Victime d’âgisme
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À la suite de conférences auxquelles j’ai assistées, j’ai constaté que j’avais été victime d’âgisme (discrimination en raison de l’âge) lorsque je me suis présenté à l’élection municipale à Trois-Pistoles en vue de remplacer un conseiller décédé. Des personnes ont téléphoné à des électeurs du quartier pour leur demander de voter pour un jeune candidat en soutenant que j’étais trop vieux. C’est ce qu’on appelle de l’âgisme, une forme de maltraitance.
Pourquoi, un ainé, un retraité ne peut plus penser, travailler, donner son opinion? Pourquoi a-t-on aboli l’obligation de prendre sa retraite à 65 ans? Pourquoi infantiliser les ainés du troisième et quatrième âge (75 ans et plus)? Les conférences m’ont aussi révélé que les ainés étaient les personnes les plus impliquées dans le bénévolat, soit plus de 8 millions de proches aidants au Canada. Si on arrêtait le bénévolat, on assisterait à une importante crise économique.
J’ai appris que beaucoup d’entreprises font des efforts considérables pour garder les futurs retraités à leur emploi et les raisons mentionnées sont : ils sont plus autonomes, moins revendicateurs avec un taux d’absentéisme très bas; ils ont à cœur le travail bien fait et sont très fiers de travailler pour l’entreprise.
Beaucoup de municipalités encouragent l’achat local. Des enquêtes ont démontré que les ainés étaient les plus fidèles clients des commerces locaux. L’achat en ligne (nouveau fléau des commerçants) est presque nul chez les ainés. Municipalités, commerces, que faites-vous pour fidéliser vos meilleurs clients?
Presque tous les petits villages du Québec ont perdu leur caisse, leur station-service, leur épicerie, etc. Les personnes les plus lésées ont été les ainés. Avec la force du pouvoir gris, on aurait certainement pu faire plier nos coopératives financières qui ont pris racine dans les régions et villages du Québec. Quand on pense que Charles Lafortune, après avoir ameuté la population sur la saga Walmart, a pu faire changer d’idée une des plus puissantes multinationales au monde.
Mon article se veut un début de réflexion pour contrer la dévitalisation des régions en utilisant le pouvoir gris.
Quand vous ferez appel à un retraité ou à un ainé pour vous aider, ne lui dites pas : «Tu es retraité et tu n’as rien à faire». C’est insultant. Dites-lui plutôt : «Tu es très occupé depuis que tu es à la retraite, aurais-tu quelques minutes pour m’aider?»
Je ne suis pas amer à cause de ma défaite électorale, mais qu’il me soit permis d’ajouter qu’un conseil sans opposition n’est pas un gage d’une saine démocratie.
François Villeneuve, un jeune ainé qui manque de temps depuis qu’il a pris sa retraite.