Un sursis pour les prêts hypothécaires en temps de crise
De nombreux travailleurs observent une baisse de leurs revenus parce qu’ils sont temporairement mis à pied en raison de la pandémie de COVID-19. Une pression s’exerce ainsi sur les finances des propriétaires qui doivent tout de même payer leurs prêts hypothécaires. D’autres profitent de la situation pour acheter ou renouveler leur hypothèque à des taux historiquement bas. Info Dimanche a contacté les représentants de trois institutions financières, Desjardins, la Banque de Montréal et la Banque nationale pour faire le point.
Les banques canadiennes se sont engagées à collaborer avec leurs clients, selon le principe du cas par cas, pour trouver des solutions qui les aideront à traverser ces moments plus difficiles. Il est recommandé dans les circonstances de contacter son conseiller financier ou hypothécaire pour discuter d’un sursis de paiement qui peut durer quelques mois. Depuis le début de la crise, la Banque du Canada a abaissé son taux directeur à 0,25%, question d’offrir un soutien à l’économie.
«Présentement, je me sens comme une psychologue des finances, les gens ont peur que leurs paiements ne passent pas parce qu’ils sont sur le chômage», commente Mélanie April, courtière hypothécaire chez Desjardins. Elle ajoute que la baisse des taux d’intérêts peut être vue positivement par certains investisseurs, mais la crise de la COVID-19 a certainement un impact sur les transactions.
Certains travailleurs ne se qualifient plus pour obtenir un prêt hypothécaire puisqu’ils ne peuvent pas offrir de garantie de revenus dans les circonstances actuelles. «Depuis le début de la crise, on a observé une baisse importante des taux hypothécaires pour des termes variables, la dernière fois que j’ai vu ça, c’était lors de la crise financière en 2008», ajoute Mme April. Elle dit recevoir de nombreux appels de citoyens qui désirent investir ou encore qui veulent renouveler leur hypothèque avant l’échéance, à taux fixe sur du long terme. Est-ce qu’il s’agit du bon moment pour agir ? «C’est du cas par cas, il faut calculer la pénalité encourue et vérifier si c’est une option rentable pour eux», ajoute Mélanie April.
Cette dernière ne remarque pas de ralentissement du côté des clients qui avaient déjà des projets d’investissement. «L’inconvénient présentement, c’est qu’il n’y a aucune visite d’immeuble de possible, sauf des visites virtuelles. Certaines offres d’achat sont déposées, conditionnellement à une visite plus tard», complète-t-elle. Mélanie April insiste : «tout le monde est sur pause, alors il ne faut pas paniquer, on va bien s’en sortir malgré tout».
Le son de cloche est le même du côté de la Banque de Montréal (BMO) et de la Banque nationale. Les deux institutions financières ont aussi mis en place des mesures afin d’assouplir les paiements des clients, puisqu’il s’agit d’une situation exceptionnelle. L’inquiétude des consommateurs est bien réelle.
«BMO a lancé un programme d’aide financière adapté aux circonstances et aux besoins de chacun, qui comprend, entre autres, le report des paiements sur les prêts, les hypothèques et le crédit, le renversement des frais pour les particuliers avec des frais imprévus. D’ailleurs, c’est plus de 213 000 personnes qui ont acheminé une demande à l’une des 6 banques canadiennes, selon l’Association des banquiers canadiens», a commenté la directrice des relations médias au Québec de la Banque de Montréal, Marie-Catherine Noël.
Le représentant de la Banque nationale contacté par Info Dimanche rappelle que la baisse du taux directeur de la Banque du Canada révèle un stress au niveau de l’économie. Selon lui, la situation n’est toutefois pas alarmante parce que le marché résidentiel à Rivière-du-Loup était solide avant la crise. Les hypothèques à taux variables baissent à court terme, alors que les hypothèques à taux fixes commencent à baisser elles aussi. Ceux qui avaient opté pour un taux variable l’ont vu dégringoler de 3,2 % à 2,2 % environ, alors que les taux fixes se trouvent toujours entre 2,5 et 2,7 %. «Tout dépend de sa tolérance au risque. Il vaut mieux regarder une moyenne sur cinq à dix ans pour faire son choix.»
Il rappelle d’ailleurs que la plupart des mises à pied sont temporaires et qu’avant la crise, la région était plutôt en manque de main-d’œuvre.
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