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Apprendre le chinois

durée 16 août 2016 | 15h30

La pensée m’a traversé l’esprit : c’est du chinois ce contrat ! Ce n’était pas une métaphore.

Rapide mise au point pour les 3-4 fidèles lecteurs de ce blogue : le début était aux Philippines, puis à Rivière-du-Loup et là on continue de la Chine, de Canton, Guangzhou, la province du Guangdong. Ce sont des jolis mots non ?

Le contrat c’était le bail pour l’appartement. Déjà qu’on lit en diagonale les papiers techniques et les petits caractères des contrats au Québec, pas besoin de vous dire qu’ici, les épines de branche de sapin écrasées sur une feuille dans le désordre, on passe vite.

Le travail : prof de français pour l’Alliance F***. L’idée pour la prochaine année c’est d’écrire quelques textes pour présenter la place et les gens qui y habitent.

Commençons par les Africains. La communauté franco-africaine est très présente dans le quartier Xiaobei. Ils sont ici pour faire des affaires, difficile pour le moment de dire lesquelles, et j’ai eu l’opportunité de rencontrer plusieurs de ses membres au cours de chinois offert gratuitement aux étrangers du coin (je travaille dans ce quartier) par des étudiants (en français) chinois bénévoles de l’Université normale du sud de la Chine.

On apprenait comment dire : Qu’est-ce que tu as mangé ce matin ? Ça a l’air facile mais ce l’est pas.

Ni zao can chi le shen me ?

Le problème c’est que « z » se prononce tze, le « c » aussi (?), « chi » c’est tcheeee et « le » c’est la. Vous pouvez toujours relire la phrase et essayer. Ni ça veut dire tu. Ah oui, il n’y a pas de conjugaison des verbes. Le « le » (on prononce « la », je l’ai dit tantôt) veut dire que c’était avant.

Pas de passe composé, pas d’imparfait, pas de plus-que-parfait, pas de passé simple. En français, ça pourrait donner disons : Je mange une pomme, la. La voudrait dire hier ou ce matin ou avant qu’on se parle. Bon c’est mêlant avec le « là » comme disons maintenant, mais je crois bien que ça vaudrait la peine de passer un coup de fil à Dany Laferrière pour qu’ils fassent le message à l’Académie française.

Les Africains, ils parlent français. Il y a quelque chose de fabuleux à trimbaler son accent (je parle du mien) à l’autre bout du globe. «T’es français ?» Non man. «Ah ok Québécois.» Le petit problème, c’est qu’on se retrouve à débattre de mots en français (il y aussi un Français dans la classe) dans le cours de chinois. Tenez, on apprenait à dire : Je veux acheter ces souliers.

- C’est pas des souliers ! C’est des espadrilles !

- Souliers ça fait vieux !

- Sont pas vieux mes souliers !

- On dit chaussures ! Ou des tennis. Ou des baskets !

- Ah ouan. Et si je joue au badminton avec, c’est des badmin c’est ça ?

- Raaaah l’autre !

- Si c’est comme ça je débarque du cours !

- Tu démissionnes tu veux dire.

- J’aime ça les barques moi, et des fois je sors de ma barque. Je peux pas démissionner, je suis pas en mission !

- Au Sénégal, on en a brulé pas mal des missionnaires.

Alors voilà. Ça avance un peu au compte-goutte faut avouer, mais on apprend plein de choses quand même.

Pour répondre à : Qu’est-ce que tu as mangé ce matin, on peut dire : Wo chi le mi fan. Ça veut dire : j’ai mangé du riz. Considérant qu’on en mange pas mal ici, ça fait une phrase passe-partout assez solide.

Dans la prochaine chronique je vous parlerai du futur. Faut pas oublier que j’ai quand même 12 heures d’avance sur vous.

 

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