Plaidoyer sur les bienfaits du confinement sur les apprentissages des enfants
Sur les réseaux sociaux, l’inquiétude des parents et de certains enseignants sur les apprentissages dus à la fermeture des écoles est plus que palpable. Avant tout, il faut garder en tête que les élèves, après un congé d’été, ont besoin d’environ six semaines pour retrouver une certaine routine et être prêts à apprendre de nouvelles notions académiques. En entrant début mai, six semaines, c’est à la mi-juin, alors que l’école se termine normalement autour du 23 juin. Peu importe la date de réouverture des écoles, est-ce que cette situation sans précédent fera vraiment en sorte que les enfants seront moins en mesure de faire face à l’avenir et de réussir dans la vie ? Et si nous portions un regard renouvelé sur le programme d’éducation ministériel ?
Tout d’abord, rappelons que la mission de l’école dans le programme de formation de l’école québécoise (PFEQ pour les intimes) est d’amener les enfants à former leur vision et leur compréhension du monde pour qu’ils deviennent des citoyens responsables dans une société en transformation constante. Notons aussi que trois grands axes orientent la mission de l’école : instruire, socialiser et qualifier. À l’heure actuelle, c’est exactement ce que les enfants apprennent à faire dans cette crise inédite !
Premièrement, le développement cognitif et la maîtrise du savoir sont au cœur de l’orientation Instruire ce qui est principalement en tête des gens quand il est question du rôle de l’école : l’académique, le savoir « pur ». Pourtant, ce n’est que le tiers du programme, car, effectivement, il n’y pas que les connaissances et les notes qui comptent pour avoir du succès dans la vie. Ensuite, le vivre ensemble et le développement du sentiment d’appartenance à la collectivité (l’école, la famille et la société) constituent les objectifs principaux de l’axe Socialiser. Les arcs-en-ciel #çavabienaller, l’entraide nécessaire pour s’occuper des personnes les plus vulnérables de notre société ou même les mobilisations de type « flashs tes lumières » pour soutenir les gens du milieu de la santé ne sont-ils pas de parfaits exemples de cette orientation de l’école ? Enfin, pour Qualifier ses élèves dans un monde changeant, l’école se doit de s’adapter et de leur montrer la panoplie de voies qui s’offrent à eux tout en favorisant la réussite scolaire et l’intégration sociale et professionnelle de tous.
Actuellement, on assiste à un juste retour du balancier pour des professions essentielles qui sont souvent boudées à tort comme les camionneurs ou les commis d’épicerie. Qui plus est, même les enfants et les adolescents en congé forcé ont, plus que jamais, leur place dans notre société d’adultes qui les met trop souvent de côté. Les adolescents sont mis à contribution en gardant les enfants de parents qui doivent aller travailler. Plusieurs enfants reprennent davantage contact avec leurs grands-parents en leur montrant à utiliser la technologie, en les appelant fréquemment ou en leur écrivant des lettres. Aurions-nous été en mesure de les intégrer autant à notre société entre deux devoirs, trois leçons et deux activités parascolaires dans un monde où tout va toujours trop vite ? Laissez-moi en douter !
N’oubliez donc pas qu’au-delà du savoir, il y a le savoir-être et le savoir-faire qui doivent être travaillés à l’école à travers le PFEQ. Ces deux derniers savoirs ne peuvent pas être acquis en travaillant dans un manuel d’activités. Ces savoirs sont aussi essentiels au développement des enfants que de réaliser des évaluations ou des exercices dans des cahiers scolaires. Bref, c’est une occasion en or pour les enfants d’apprendre autrement. Les incertitudes font partie du monde et de la vie et il faut les accueillir pour voir ce qu’elles ont à nous apprendre plutôt que les combattre ou les éviter à tout prix. Bref, comme j’aime le répéter aux enfants, il y a du positif dans toute situation et, pour le voir, il faut ouvrir son esprit, sortir de sa zone de confort et ne pas avoir peur du changement ! Et si le confinement avait au final plus de bienfaits que d’inconvénients sur les apprentissages des enfants ?
Sophie Jalbert