Projet Medway : une rencontre émotive à l’hôtel de ville
Le comité de démolition de la Ville de Rivière-du-Loup organisait une audition publique sur les nouveaux avis d’intention de démolition déposés par le Complexe Santé Rivière-du-Loup, une organisation liée au Groupe Medway, ce mercredi 3 aout. Une soirée chargée d’émotion, parfois même tendue, à laquelle se sont présentés plusieurs dizaines de citoyens interpelés et inquiets par la réalisation de l’éventuel projet de 9 étages.
Appelés à donner leur avis sur la démolition de l’immeuble à logements du 27-29, rue Saint-Louis, ainsi que sur le déménagement de la maison patrimoniale voisine du 31-33, deux nouvelles propriétés du Groupe Medway, une douzaine de citoyens de Rivière-du-Loup se sont présentés au micro.
Comme cela avait été le cas pour la demande de démolition du bâtiment de Poitras Meubles et Design, sis au 35, rue Saint-Louis, c’est plutôt pour se faire entendre sur le projet à venir – et le dénoncer – qu’ils étaient présents.
Au centre de leurs interventions : des arguments lancés maintenant à plusieurs reprises à l’endroit des élus et membres du comité de démolition, mais qu’ils répètent, estimant ne pas être réellement entendus. Il est question d’un manque de transparence et d’écoute, de la destruction de la richesse du centre-ville louperivois, de l’importance accordée aux promoteurs et de l’absence d’études indépendantes au sujet des effets potentiels de la construction, entre autres.
«Où sont les études d'impacts, d'intérêts publics? Comme citoyen, je m'attends, quand une décision d'importance doit être prise, pour un projet de cette envergure-là, à être informé. Je ne suis pas contre le projet, je veux m'assurer d'une décision éclairée pour laquelle on a regardé l'ensemble des répercussions pour les utilisateurs de toute la ville», a martelé le résident de la rue Saint-Louis, Michel Ouellet, qui a déposé une demande de moratoire, il y a quelques semaines.
Parmi les nouveaux arguments soulevés, le citoyen Pierre Landry, également propriétaire dans le secteur visé, a affirmé que le projet ne pouvait pas suivre son cours, puisque plusieurs éléments liés à la démolition, au déménagement de la maison et à l’intégration du nouveau bâtiment contrevenaient au Plan d’implantation et d’intégration architectural (PIIA) louperivois.
Il estime ainsi que le projet est «non-recevable» et que «le comité de démolition devrait d’ores et déjà statuer qu’il est non-recevable et fermer le dossier». «Est-ce que la Ville va faire respecter ses propres règlements ou va-t-elle favoriser un privé, un projet immobilier privé?»
Les membres du comité de démolition n’ont pas fait de cas de cette sortie particulière, rappelant simplement que les questions liées au PIIA allaient faire l’objet d’une procédure ultérieure avant l’octroi des permis de démolition. Réponse qu’a regretté M. Landry.
«Si tel est le cas, pourquoi ne pas arrêter le projet en amont pour que les citoyens puissent passer à autre chose!», a-t-il dit, soutenant que la procédure actuelle alimente une incompréhension et une colère chez les citoyens concernés.
ÉMOTION AU RENDEZ-VOUS
D’une durée de près de deux heures, la soirée a été marquée par des interventions structurées, mais aussi très émotives. Le crescendo d’une certaine tension, d’un inconfort, pouvait être ressenti pendant les interventions, notamment lorsque des citoyens ont interpellé personnellement des membres du comité de démolition, lorsqu’ils ont critiqué le non verbal de leurs interlocuteurs ou encore lorsqu’ils ont déploré ne pas se sentir écoutés, pris «devant un fait accompli».
«On est informés, sensibles au bien commun. On pose des questions, mais on dirait qu’on assiste à une simple procédure administrative et qu’on vient perdre notre temps […] Quelle place peut-on prendre?», a lancé, découragé, un résident de Rivière-du-Loup.
Le ton est aussi monté à un certain moment, lorsque l’homme d’affaires, Hervé «Ti-Père» Hodgson s’est présenté au micro pour appuyer le projet, seul de son camp à avoir effectué une sortie en ce sens.
Selon les règles de la soirée, les membres du comité de démolition ne devaient pas prendre la parole. Mario Bastille, présent en remplacement du conseiller Steeve Drapeau, a toutefois répondu à certaines interrogations ou commentaires avec son chapeau de maire durant la soirée.
Ses interventions ont pour la plupart été mal accueillies par le groupe de citoyens présents. Il a notamment fait réagir lorsqu’il a été questionné à savoir s’il serait confortable d’habiter sur la rue Saint-Louis présentement. «Honnêtement, ça ne me dérangerait pas», a-t-il répondu, soulevant de fortes réactions - et des rires - dans la salle.
Selon Pierre Landry, l’émotion entre maintenant en jeu, puisque les citoyens ont l’impression de parler à un mur. «La Ville ne les écoute pas et c’est là qu’est vraiment le drame […] Quand on entretient un climat comme ça, il y a des explosions et des choses qui se passent qui ne sont pas souhaitables dans une collectivité», a-t-il soutenu.
UNE STRUCTURE LÉGALE EN FORMATION
M. Landry, très impliqué dans ce dossier depuis quelques mois maintenant, a confirmé qu’une structure légale, une corporation, est en voie d’être formée par les citoyens inquiets.
«L'idée de l'organisme, c'est de se donner un statut légal eut égard à ce projet-là et eut égard aussi à la possibilité d'aller chercher des sous éventuellement», a-t-il expliqué, n’excluant pas que des recours légaux pourraient être entrepris dans ce dossier, notamment en lien au non-respect présumé de la règlementation en vigueur.
Le second objectif est de former un groupe de veille et d’aide aux citoyens concernant des projets ou décisions de l’administration municipale. Une annonce devrait être réalisée dans quelques semaines.
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