Un plan de dépistage «plus massif» au Québec
Le gouvernement du Québec passe à la vitesse supérieure en matière de tests de dépistage à la COVID-19. Le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, a présenté vendredi un «plan agressif» avec un objectif de 14 000 tests par jour d'ici la fin de la semaine prochaine.
Québec adopte ainsi une nouvelle stratégie de dépistage à travers laquelle les «personnes symptomatiques de toutes les communautés» seront davantage priorisées et pourront obtenir un rendez-vous dans les 24 heures. La démarche est en lien direct avec le déconfinement progressif qui sera entamé partout en province, ces prochaines semaines.
En augmentant le nombre de tests, la santé publique espère avoir un meilleur portrait de la transmission communautaire à l'échelle provinciale. «Si on teste plus, on va trouver plus de cas et c'est ce qu'on souhaite. On veut trouver les cas positifs, enquêter, remonter la chaine de propagation et isoler», a prévenu le Dr Horacio Arruda.
Actuellement, le gouvernement dit réaliser environ 6000 tests quotidiennement (ce serait un peu moins, selon différents médias). Ce nombre fera plus que doubler dès la semaine prochaine avec un objectif de 14 000 tests par jour d'ici le vendredi 8 mai.
De ce nombre, 7000 sont destinés au milieu de la santé (patients hospitalisés, résidents des milieux de soins, personnel de la santé et les milieux de vie pour aînés); 6000, aux personnes symptomatiques dans la population en général et 1000 seront disponibles pour réagir rapidement à de nouvelles éclosions ou une situation particulière.
«On a les capacités pour le faire», a promis le médecin, soulignant que le gouvernement s'appuiera sur les laboratoires répartis dans l'ensemble de la province pour analyser les tests.
Le Dr Arruda a d'ailleurs mentionné qu'une offre de tests sera fixée par région, en fonction du profil épidémiologique de chacune d'entre elles, selon une allocation quotidienne d'analyses à effectuer. Les régions où l'on observe la plus haute densité de transmission communautaire recevront au départ un total de 80 % des analyses disponibles. «Le ratio sera calculé régulièrement», a-t-il promis.
Au Bas-Saint-Laurent, actuellement, en moyenne 75 tests sont effectués chaque jour. Ce nombre est maintenant appelé à changer, mais les détails n'ont pas encore été révélés.
C'est la deuxième fois que le gouvernement procède à un changement d'importance à sa stratégie de dépistage. Au début de la crise, ce sont les voyageurs de retour de l'étranger présentant des symptômes et leurs contacts étroits qui étaient testés prioritairement. Plus récemment, les tests étaient davantage effectués auprès des patients hospitalisés, des résidants de milieux de vie pour ainés et du personnel du réseau de la santé.
La Santé publique a aussi expliqué sa décision d'aller de l'avant avec un dépistage plus agressif, maintenant, en soulignant que l'enjeu de pénurie d'équipements (écouvillons et réactifs) est moins important qu'il l'a été ces dernières semaines. Le gouvernement aurait le matériel nécessaire à la réalisation des tests en quantité «suffisante». D'autres technologies pourraient également être utilisées.
Dès le 4 mai, toute personne qui a des symptômes s'apparentant à ceux de la COVID-19 devra appeler la ligne 1 877 644-4545, où on procédera à une évaluation de sa condition afin de lui octroyer un rendez-vous dans une clinique désignée de dépistage (CDD), s'il y a lieu, ou une clinique désignée d'évaluation (CDÉ). En fonction de l'allocation régionale, les CDD fourniront un nombre de plages disponibles dans les 24 heures pour un prélèvement.
Nouvelles priorités de dépistage :
Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, les priorités de diagnostic ont été revues, et sont désormais réparties par groupes, soit :
G1 : Les patients symptomatiques hospitalisés ou qui nécessitent des soins réguliers en milieux hospitaliers, notamment les patients hospitalisés symptomatiques (incluant les tests requis pour la levée d'isolement), les patients symptomatiques des unités d'hémodialyse, les patients symptomatiques à l'urgence dont l'état justifie une hospitalisation ou qui présentent des facteurs de risque de complications, les femmes enceintes symptomatiques au 3e trimestre et les personnes devant accompagner une femme à un accouchement, lorsque symptomatique à la fin de la grossesse;
G2 : Les professionnels de la santé symptomatiques en contact direct avec les patients, incluant les services ambulanciers, dont le retrait causerait un bris de service (incluant les tests requis pour les mesures de retour au travail);
G3 : Les usagers et le personnel dans des milieux d'hébergement tels que les CHSLD, les RPA et les RI-RTF, dès qu'un nouveau cas positif non isolé est identifié, à la sortie des usagers d'un centre hospitalier qui sont dirigés vers un milieu de vie comme un CHSLD, RPA, RI-RTF, les personnes symptomatiques habitant dans d'autres milieux à risque (ex : refuges pour itinérants, RI, etc.) et dans des milieux de vie hébergeant des personnes âgées (plus de 70 ans) sur recommandation du directeur régional de santé publique.
G4 : Les personnes symptomatiques de toutes les communautés (incluant les milieux en réouverture : écoles, milieux de garde, manufactures, mines, construction, etc.);
G5 : Les premiers répondants ou travailleurs du système de sécurité publique (ex. : policiers et pompiers, agents des services correctionnels) et autres travailleurs symptomatiques fournissant des services jugés critiques/essentiels;
G6 : Les contacts étroits des cas, symptomatiques ou asymptomatiques, selon les directives du directeur de santé publique et le dépistage dans des milieux spécifiques en fonction du déconfinement (écoles, milieu de travail, etc.), selon les directives du directeur de santé publique.
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