Deuxième partie de l'audience publique du BAPE
Un dragage nécessaire à encadrer à Rivière-du-Loup
Trois mémoires ont été déposés et présentés devant la Commission du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) concernant le dragage d’entretien au quai de Rivière-du-Loup. La deuxième partie de l’audience publique, qui se tenait le 19 juillet en soirée à l’Hôtel Universel de Rivière-du-Loup, a entendu Luce Balthazar du Conseil régional de l'environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL), Jean Bédard de la Société Duvetnor Ltée ainsi que Carl Thériault, conseiller municipal agissant comme citoyen.
Dans son mémoire, le CREBSL fait état de maintes préoccupations dont la principale touche la protection de la population des bélugas. Dans le document rédigé qui comporte 10 recommandations, 60 % d’entre elles concernent ce mammifère marin. Afin d’assurer la pérennité de l’espèce, l’organisme souhaite la mise à jour des données des impacts du dragage sur le béluga considéré comme menacé et en voie de disparition. Elle voudrait que cette future étude s’intéresse aussi aux effets toxiques et aux cumulations des contaminants dans la chaine alimentaire de cette baleine blanche.
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La directrice générale du CREBSL reconnait que les travaux pour enlever les sédiments sont essentiels pour la traverse afin de permettre au bateau d’accoster. Cependant, elle croit que le dragage devrait être plus encadré : «Il vaut mieux être trop proactifs que pas assez», a-t-elle mentionné devant les commissaires. Leurs recommandations évoquent, notamment, le report de la date de dragage au 1er octobre 2022 et qu’une nouvelle date soit statuée annuellement selonde la période de fréquentation des bélugas dans le secteur. L’organisme a écrit dans son mémoire qu’elle souhaite que les mesures d’atténuation soient des plus contraignantes possibles notamment en ce qui concerne les périodes de quiétude et la zone d’exclusion des travaux.
Mme Balthazar a ajouté que le Comité ZIP du Sud-de-l’Estuaire partageait les préoccupations et recommandations du CREBSL. N’ayant pas eu le temps d’écrire un mémoire, les membres ont envoyé une lettre d’appui au BAPE.
DES IMPACTS SOCIOÉCONOMIQUES
Dans son document, M. Bédard évoque les impacts socioéconomiques qu’ont les travaux de dragage sur la Société Duvetnor. Il souligne qu’avec l’interdiction de dragage en saison estivale mise en place par Pêches et Océans Canada en 2015, la marina n’a pas été draguée depuis 2016. «Repoussé en octobre, le dragage du quai, pour les besoins du traversier, monopolise désormais la totalité de la fenêtre autorisée soit du 20 septembre au 31 octobre laissant pour compte les besoins des croisiéristes et des plaisanciers», explique le directeur.
Le port est maintenant asséché six à sept heures par jour. Selon M. Bédard, il est impossible pour Duvetnor d’enlever les sédiments pendant les heures restantes pour la survie de leurs opérations. La flotte de six navires qui donne un accès aux îles perd annuellement entre 200 000 et 250 000 $ de revenus avec le dragage effectué au quai de Rivière-du-Loup. Il avance que le changement de date de la période de dragage n’apporte aucun gain puisque, d’après lui, les véritables raisons problématiques pour les bélugas sont les contaminants, les ressources alimentaires ainsi que la dégradation généralisée de l’écosystème estuarien.
Il a aussi soulevé la question de la quantité de sédiments dragués qui auraient énormément augmenté ces dernières années, conclusion avec laquelle il n’est pas d’accord.
Le conseiller Carl Thériault, présenté au micro comme citoyen, a aussi évoqué cet aspect. Il s’interroge sur la demande d’un nouveau décret décennal par la STQ, alors qu’elle évalue l’avenir de la traverse Rivière-du-Loup/Saint-Siméon.
Rappelons que la Société des traversiers du Québec (STQ) a demandé le renouvellement du décret concernant le dragage au quai de Rivière-du-Loup au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) pour une période de 10 ans.
Le rapport des commissaires Michel Germain et Marie-Eve Fortin sera remis au plus tard le 13 octobre au MELCC. Le ministère aura par la suite deux semaines pour rendre public le document. À la suite du BAPE, le conseil des ministres prendra la décision d’accepter le projet, de l’approuver avec des conditions ou de le refuser.
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