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LE 9 JUIN 2021 • INFODIMANCHE 4 ACTUALITÉ La scène est plutôt banale, l’une parmi tant d’autres qui ont été immortalisées sur cette ile du Saint-Laurent au fil des années. Pourtant, elle raconte une histoire, celle d’un partage de savoirs et de connaissances, auquel s’ajoute aujourd’hui le lègue d’une responsabilité, d’un rôle bien spécial. C’est que le plus jeune, main- tenant adulte, prendra bientôt le relais de l’aîné comme huitième gardien de ce lieu unique. Ce sera désormais à lui de raconter et de faire découvrir cet endroit protégé depuis plus de 90 ans, «un lieu historique national», selon Parcs Canada. Mikaël Rioux l’admet toutefois en riant, la photo en question ne lui rappelle «rien du tout», et c’est avec étonnement qu’il a appris son exis- tence, lorsque le capitaine Rioux lui a montré lors d’une journée de travail partagée entre l’ile et la terre ferme. Peu importe, cela ne l’empê- che pas de revêtir un caractère spécial. «C’est une photo qui a été prise par mon père. Je suis placé devant Jean-Pierre. C’est comme s’il avait préparé ça, comme s’il savait ce qu’il faisait à l’époque», partage-t-il, souli- gnant que le rôle de gardien est un travail que son paternel aurait peut-être aimé occupé lui- même. «C’est une job qu’il aurait aimé me voir faire aussi, je crois. Il n’est jamais bien loin quand je vais sur l’ile.» L’homme qui a aujourd’hui 45 ans a peut-être oublié cette fameuse journée d’été passée entre terre et mer, mais des souvenirs de l’ile aux Basques, il en conserve des tonnes. Il fréquente l’endroit depuis une trentaine d’années, y ayant mis les pieds la première fois alors qu’il n’était qu’un gamin. En vérité, il y a toujours été atta- ché, alors que la maison familiale offrait une vue plongeante sur ce lopin de terre situé à cinq kilomètres au large de Trois-Pistoles. «Mon père avait un petit bateau et on allait régulièrement aux baleines quand j’étais plus jeune, se rappelle-t-il. Nous sommes passés par l’ile aux Basques plusieurs fois. Puis, à 17 ans, j’ai touché au kayak de mer et j’ai été guide dans la région. Cela m’a aussi amené vers l’ile. J’ai tou- jours été attiré par cet endroit, j’ai toujours voulu y aller.» À titre de nouveau gardien de l’ile aux Basques, Mikaël Rioux multipliera les allers- retours vers la réserve naturelle de deux kilomè- tres au cours des prochaines saisons estivales et il ne pourrait en être plus reconnaissant. Il voit du même coup son nom s’ajouter à une (très) courte liste d’hommes comme Charles Morency et Emmanuel Franck qui ont consacré temps et énergie à protéger ce lieu depuis son achat par la Société Provancher d’histoire naturelle du Canada en 1929. Il ne croyait jamais avoir cette chance, estimant que le gardien actuel, Jean- Pierre Rioux, «était comme éternel», mais plu- sieurs diront que c’est la logique qui a eu le der- nier mot. Amoureux de plein air et de la nature, décrit par le passé comme «activiste-écologiste», Mikaël Rioux a été au cœur de grands combats pour la sauvegarde de la rivière Trois-Pistoles et du fleuve à Cacouna. Difficile de croire, dans ce contexte, qu’il ne plongera pas tête première dans sa nouvelle mission qui est de prendre soin d’un jardin botanique naturel doublé d’une grande volière, un lieu à l’histoire vieille de mil- liers d’années encore trop peu connu même parmi les résidents du Bas-Saint-Laurent. «Les gens trouvent que ça me ressemble et je suis d’accord, confirme-t-il lui-même. C'est comme si cette job-là vient regrouper tous mes intérêts, mes valeurs, mes expériences antérieu- res dans les parcs nationaux, dans le kayak et dans les organisations environnementales, pour en faire une job de rêve. C'est assez particulier, puisque ça cadre parfaitement avec moi.» LE BON CANDIDAT Si le candidat retenu semble parfait pour occuper le poste, le processus pour trouver un nouveau gardien pour l’ile aux Basques s’est déroulé dans les règles de l’art avec la Société Provancher, assure Jean-Pierre Rioux. Reste que le marin d’expérience savait depuis un petit moment déjà qui il aimerait voir prendre le relais. «Un type marginal, un défenseur de l’environnement», décrit-il amicalement. M. Rioux, qui tirera sa révérence après 32 ans de passion, explique qu’il a fait savoir à Mikaël Rioux qu’il pensait tranquillement à la retraite, il y a deux ans, alors que ce dernier l’aidait à effec- tuer des corvées sur l’ile à titre de bénévole, une tradition de son père Jacques qu’il a poursuivie après le décès subit de ce dernier. «Je lui avais mentionné que ce serait une bonne job pour lui. En fait, je lui avais dit que je ne voyais pas ça comme un emploi et que c’est justement pourquoi ce serait idéal», raconte le capitaine, en riant. Une petite graine a été semée, puis elle a germé. Finalement, des quatre ou cinq personnes qui ont postulé pour l’emploi, dans les derniers mois, Mikaël Rioux s’est révélé être «un incon- tournable», selon le comité de sélection. «Il con- naît l’ile et la mer. Il s’exprime bien et il est bon pour transmettre de l’information. Mais surtout, il a une réelle sensibilité face à la nature. Pour faire ce travail, il faut aimer l’ile, l’aimer réelle- ment», souligne Jean-Pierre Rioux, partageant avoir pleinement confiance en la relève. «Pour moi, c’est le temps de passer à autre chose. Il faut se garder du temps pour soi et je suis rendu là. L’ile a été mon terrain de jeu et j'ai été choyé de vivre sur l'eau pendant 32 ans, d'être dehors avec les éléments naturels qui nous entourent, avec l'être humain qui vient visi- ter. Maintenant, c’est à son tour», confie le capi- taine Rioux, serein. Le nouveau gardien croit aussi, humblement, qu’il est la bonne personne pour le poste. Quelque part, c’est comme si cet emploi l’atten- L’histoire continue sur l’ile aux Basques • MARC-ANTOINE PAQUIN [email protected] Mikaël Rioux était probablement assis près d’un four basque datant du 16e siè- cle. Avant le cliché, il devait écouter cet homme souriant portant le béret et la moustache, le gardien de l’ile aux Basques, Jean-Pierre Rioux, parler d’un lieu qu’il connaît par cœur. Un sou- venir, une photo, prise il y a plus de 25 ans maintenant qui témoigne néan- moins que la vie fait parfois bien les choses. PHOTO : MARC-ANTOINE PAQUIN SUITE À LA PAGE 5 1153192321 On continue de se protéger. Paliers 2 et 3 COVID-19 Visites des proches aidants dans les centres hospitaliers. Attention, les conditions de visite sont différentes pour certains secteurs. Consultez : www.cisss-bsl.gouv.qc.ca/visite Palier 3 (zone orange) MRC du Kamouraska, du Témiscouata, de Rivière-du-Loup, Les Basques 1 personne proche aidante à la fois, maximum 2 par jour : obligation d’identifier un maximum de 3 personnes proches aidantes pour se relayer Palier 2 - Préalerte (zone jaune) MRC de Rimouski-Neigette, de La Mitis, de La Matanie, de La Matapédia 1 à 2 personnes proches aidantes à la fois Période visée : 01-10-2020 au 30-09-2021 1155082321 Lic 201808024915-01 DERNIER TÉLÉ-BINGO ROTARY AVANT LA PÉRIODE ESTIVALE !

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