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Un taxi svp

durée 30 mars 2019 | 17h46

Où sont les taxis? De Beyrouth à Montréal, de Shanghai à Paris, le premier contact avec un  pays étranger est presque toujours un chauffeur de taxi. Dans 99% des cas, tout se passe à merveille. Pour un prix modique, bon ça dépend où, on vous emmène de l’aéroport à sûrement votre hôtel, on vous pose des questions sur votre vie, vous venez d’où, le vol s’est bien passé, vous allez rester combien de temps ici, presque comme si vous étiez quelqu’un d’important. On vous a aidé à mettre vos valises dans le coffre et on vous aidera à les en sortir. Bon séjour !

Déjà, vous vous êtes fait un ami.

Comment ne pas penser à Michel des taxis à Rivière-du-Loup. Qui ne connaît pas Michel ! En tout cas, si vous ne le connaissez pas, lui vous connait !

Une fois, c’est une histoire de mon frère, il faisait – 30 degrés, soirée du 31 décembre en ville, une quinzaine de personnes qui attendent devant le resto Taxi et les taxis (le char) sont débordés. Ça va être long. Mon frère et son ami se disent : On va marcher ! Bah, c’est juste une heure de sport. Ils avancent donc, c’est sûr qu’ils n’ont pas de gants, et quinze vingt minutes plus tard un taxi arrête près d’eux. Ça discute un peu à l’intérieur, Michel et ses clients qui disent que le taxi est plein et qu’il n’y a plus de place et qu’ils ont juste à attendre un peu, qu’il peut revenir et Michel de répondre : Non ! Eux autres, je les prends tu suite ! On gèle en plus !

Des doigts ont peut-être été sauvés ce soir-là.

Combien de milliers d’exemples du travail exemplaire, de la corvée de malade que font les chauffeurs de taxi chaque jour, chaque nuit, 365 jours par année, dans toutes les conditions, à toutes les vitesses, selon toutes les demandes, avec des clients terribles parfois, pour un salaire loin de faire d’eux des riches et le tout fait la plupart du temps avec le sourire?

J’ai déjà perdu mon cellulaire dans un taxi à Manille (20 millions d’habitants) et le chauffeur de taxi me l’a ramené (avec l’aide de ma blonde). Quand même !

Difficile de penser que ministre Bonnardel voulait mal faire. Il voulait je crois, simplifier les choses. Simplifier à la Eric Duhaime. Pourquoi c’est de même, trop de règles, trop de lois, on coupe ça où : on tire et on posera les questions après. Léger ennui : la valeur des permis est sujette à la fluctuation. Les menaces, les ouï-dire, les projets de loi, tout ça, même s’il devait changer d’idée, aurait déjà fait énormément de mal.

Gérer des taxis, c’est pas comme gérer un magasin de plantes. Uber reste une idée, mais une fausse bonne idée dans la majorité des villes du Québec. Et c’est bizarre mais je me demande pourquoi le système des permis, système imparfait comme tous les systèmes mais qui a quand même survécu quoi 75 ans, pourquoi ce système tout d’un coup doit être éliminé à coup de bazooka?

Après le voile, la laïcité, la CAQ foncent… dans les chauffeurs de taxi. On mesure parfois la puissance de quelqu’un à la grandeur de ses ennemis. Espérons que ça volera plus haut dans les prochains mois.

Imaginez. Votre retraite, votre fonds, c’était votre permis de taxi. Parce que ça vaut cher. Peut-être que vous l’avez eu à crédit. Tous les intérêts que vous avez payés pour rembourser votre banque chaque mois, ça va vous revenir vous croyez avec des compensations? Mon œil. Est-ce qu’on a aussi le droit de parler de fierté? Les gens qui ont acheté ces permis, ils en sont fiers. C’est un honneur. C’est quelque chose d’important.

Mon père a déjà chauffé des taxis. Il en garde un excellent souvenir et a toujours de bonnes histoires à raconter sur cette période.

Uber… aucune structure sinon le chacun pour soi, aucun échange, aucune solidarité entre les chauffeurs. La course à l’argent sans sentiment. L’apogée de l’individualisme. On parle des employés ici et c’est rien contre eux. Reste que les réseaux de taxis sont aussi des fraternités. Des milieux de vie. Des familles.

Uber c’est le nouveau voisin qui est arrivé et qui a mis une pelouse en plastique en avant de sa maison. Au début, quelques personnes ont pensé : Heille pas pire idée, plus besoin d’arroser ! Ni de tondre ! On va faire pareil.

Bonnardel a voulu jouer les petits génies à coup de hache. Va falloir penser écouter d’autres stations de radio, cher Monsieur.

C’est dans un cas comme ça qu’on est presque content pour lui que les ministres aient des chauffeurs privés. Pas sûr que sa prochaine raille de taxi se serait très bien passée… 

 

 

commentairesCommentaires

1

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  • SZ
    samia zeffanine
    temps Il y a 5 ans
    un beau texte plein d’humanisme dans un monde ingrat, je soutiens ces braves gens qui travaillent avec beaucoup de courage dans des conditions extrêmes