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Rapatriés du Maroc au Canada

durée 6 avril 2020 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Pour certains voyageurs partis à l’étranger avant la pandémie de la COVID-19, le retour au Canada s’est avéré un réel casse-tête qui s’est compliqué davantage lorsque le pays a annoncé la fermeture de ses frontières pour le 18 mars. Avec le soutien du gouvernement canadien, Mario Noël de Pohénégamook et sa conjointe, Martine L., ont pu être rapatriés du Maroc dans la nuit du 21 au 22 mars.

    En janvier dernier, le couple a atterri au Maroc, sans savoir que les cas de la COVID-19 observés en Chine allaient se transformer rapidement en pandémie mondiale. M. Noël et sa conjointe se décrivent comme des «full timers». Depuis leur retraite il y a six ans, ils voyagent à temps plein dans un véhicule récréatif. L’été, le couple installe sa roulotte près du lac Pohénégamook, et lorsque la saison froide arrive, habituellement en octobre, ils se dirigent vers les États-Unis et voyagent ensuite dans différents pays du monde. Cette année, leur port d’attache était la Floride.

    «On partait au début janvier, après les vacances de Noël pour éviter la cohue à l’aéroport et pour le prix des billets. On est arrivé au Maroc, à Casablanca, le 5 janvier pour y rester pendant trois mois.» Pendant leur voyage, ils se logent dans des appartements ou des maisons qu’ils louent en ligne. Le couple a visité les grandes villes du Maroc, Agadir, Marrakesh, Meknès, pour leurs monuments, l’architecture et s’imprégner de la vie locale. Lorsqu’ils sont arrivés à Fès, ils ont constaté que la situation évoluait rapidement.

     FERMETURE DES FRONTIÈRES

     Le Canada parlait de fermer ses frontières et l’aéroport de Casablanca n’entretenait plus de lien avec le Canada. Le choix qui s’imposait alors était de passer par l’Europe, mais pour Mario Noël, il n’en était pas question. Le 13 mars, la frontière du Maroc s’est fermée, impossible de sortir du pays. Sept jours plus tard, le Maroc a décrété le confinement complet de la population. Une seule sortie était autorisée par semaine, permis à l’appui pour aller faire l’épicerie. La barrière de la langue s’est alors imposée comme un important obstacle pour le couple de voyageurs.

     «Notre retour prévu le 31 mars devait se faire par Madrid, ç’a été carrément annulé. Aujourd’hui, c’est la pire place à passer. On se retrouvait devant rien. On n’avait pas de vol. Ce qui était problématique ou inquiétant, c’est qu’on ne pouvait rejoindre ni les compagnies d’aviation, ni les agences de voyage. On avait beau attendre pendant deux ou trois heures au téléphone avec des appels internationaux à Toronto, on se faisait raccrocher au nez. On n’avait plus de solution. On a pensé partir et s’installer à l’aéroport, ça n’avait pas d’allure», raconte M. Noël.

    Sur les réseaux sociaux, on les encourageait à passer par des grandes villes de l’Europe, la France, l’Allemagne, l’Angleterre pour revenir au Canada. «Cela nous inquiétait parce qu’on s’exposait aux gens dans les aéroports dans des régions où il y a beaucoup de cas (…) Il y a beaucoup de gens en panique qui ont acheté des billets à des prix faramineux. Ils ont monté de façon exponentielle, ça coutait trois ou quatre fois le prix d’un aller-retour lors d’un voyage ordinaire», ajoute Mario Noël.

    Devant l’absence de réponse et l’incertitude, il a adressé un message directement au député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Maxime Blanchette-Joncas. Son équipe  a fourni une réponse rapide, et a maintenu le contact par courriel tout au long des procédures de rapatriement. «Je pense qu’il ne faut pas, dans des affaires comme ça, céder à la panique, mais plutôt chercher la solution, ce que beaucoup de gens ont oublié», rappelle M. Noël.

     VOL DE RAPATRIEMENT

     Alors rendu à Salé, près de Rabat, le couple a pris la décision de se rapprocher de Casablanca, au cas où un vol se libèrerait. Une communication de l’ambassadrice du Canada au Maroc, Nell Stewart, reçue à minuit leur indiquait qu’un vol de rapatriement était disponible, avec un code d’inscription. Ils n’avaient que quelques minutes pour acheter les billets d’avion, au cout total de 2 646,88$ pour le retour seulement. «On était toujours dans l’incertitude malgré tout, parce que toutes nos démarches auparavant pour réserver des billets d’avion, contacter des compagnies, ça s’annulait au fur et à mesure.»

     Ils sont arrivés à l’aéroport de Casablanca avec quatre heures d’avance, et seulement une réservation en poche, sans confirmation de billet. «Certaines personnes ont eu la brillante idée de partager leur code de réservation sur les réseaux sociaux. Des gens qui n’avaient pas d’affaire à être sur cet avion ont pris des places, alors que ceux qui auraient dû être là n’ont pas pu embarquer», rapporte M. Noël. Le vol a été retardé d’une heure et demie. À leur arrivée à l’aéroport Pierre-Elliot-Trudeau, à Montréal, dans un avion rempli de 450 passagers, le personnel a donné beaucoup de consignes à l’effet que les voyageurs devaient s’isoler pendant 14 jours.

    Mario Noël et sa conjointe se trouvent présentement en quarantaine chez leur fille à Montréal et ils ne ressentent aucun symptôme de la COVID-19. Leur véhicule récréatif ainsi que leur voiture se trouvent toujours en Floride. «On s’est senti inquiet. Comme on est habitué de voyager, on a eu à vivre des changements de vols, des reports, des annulations. On n’a pas vu ça comme une montagne. On a préparé la prolongation de notre séjour là-bas. On avait un plan B et un plan C (…) Dans les situations comme celles-là, il faut s’entraider plutôt que de tirer la couverte juste de son bord. Sur les réseaux sociaux, on a aidé une dame et son mari diabétique qui allait manquer de médicaments. Nous étions sur le même vol».

     IMPLICATION DU DÉPUTÉ FÉDÉRAL

     Le contact entre Mario Noël et l’équipe du député fédéral Maxime Blanchette-Joncas a été constant, à la suite de son message sur les réseaux sociaux. La première étape a été de le localiser au Maroc et de faire les contacts avec Affaires mondiales Canada pour trouver un vol à cette destination.

     «Le 21 mars, nous avons eu la confirmation qu’un vol partirait de Casablanca (…) À chaque déplacement, on leur demandait de nous tenir informés. Leur VR se trouve en Floride, ils nous ont demandé pour aller aux États-Unis, mais les frontières allaient fermer. C’était aussi primordial de relayer les bonnes informations, avec les publications inexactes qu’on retrouve sur le Web», explique M. Blanchette-Joncas. Dès qu’un vol est disponible, les choses se déroulent rapidement et l’embarquement se fait au plus tard 24 heures après. Son équipe a ensuite appris que Mario Noël et sa conjointe avaient réussi à embarquer dans l’avion au Maroc.

    «On peut dire que c’est une belle histoire dans ce cas-ci. Plus d’une dizaine de citoyens de la circonscription ont été rapatriés depuis le début de la crise, et on maintient le contact avec une dizaine d’autres personnes (…) Plus le temps file, plus certains pays mettent des mesures de confinement drastiques et ça devient difficile d’obtenir des autorisations, de circuler dans des villes qui ont des couvre-feu, c’est une question de temps pour ramener ces gens au pays. Le gouvernement du Canada est au courant que des citoyens veulent être rapatriés et on travaille pour trouver des vols affrétés ou nolisés.»

     Des vols se sont organisés ou sont en voie de l’être notamment à El Salvador, en Équateur, au Guatemala, en Espagne, au Honduras, au Panama, au Pérou, en Tunisie, en Ukraine et au Maroc.

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