” alors qu’elle avait 17 ou 18 ans, j’aurais dit que je serais très surpris, car elle était très motivée par les Jeux Olympiques», se souvient Mathieu Lavoie-Dion, entraîneur sportif et propriétaire de l’École de boxe olympique de Rivière-du-Loup (EBO RDL). La boxeuse originaire de Témiscouata-sur-le-Lac a finalement réalisé la difficulté d’accéder à ce rêve et elle a décidé de se développer profes- sionnellement. Mathieu, qui ne s’occupe plus des entrainements de Leïla depuis plus de trois ans, a trouvé cette décision intelligente et réfléchie. Elle a réussi à transformer ses ambitions olympiques en un autre rêve tout aussi inspirant. ADOLESCENTE VS JEUNE ADULTE Sagesse est le mot que Mathieu Lavoie-Dion retient et apprécie le plus de la jeune adulte que Leïla Beaudoin est devenue aujourd’hui. «C’est sûr que dans le temps, c’était une adolescente. Je l’ai entrainée de ses 16 à 21 ans environ. Elle pre- nait les choses avec beaucoup d’émotivité», se rappelle l’entraîneur. Il mentionne que mainte- nant, Leïla a acquis beaucoup de contrôle sur ses émotions. De plus, elle accepte la défaite avec rationalité et maturité, ce qu’elle avait davantage de difficulté à faire auparavant. Du côté de la boxe, Mathieu trouve que la pugiliste a une meilleure vitesse et défensive au niveau de sa mobilité de tronc de tête. Elle a aussi amélioré sa gestion des distances. Selon lui, l’athlète a toujours eu une grande force : sa puissance. Alors en ajoutant les clés de la rapidité et de la compréhension défensive, Leïla a affiné ses notions techniques et tactiques qui font d’elle une boxeuse talentueuse. Les améliorations que Leïla a effectuées au fil des ans, combinées avec ses forces naturelles, font d’elle une adversaire redoutable. Sa première qualité est son instinct. «Elle le sent automatique- ment quand son opposant est vulnérable. C’est un peu comme un chien enragé devant une pièce de viande ou un loup face à un animal faible, leurs yeux changent et ils attaquent. C’est à l’intérieur d’elle, elle y va tout de suite lorsqu’elle ressent ça», raconte son ancien entraîneur, fasciné. Il s’étonne d’autant plus puisque la plupart des boxeurs doivent travailler cette aptitude, alors que Leïla l’a de façon innée. Mathieu témoigne aussi de la hargne de l’athlète lors de ses combats : «Quand elle monte sur l’arène, elle est prête à y mourir, elle va tout donner jusqu’à la fin.» UNE AMITIÉ Même si quelques années se sont écoulées depuis leurs derniers entrainements quotidiens, la complicité entre Leïla et Mathieu se perçoit tou- jours dans leurs visages. «Quand on se voit, c’est comme si on s’était quitté hier», confie-t-il. Dans son regard, transperce de la fierté. Leïla Beaudoin est la première boxeuse qu’il a entrainée qui s’est rendue au niveau professionnel. Pour lui, c’est tout un accomplissement d’observer le parcours de la pugiliste. Il prédit que la sportive sera, au minimum, championne du continent dans quel- ques années et ne cache pas son envie qu’elle se rende aux championnats du monde. L’impact de Mathieu Lavoie-Dion dans la vie de Leïla Beaudoin est inestimable. Elle, qui était allée essayer la cardioboxe pour le plaisir à son adoles- cence, a eu la piqûre instantanément. «C’est Mathieu qui m’a donné la passion», souffle-t-elle, émue. Dès le départ, il l’a remarquée, a cru en elle, lui a insufflé de la confiance. «C’est grâce à lui que je suis là aujourd’hui et que j’ai continué. Je lui dois pas mal toute ma carrière. Les fondations que j’ai, ça part de lui, la force de frappe c’est lui qui me l’a montrée. Quand je reviens m’entraîner avec lui, c’est comme à revenir à la maison», témoigne-t-elle. La jeune femme avoue que Mathieu Lavoie- Dion est une personne qu’elle va garder dans son cœur toute sa vie et qu’elle l’aime très très fort. Ils ont réalisé leur rêve d’aller aux cham- pionnats canadiens ensemble, même s’il n’était pas avec elle en tant qu’entraîneur. «Je le voyais dans mon coin avec mon entraineur de Québec. Qu’il vienne m’encourager, soit là avec moi, je n’aurais pas pu espérer mieux comme scénario», a-t-elle commenté. JEUX DU QUÉBEC Un des buts de Leïla Beaudoin avec sa car- rière constituait de redonner aux jeunes et moins jeunes, d’être une source d’inspiration pour les personnes qui vivent des choses diffici- les ou non pour leur dire de ne pas lâcher. Elle peut donc cocher un objectif de plus sur sa liste d’accomplissements en s’impliquant avec l’organisation de la Finale des 56e Jeux du Québec. «J’ai le rêve de relever beaucoup d’objectifs dans la boxe, mais j’ai avant tout le désir d’aider les gens», explique-t-elle. La boxeuse mentionne que d’être encore là montre une belle preuve de persévérance. «Je vais avoir continué de me battre. J’ai été championne canadienne après l’épreuve que j’ai vécue, ensuite j’ai tourné professionnelle», dit-elle. Elle se sent choyée de pouvoir faire ce qu’elle fait aujourd’hui et de pouvoir avoir un impact dans la vie des gens. Leïla Beaudoin à travers les yeux de Mathieu Lavoie-Dion PHOTO: LYDIA BARNABÉ-ROY • LYDIA BARNABÉ-ROY [email protected] Lors de l’entrainement public de la boxeuse professionnelle Leïla Beaudoin à Rivière-du-Loup dans le cadre de la journée sportive Revivez la Finale de 1971 qui se déroulait ce 14 aout, Info Dimanche s’est entretenu avec l’athlète et son ancien entraîneur. Après plusieurs années sans l’entraîner, Mathieu Lavoie- Dion regarde la sportive bien plus que comme une simple bonne boxeuse, mais bien comme une professionnelle accom- plie qui n’a pas fini de susciter la fierté dans sa région natale. Le quatrième combat de la carrière profes- sionnelle de la boxeuse aura ainsi lieu dans sa ville d’adoption. C’est du même coup un retour attendu en province pour l’athlète qui a dû faire le voyage au Mexique pour combattre dans la der- nière année. Leïla Beaudoin livrera son plus long combat jusqu’à présent chez les pros, aux côtés d’Arslanbek Makhmudov, Christian Mbilli et Steven Butler, des boxeurs reconnus interna- tionalement qui se retrouvent tous sur la même carte. Pour le moment, on ignore l’identité de son adversaire. «Pour moi, d’avoir la chance de me battre chez moi, devant mon monde, de ressentir tout l’amour que j’ai ressenti à mon premier combat qui était aussi à Québec, c’est gagnant. D’être sur une grosse carte comme ça, avec de grands boxeurs, je n’aurais pas pu demander mieux comme tournure des évènements», a-t-elle partagé. L’athlète témiscouataine est toujours invain- cue chez les pros, elle qui a signé sa dernière vic- toire en novembre 2020, au Mexique, grâce à un premier K.O. technique. En janvier dernier, Leïla Beaudoin avait ensuite vécu un coup dur, lorsqu’un autre combat qu’elle devait mener au Mexique a été annulé en raison d’un test positif de détection de la COVID-19. L’athlète a pris une pause de la boxe dans les mois suivants, sans toutefois arrêter le sport. Elle a notamment fait des entrainements de haute intensité qui lui ont permis d’améliorer encore davantage sa condition physique. C’est en juin qu’elle a remis les gants en vue d’un éventuel retour sur le ring. «Après le Mexique, ç’a été très très difficile pour moi. J’ai eu des moments qui n’ont pas été faciles. Mais j’ai pris le temps de vivre ces choses- là. C’était important de guérir cette blessure-là. Au niveau de la confiance, c’était important de prendre le temps de revenir à 100 %. Aujourd’hui, je suis prête, je me sens encore meilleure et encore plus en forme», a-t-elle déclaré. Leïla Beaudoin ne cache pas craindre de nou- velles répercussions de la COVID-19 dans les pro- chaines semaines. Elle essaie cependant de se concentrer sur ce qu’elle peut contrôler. En fonc- tion des directives actuelles de la Santé publique, quelque 4000 spectateurs devraient pouvoir se réunir pour assister à la soirée. Un combat à la maison pour Leïla Beaudoin en septembre • MARC-ANTOINE PAQUIN [email protected] La boxeuse Leïla Beaudoin connait main- tenant la date de son prochain combat professionnel. L’athlète originaire du Témiscouata retrouvera le ring dans le cadre d’un affrontement de six rounds, le 23 septembre, à l’occasion d’un gala d’Eye of the Tiger Management qui aura lieu au Centre Vidéotron de Québec.

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