«Une bonne nouvelle, mais il ne faut pas baisser la garde»
Aucune moule zébrée retrouvée dans une quinzaine de plans d’eau du KRTB
Si la moule zébrée est bien implantée dans le lac Témiscouata, elle pourrait ne pas encore avoir atteint d’autres plans d’eau d’importance de la région. Un constat préliminaire encourageant, établi grâce à des inspections visuelles réalisées cet été, qui devrait être conforté par de prochaines analyses d’échantillons d’ADN environnemental.
Le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a confirmé cette semaine qu’aucune moule zébrée n’a été retrouvée lors des inspections visuelles menées ces dernières semaines dans différents lacs du Témiscouata, du KRTB et même de l’Est-du-Québec. Ces recherches ont été réalisées en apnée et ont été accompagnées d’un échantillonnage d’ADN qui feront l’objet d’analyses dans les semaines et mois à venir.
Au Témiscouata, selon le MELCCFP, les lacs visités sont le Grand lac Squatec, le Petit lac Squatec, le lac Long, le lac Beau, le lac Jerry, le lac des Aigles, le Petit lac Touladi, le Grand lac Touladi et le lac Pohénégamook.
Au KRTB, des plongées ont aussi été faites au lac Saint-Mathieu, au Petit lac Saint-Mathieu et au lac Saint-François. Même chose pour plusieurs autres plans d’eau de l’Est, dont le lac Matapédia, le Lac-au-Saumon, le lac Mitis et le lac Causapscal.
«C’est une bonne nouvelle, puisqu’on n’avait pas encore ces réponses-là. Maintenant, qu’aucune moule n’ait été vue, ça vient vraiment renforcer l’idée que ça vaut la peine de mettre de protéger nos autres lacs», confirme Anne Allard-Duchêne, directrice de l’Organisme de bassin versant du fleuve Saint-Jean.
«Ça ne veut pas dire que la moule n’est pas là du tout, ajoute-t-elle, prudente. Peut-être qu’elle n’a pas été vue, malgré tous les protocoles du ministère, mais c’est quand même un pas dans le bon sens.»
Il faut savoir qu’une contamination d’un lac par une espèce envahissante comme la moule zébrée ne peut être confirmée qu’à la suite d’une observation. Elle doit être vue, et en ce sens, les récents résultats sont très positifs.
Malgré tout, le ministère analysera des échantillons d’ADN récoltées afin de détecter des traces de l’espèce. Une démarche qui viendra renforcer les récents constats. Les organismes du bassin versant partenaires contribueront aussi à confirmer la situation actuelle, puisqu’ils ont installé des collecteurs destinés à la détection de la moule.
«Si les tests d’ADN reviennent négatifs, on saura avec certitude que la moule ne se trouve pas dans le lac», souligne Mme Allard-Duchêne.
«La nuance, c’est que même si l’échantillon sort positif, ce qui veut dire qu’il y a de l’ADN de moule, ça ne voudra pas dire forcément qu’elle est vivante. C’est un élément qui viendra toutefois orienter d’autres démarches. On poussera pour d’autres inventaires visuels et l’installation d’autres collecteurs pour vraiment aller chercher des réponses.»
Les collecteurs des organismes de bassins versants devraient être récoltés cet automne. Pour les tests d’ADN du ministère, il faudra patienter encore quelques mois. Ils seront communiqués au public, a-t-on assuré.
LA MRC PROACTIVE
À la MRC de Témiscouata, le préfet Serge Pelletier a lui aussi accueilli les récentes nouvelles partagées par le ministère avec soulagement et encouragement. Il reste néanmoins prudent pour la suite des choses et martèle l’importance de la prévention et du travail en amont.
Il ne s’agit d’ailleurs pas de paroles en l’air. La MRC et les Municipalités du Témiscouata ont été très proactives jusqu’ici afin de contrer la prolifération de l’espèce envahissante. Des bornes de lavage automatisées sont en cours d’installations dans plusieurs secteurs. Des guérites suivront dans les mois à venir. Tout devrait être fonctionnel et en opération au printemps prochain, grâce à des investissements totaux estimés à environ 2 M$.
«D’ici la fin de l’été, on devrait avoir 13 stations de lavage en opération, prêtes. Le printemps prochain, il en resterait deux [Saint-Pierre-Lamy et Témiscouata-sur-le-Lac] pour faire en sorte que l’ensemble du circuit soit complété.»
«Ça va très bien», ajoute-t-il.
L’élu espère que le gouvernement contribuera à la hauteur de 50 % de projet d’envergure. Une demande a été soumise en ce sens au Fonds bleu du ministère de l’Environnement. «C’est beaucoup d’argent. Ç’a un impact majeur sur les finances des Municipalités et de la MRC, d’où l’importance que le gouvernement nous donne une subvention pour absorber une partie de cette dépense-là. C’est extrêmement onéreux.»
Jusqu’ici, des discussions ont eu lieu avec des représentants du ministère et la députée Amélie Dionne. La MRC s’attendait à des réponses en juin, elle espère maintenant qu’elles viendront plus tôt que tard.
Quoi qu’il en soit, Serge Pelletier martèle qu’il faut travailler à la protection des lacs, une richesse inestimable pour le Témiscouata. «Il faut rester prudents, ne surtout pas baisser la garde et continuer à s’équipier pour bloquer l’arrivée des espèces exotiques envahissantes dans nos plans d’eau.»
«Il faut continuer à être vigilants», réitère aussi Anne Allard-Duchêne. Elle invite d’ailleurs les plaisanciers et riverains de la région à bien inspecter leurs embarcations et leurs quais lorsqu’ils les retireront de l’eau avant la saison hivernale. «C’est une façon de confirmer aussi la présence de la moule. S’ils ont des questions ou des doutes, ils peuvent communiquer avec nous.»