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Quand la flamme ne brûle plus 

durée 4 décembre 2021 | 06h50
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Alexis Marceau n’a que 23 ans. Pourtant, le Louperivois a chaussé des patins de vitesse pratiquement toute sa vie. Une relation incroyable avec un sport, une discipline, que très peu de gens ont la chance de vivre à un si jeune âge. À travers les succès et les échecs, il a atteint des sommets inespérés. Mais aujourd’hui, il est temps pour le jeune homme de passer à autre chose, d’accrocher les lames pour découvrir d’autres passions et viser de nouveaux sommets. 

    Ainsi, après une carrière qui a fait de lui l’un des vingt meilleurs patineurs de vitesse courte piste au pays, et certainement l’un des trois meilleurs patineurs formés à Rivière-du-Loup, Alexis Marceau tire sa révérence. Une décision réfléchie, mûrie, qu’il a prise en s’écoutant tout simplement. Parce qu’il n’y a pas de meilleure façon de procéder.  

    L’annonce reste toutefois surprenante dans le contexte où il y a quelques mois à peine, l’athlète connaissait la saison estivale la plus occupée de sa jeune carrière sportive. Jamais, avoue-t-il, ne s’était-il autant entrainé. Au bout du bâton? La carotte des sélections olympiques, les Championnats canadiens de patinage de vitesse courte piste, et le début d’une année importante pour l’équipe nationale. «Cet été, je me suis donné corps et âme, à 100 %, dans le patin, confie-t-il. C’était tout ce qui existait, il n’y avait rien d’autre.»

    Malgré les efforts, les sacrifices et la ténacité dont il a fait preuve – comme plusieurs – pendant la pandémie, les résultats de cette grande compétition, disputée sur cinq jours à la fin aout, n’ont toutefois pas été à la hauteur de ses propres attentes. Il a conclu le rendez-vous au 18e rang, bien loin du top 10 ou encore des postes permettant d’accéder au circuit des coupes du monde.  

    Est-ce que parce qu’il n’avait pas compétitionné depuis plus d'un an? Est-ce en raison du surentrainement ou parce qu’il n’était plus motivé? «Je ne suis pas encore certain de ce qui est arrivé», partage-t-il au sujet de ses propres questionnements et de cet évènement dont il n’a toujours pas fait l’autopsie.

    Ce qu’il sait, néanmoins, c’est que ce ne sont pas ses contre-performances qui ont tout changé. C’est plutôt la façon dont il a réagi à ce nouvel obstacle dans son parcours. 
    Pour la toute première fois, une mauvaise compétition n’était pas une source de motivation pour s’améliorer. «Ça n’avait pas bien été et c’était tout. J’ai réalisé que je n'avais plus la flamme de me battre pour devenir meilleur dans deux ou six mois», raconte-t-il. 

    À cela s’ajoute le fait qu’il ne pensait plus à court terme ni au moment présent, comme il l’a toujours fait. Sa concentration n’était plus dirigée vers le retour à l’entrainement et ses chances d’obtenir une place sur l’équipe nationale en mars prochain, à la suite des Jeux olympiques. 

    «Mon objectif aurait dû être de réussir à me classer pour une première Coupe du monde chez les séniors, par exemple. Il aurait fallu que je le vois comme ça, mais cette fois, je pensais déjà au prochain cycle olympique de quatre ans. Je me disais que ça allait être long, que j’allais avoir 27 ans…»

    «Pour réussir dans le sport, et comme dans beaucoup de choses dans la vie, il faut avoir un plan à long terme, mais il faut vivre dans le moment présent. J'avais beaucoup de misère à faire ça cette fois. Je voyais trop loin.»

    Pour faire simple : la flamme ne brûlait plus autant qu’autrefois. C’est pourquoi il a d’abord décidé de prendre une pause et de s’inscrire à temps plein pour sa prochaine session universitaire. Puis, à travers de nombreuses réflexions, l’idée qu’il était rendu à la retraite, à l’étape d’accrocher ses patins, s’est imposée.  

    Évidemment, il y a eu les doutes et les remises en question. Était-il prêt pour cette nouvelle étape? Allait-il décevoir ses coachs? Abandonnait-il ses coéquipiers, des amis avec qui il a tissé des liens importants, à quelques mois des J.O.? 

    «J’ai pensé beaucoup à tout ça. J’ai pesé les pour et les contre. Au bout du compte, j'ai décidé de me faire passer en avant. Aujourd’hui, je sais que c’est ce que je devais faire. Il y a beaucoup de choses qui changent, c’est spécial, mais ça va bien», partage-t-il. 

    Il confirme vivre le plus grand deuil de sa vie, mais il apprend à cohabiter avec le trou laissé par le patinage de vitesse, cette discipline qui a pris toute la place ces dernières années. Il souligne d’ailleurs n’avoir pas complètement coupé les ponts avec le sport. 

    «À travers mes études, je travaille à temps partiel comme technicien de lames pour l’équipe olympique. J’aime ça. C’est juste assez pour ne pas être exclu totalement du milieu et de la gang.»

    Étudiant en génie mécanique à l'Université McGill, Alexis Marceau étudie en ce moment à temps plein. Avec humour, il mentionne ne pas trop voir l’utilité d’être le patineur de vitesse le plus rapide de sa classe dans son nouveau quotidien, «sa nouvelle vie», mais ça viendra. 

    «Je sais que j'ai appris des choses qui vont m'être utiles toute ma vie, que lorsque je serai motivé et passionné par quelque chose d’autre, qu’il n’y a rien que je ne pourrai pas réussir. Pour le reste, je vais les découvrir au fil et à mesure», souligne-t-il. 

    Alexis Marceau est serein et prêt pour la suite, quelle qu’elle soit. Il est aussi emballé à l’idée de découvrir ce qui le fera vibrer à nouveau. L’escalade de bloc, peut-être? «J’ai commencé ça pour garder la forme et m’aérer l’esprit. Je ne suis pas le meilleur, mais ça ne m’a jamais arrêté…», dit-il, fidèle à lui-même. 

    UN PODIUM DE SOUVENIRS 

    Alexis Marceau a commencé le patinage de vitesse vers 5 ou 6 ans. Formé et développé par Les Loupiots de Rivière-du-Loup, l’athlète a quitté le nid familial une dizaine d’années plus tard pour Québec, avant de rejoindre le Centre national courte piste de Montréal. Ses trois meilleurs souvenirs liés au patin et aux compétitions? 

    Sa qualification au Championnat mondial junior de Pologne, d’abord. Il avait alors 19 ans et il s’agissait d’une première expérience internationale. «Les gens ont commencé à vraiment me prendre au sérieux à partir de ce moment-là. C’est une étape marquante dans ma carrière», partage-t-il. 

    Il nomme ensuite le moment où l’entraineur de l’équipe nationale l’a appelé pour l’inviter à aller patiner, l’année suivante, au Centre national, l’endroit même où s’entrainaient les athlètes olympiques, dont Charles Hamelin. «C’est un des plus beaux moments de ma vie, se souvient-il. La saison était terminée et j’étais à Rivière-du-Loup. J’ai appelé mes parents et je pleurais [de joie].»

    Pour compléter ce podium de souvenirs, il raconte une journée de compétition fantastique à Salt Lake City en 2018. Lors de ce rendez-vous qui servait de qualifications américaines pour les Coupes du monde, il avait remporté l’épreuve du 1500m, devançant 41 des meilleurs patineurs des États-Unis, du Canada, de la Chine, de l'Italie et du Kazakhstan. «Certains athlètes seront des Jeux olympiques. C’est sans doute ma meilleure journée de compétition à vie, quelque chose que je n’oublierai jamais.» 

    Avec Guillaume Bastille et Yoan Gauthier, Alexis Marceau est sans contredit l’un des meilleurs patineurs formés par les Loupiots. Humble, il prend le compliment difficilement, mais nul doute qu’il inspirera à son tour, et à sa façon, une nouvelle génération d’athlètes de la région. 
     

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