Les motoneigistes doivent être patients, mais restent positifs
Le début de l’année 2023 amènera-t-il un mercure régulier bien en dessous du point de congélation et de belles bordées de neige? Bien malin celui qui pourra le prédire avec certitude. Reste que c’est exactement le souhait des motoneigistes de la région qui n’attendent finalement qu’un peu d’aide de Dame Nature pour lancer les moteurs à plein régime sur une saison qu’ils espèrent aussi «plus normale».
Si plusieurs sentiers étaient ouverts sur l’ensemble du territoire, la semaine dernière, la situation s’est compliquée davantage au cours de la plus récente fin de semaine du jour de l’An. Les clubs de motoneige de la région s’entendent ainsi tous sur un souhait commun : un peu plus de neige. De manière générale, quelques pieds d’or blanc – combinés à des températures saisonnières constantes – assureraient des conditions de pistes plus intéressantes pour les amateurs locaux comme les visiteurs.
Il faut dire que les périodes de redoux des dernières semaines, en plus de la tempête de Noël, laquelle a fait tomber plusieurs arbres sur les sentiers du territoire, ont causé des maux de tête aux bénévoles responsables de l’entretien. Ceux-ci sont d’ailleurs à l’œuvre depuis un bon moment déjà pour installer la signalisation et le balisage.
«Nous avons encore beaucoup de déboisement à faire à certains endroits. C’est assez incroyable. Dans un espace de 200 pieds, plus de 30 arbres doivent être coupés. On a donc du travail à faire et ça nous ralentit un peu, mais l’objectif reste le même : offrir des sentiers de grande qualité», a partagé Réal Bérubé, président du Club de motoneige Les Pistolets, au sujet des cadeaux laissés par la tempête, la semaine dernière.
Au moment d’écrire ces lignes, le club venait d’annoncer l’ouverture de son relais et de certains sentiers. C’était avant la fin de semaine du jour de l’An, plutôt chaude au thermomètre. «Il manque cruellement de neige dans certains secteurs […] Plus de 30 centimètres de neige assez dense, pour qu’elle se compacte bien, ce serait vraiment l’idéal.»
Au club Les Aventuriers de Saint-Modeste, le président Onil Dupont regrettait lui aussi que la neige se faisait attendre à certains endroits. Il y a quelques jours, les secteurs plus au nord, vers Rivière-du-Loup, étaient plus difficiles.
Il ne cachait pas non plus que la pluie avait ralenti la préparation et le début de saison, mais il rappelait du même coup que ce n’était rien de nouveau à la période des Fêtes. «Je demeure confiant que tout va se mettre en place. Le membership est là, il nous manque un peu d’aide de la météo», avait-il dit.
Dans le secteur de Pohénégamook et Saint-Alexandre-de-Kamouraska, les Explorateurs du Mont Bleu se réjouissaient de leur côté d’une accessibilité à leurs sentiers depuis un bon moment déjà, mais la situation a vite changé. Le territoire n’a pas épargné par les récentes conditions météorologiques plus difficiles.
«Habituellement, quand il y a un peu de pluie, les précipitations de neige ne tardent pas. Actuellement, ça fait pitié […] La saison va être retardée, mais on espère qu’elle pourra s’étirer», a mentionné Michel Landry, membre du conseil d’administration, le 3 janvier.
POSITIF À VENIR
Malgré les défis et le travail à accomplir, les responsables des clubs abordent néanmoins les prochaines semaines avec positivisme. Ils demeurent convaincus que les choses vont rentrer dans l’ordre et que la saison pourra rapidement s’enclencher comme elle se doit.
Ils entrevoient d’ailleurs de belles choses pour cette saison de motoneige, la première des trois dernières années sans restriction sanitaires.
«J’ai confiance que ça va bien aller. J’ai l’impression que plusieurs passionnés vont rattraper le temps perdu […] On reçoit des appels, on sent que les gens ont hâte», a imagé Michel Landry des Explorateurs.
«On espère un retour à la normale. On va toujours demander aux gens de respecter les consignes de base et de se laver les mains, mais ça va faire du bien de retrouver un peu de normalité», a réagi Réal Bérubé des Pistolets.
Et croient-ils que le prix du carburant va influencer le choix des destinations des motoneigistes ?
«C’est officiel que ça va avoir un impact. Personnellement, je fais 5 à 6 000 kilomètres par saison. Je vais les faire quand même, mais le budget sera différent. Je crois que les gens vont rouler un peu moins longtemps, peut-être opter pour des voyages de 5 jours plutôt que 7 et aller un peu moins loin, par exemple», a analysé Michel Landry.
Un sentiment partagé par Onil Dupont et Réal Bérubé. «Les gens veulent se déplacer et je suis convaincu qu’ils seront présents, on a beaucoup de téléphones», a estimé le premier, rappelant que les machines d’aujourd’hui ne consomment pas comme celles d’une autre époque.
«J’ai aussi confiance qu’on va avoir une bonne saison. Le membership est bon. Les gens vont peut-être moins faire longue distance, et bien choisir leurs destinations, mais ils vont quand même réussir à profiter de la neige et motoneige», a complété M. Bérubé, soulignant que le cout du diesel augmentera aussi les investissements liés au surfaçage. Mais pas question de négliger l’entretien qui est fait, a-t-il assuré.
«On sait aussi très bien que les gens de l’ouest de la province et de l’Ontario aiment ça rouler le Bas-Saint-Laurent. Nous avons une marque de commerce, les sentiers sont bien entretenus et appréciés. Ils seront présents.»
Si Dame Nature donne un coup de main, les moteurs de motoneiges devraient ronronner aux quatre coins du territoire ces prochaines semaines. Une nouvelle qui plaira sans aucun doute aux hôteliers et commerçants de la région qui attendent avec impatience le début de la saison.
>> UNE «MOBILISATION EXTRAORDINAIRE»
Les passionnés de motoneige de la région gardent le moral, malgré les complications liées aux caprices de la météo. La Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ) note d’ailleurs une «mobilisation extraordinaire» des bénévoles qui souhaitent participer aux travaux nécessaires dans les sentiers du Bas-Saint-Laurent.
«Nous sommes chanceux dans la région. Je suis impressionné par la mobilisation et le nombre de bénévoles qui ont signé présents entre Noël et le jour de l’An pour faire équipe et effectuer différents travaux, dont le déboisement», a déclaré Jacques Deschênes, administrateur régional du Bas-Saint-Laurent pour la FCMQ.
«Nous sommes vraiment choyés au Bas-Saint-Laurent, il faut le souligner.»
Selon M. Deschênes, 80 % des sentiers québécois de motoneige présents en forêt ont été touchés par les forts vents du 23 décembre. À certains endroits, on retrouve aussi maintenant de l’eau dans les champs. Les conditions de randonnées ne sont donc pas réunies actuellement.
Malgré tout, le président refuse d’être pessimiste en ce début du mois janvier. «Ce ne sont pas des conditions favorables, idéales, mais ce n’est pas non plus inhabituel à cette période de l’année», a-t-il rappelé.
«La saison sera peut-être retardée, mais elle n’est pas compromise […] Nous ne sommes pas préoccupés.»
Jacques Deschênes ne cache toutefois pas qu’il espère du temps froid et quelques belles tempêtes le plus tôt possible. «Si on pouvait avoir une grosse tempête de 15 centimètres, quelques jours de temps froids, puis une autre belle accumulation, ce serait formidable», a-t-il imagé.
Chose certaine, plus le mois de janvier avancera, plus les amateurs – tout comme les gens d’affaires qui bénéficient de la motoneige au Bas-Saint-Laurent – taperont du pied avec impatience. La période de la mi-janvier à la mi-février est normalement très achalandée dans la région.
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