La pénurie de main-d’œuvre et la direction de Desjardins
Depuis un certain temps, la pénurie de main-d’œuvre est sur toutes les lèvres. Pour ma part, j’avais du mal à saisir l’acuité de cet enjeu. On a souvent vu au cours des dernières années des offres d’emplois à 15, 16 voir 18 $ dollars l’heure où les employeurs devaient recruter parmi des dizaines de candidats et candidates afin de combler les postes vacants.
Mais force est d’admettre qu’un révélateur explicite de cette réalité m’a happé en plein visage. En effet, un appel de candidature bat son plein présentement et le recrutement se termine le 13 décembre 2019, pour un poste à plus de 3 000 000 $ par an et un seul curriculum est sur la liste des candidats... Là, je m’incline, il y a une grave pénurie de main-d’œuvre c’est officiel...
Bien que ce poste fait normalement l’objet d’une élection plus ou moins démocratique puisque le dernier mandat a été octroyé dès le premier tour par une assemblée exceptionnelle où moins de 260 personnes sur les 4,3 millions de membres ont exercé leur droit de vote. Comme le dernier élu est le seul à se présenter pour l’instant, on pourrait croire que personne n’ose se mesurer à lui tellement il est compétent et apprécié des membres. Mais non, ce n’est pas du tout le cas. Au contraire, il pourrait facilement se faire battre selon moi.
Je m’explique ; les 4,3 millions de membres en question savent à quel point il a manqué à son devoir de plusieurs façons. À commencer pas son devoir de protéger les informations sensibles de ses membres, échec total puisque l’ensemble des membres ont vu leur identité pillé sous son mandat.
À l’instar de Madame Leroux il continue à réduire les ristournes qu’elle avait écorchées au début de son mandat à cause de la crise de 2008, mais malgré le retour d’imposants profits, aucun réajustement n’a eu lieu par la suite, en s’éloignant ainsi de l’esprit coopératif tel qu’imaginé par Alphonse Desjardins. Plus récemment, sous des prétextes évasifs, il a discrédité le fait que Capital Média soit une coopérative et que le risque d’y investir serait trop élevé... Pour le moins surprenant... De plus, lors du décès d’un des anciens présidents les plus respectés et des plus aimés, Claude Béland, à propos duquel Cormier s’est permis de dire «Il a certes été, à l’occasion, critique à l’égard de Desjardins, mais cela témoignait en même temps de son attachement profond envers cette institution coopérative». Journal de Montréal du 24 novembre 2019.
Pourtant des noms me viennent spontanément à l’esprit, comme Carlos Leitao qui reste campé au sein de l’opposition, lui qui disait vouloir redonner aux Québécois qui l’ont accueilli en lui permettant d’occuper de très hautes et très nobles fonctions. Monsieur Leitao redorerait davantage le blason libéral à titre de président de Desjardins et selon moi il ne ferait qu’une bouchée de Cormier. Nicolas Marceau autre ancien ministre des Finances du Québec, avec les compétences qu’il a et sa vision de l’économie québécoise serait aussi un excellent candidat capable de battre Cormier haut la main...
Moi qui connait à peu près personne de ce milieu très fermé, si je peux en trouver deux aussi facilement, me semble-t-il que certains spécialistes de la finance peuvent en voir plein d’autres... Mais peut-être qu’il me manque des informations pour comprendre pourquoi personne ne lui fait face ?
Serge Lemay
Cacouna